Lorsqu'il interroge les milliers de tessons retrouvés dans ses fouilles, l'archéologue espère obtenir principalement deux réponses :
- la première est la datation des vestiges archéologiques découverts
- la seconde est de le renseigner sur le contexte social et économique des hommes qui ont utilisé cette céramique à une époque déterminée.
Le premier outil pour mener à bien l'enquête est sa faculté d'observation.
Dans un premier temps il trie la céramique et la classe dans de grandes catégories : la terre sigillée, les céramiques fines et communes, les amphores... Chaque catégorie sera traitée à part et subdivisée en groupes et sous-groupes, en tenant compte de la pâte dans laquelle a été produite la céramique et selon un répertoire de formes, c'est-à-dire une typologie, existante ou à créer.
La catégorie de céramique, la pâte et la technique de fabrication concourrent à isoler des productions spécifiques que l'on identifie à des fabriques distinctes et qui constituent la base des classements nouveaux.
Le céramologue passera ensuite à la quantification de la céramique.
Ce travail fastidieux est devenu un outil indispensable permettant de prendre en compte la céramique dans sa globalité. Il aboutit à une évaluation quantitative des diverses catégories de céramique et du nombre de vases que les tessons représentent, il constitue un paramètre important pour la constitution des assemblages de céramique et pour la datation des niveaux, des structures et des ensembles archéologiques.
La quantification permet aussi d'aborder les questions posées par l'histoire économique telles que l'évolution du commerce, de l'approvisionnement, de la consommation, des habitudes alimentaires, du niveau social et de la fonction d'un site ou d'une région.
Les céramiques sont alors replacées dans leur contexte ou dans un horizon chronologique.
Les assemblages, c'est-à-dire les associations de céramiques permettent de fixer leur popularité relative à toutes les périodes et de les utiliser pour fixer des jalons chronologiques.
Dans chaque assemblage, le céramologue peut aussi observer la distribution des différentes catégories de céramique locales ou importées, leur proportion dans l'espace et dans le temps, et préciser la validité des horizons chronologiques.
Les fabriques
Les déterminations de fabriques consistent à étudier toutes les caractéristiques de l'argile dans laquelle la poterie a été faite, en associant tous les éléments constitutifs, soit la matrice, la pâte du vase, les inclusions, les couvertes et les conditions de cuisson.
Le terme de fabrique est utilisé parce qu'il renvoie aux méthodes d'observation qu'emploient les pétrographes pour décrire une roche. Dans cette perspective, il est surtout question de s'intéresser à la matrice et aux inclusions.
L'observation de la pâte et des inclusions peut se faire simplement à l'aide d'un binoculaire ou, dans les cas plus compliqués, à l'aide d'un microscope pétrographique.
Des fiches de description des fabriques synthétisent leurs caractéristiques. On y trouve des informations concernant la couleur, la dureté, la texture, le mode de fracture, les inclusions et le traitement de surface.
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La quantification
La reconnaissance des fabriques permet de prendre en compte le moindre de tesson de poterie, quant bien même son appartenance à une forme précise ne peut être assurée.
Les objectifs de la quantification sont nombreux: comparer l'importance relative des catégories de céramiques d'un site à l'autre, d'un niveau stratigraphique à un autre, d'une période chronologique à une autre, appréhender les assemblages céramiques dans leur globalité, d'une époque à une autre, traquer l'apparition d'une catégorie de céramique et sa disparition, notamment.
On distingue des méthodes de quantification relative et absolue.
Parmi les premières, s'inscrivent les plus simples: celle du comptage des tessons et du pesage. Le comptage et le pesage se font par catégorie au sein de chaque unité de fouilles.
Ces méthodes sont rapides et objectives mais ne manquent pas de faiblesse, notamment parce qu'elles ne tiennent pas vraiement compte du nombre de vases représentés, la fragmentation des vases et le poids des céramiques n'étant pas le même pour les vaisselles fines et communes.
Dans les méthodes de quantification absolue, on tente de retrouver le nombre de vases que représentent tous les tessons découverts.
On a souvent recours au comptage en nombre minimum d'individus (NMI) ou en équivalent vase (EVES). Dans les deux cas, le nombre exact de vases ne pouvant être déterminé avec certitude, on opte pour un système qui approche la réalité selon un seuil minimum ou un seuil maximum.
La première méthode consiste à prendre en compte les éléments ou l'un des éléments, les plus nombreux d'un vase, que l'on reconnaît facilement, comme le bord, le pied, l'anse, un décor, pour proposer un nombre minimum de vases ayant existé dans la couche archéologique ou sur le site.
La seconde méthode ne s'appuye que sur les bords de vases et leur diamètre. L'équivalent vase est atteint lorsqu'on dispose d'un nombre de tessons, ne pouvant naturellement être recollés, qui correspondent à ce diamètre.
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