Archéologie chrétienne

CRAN

L'axe de recherches en question concerne pour l'essentiel des sites tournaisiens. Le Centre a été amené par le passé à l'étude de plusieurs monuments chrétiens et de leur environnement, comme Saint-Brice (cimetière paroissial médiéval), Saint-Pierre (église) et plus récemment La Madeleine dans le cadre d'une étude préalable liée à la restauration de cette église abandonnée et le couvent des Dominicains, dont la surface est dévolue à des constructions et aménagements nouveaux. Ces interventions sont financées par la Direction de l'Archéologie de la Région wallonne.

La cathédrale Notre-Dame de Tournai

Le projet le plus significatif est lié à la mise en stabilité et à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Tournai et à ses abords. Les opérations de fouilles archéologiques, toujours en cours, s'inscrivent dans un répertoire très varié d'interventions, du point de vue de leur problématique au plan administratif, technique et scientifique.

Depuis 1996, sans parler des fouilles plus ponctuelles antérieures, des enquêtes multiples y ont été engagées avec l'aide de la Province du Hainaut et la Direction de l'Archéologie, qui prend à sa charge le financement des opérations de terrain.

Les abords de la cathédrale ont été le théâtre de projets d'aménagement, dont la Ville a porté l'initiative, visant à achever le programme de recréation des circulations piétonnes et automobiles, dans le coeur de la Cité, par des aménagements de sol nouveaux et plus attrayants. La surface considérable représentée par cette zone autorisait une exploration d'envergure permettant d'asseoir nos connaissances sur le patrimoine ancien de Tournai antérieur au XIIe siècle. Une réflexion similaire a concerné l'espace du " quadrilatère " ou " porte du cloître ", un emplacement exigu porteur de nombreux messages archéologiques, tant en ce qui concerne le sous-sol que les articulations architecturales des édifices anciens et récents appuyés contre la cathédrale romane. Une fouille de prévention prit place dans le cloître entre 1997 et 1999.

Depuis 1996, la cathédrale Notre-Dame de Tournai est elle-même l'objet d'enquêtes attentives visant ses fondations et son sous-sol, qui ont pour objectif de déterminer la manière dont ce monument prestigieux a été assis dans le sol et les raisons pour lesquelles il présente de graves défauts de stabilité. Ces études, dénommées " étude géotechnique " ou " étude de la stabilité du monument " consistent en carottages, en ouvertures du sol à grande profondeur dans des sondages blindés, et en dégagement des fondations de l'édifice aux endroits présentant des signes de perturbation. Le programme en question a été suivi au plan archéologique.

Enfin, dans le sillage de ces travaux qui affectent la cathédrale, un programme scientifique pluri-annuel a été mis en place. Dénommé " programme minimum de connaissance du site archéologique ", il vise à comprendre les grandes lignes des édifices chrétiens qui s'y sont succédés avant le XIIe siècle, l'emprise du groupe épiscopal ancien et les structures archéologiques les plus anciennes appartenant aux périodes mérovingienne et romaine. Pareille exploration est exceptionnelle en ce sens qu'elle ne peut avoir lieu que dans le cadre d'un grand projet de restauration de l'édifice actuel ; elle aidera à concevoir aussi quelques lignes directrices de cette restauration.

Les fouilles archéologiques ont produit des résultats de première importance. Outre l'observation de séquences architecturales ininterrompues entre la période romaine et le XIIe siècle, des indications précieuses ont été recueillies pour y reconnaître l'importance historique des lieux : établissement thermal du Bas-Empire, édifices paléo-chrétiens, cloîtres carolingiens et salle capitulaire d'époque romane. Faisant suite à une première basilique paléochrétienne, une grande église a été construite sur le site dès le début du Haut Moyen-Age. Par la suite, on assiste à des reconstructions multiples de cette église : un édifice carolingien, avec baptistère, un grand édifice avec chœur surélevé autour d'une crypte funéraire, au XIe siècle.

Le dossier archéologique ainsi rassemblé ouvre des perspectives diverses: notre connaissance du passé ancien de la ville au coeur de la Cité, des informations spectaculaires sur les premières constructions épiscopales, des éléments tangibles de réflexion en vue d'un aménagement promotionnel de ces sites.

Sélection bibliographique

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