Le Centre développe divers programmes de recherches céramologiques relatifs à la vaisselle de la période romaine aux Temps Modernes, issue de sites de production et de consommation, dans le nord-ouest européen. Les trois sphères de recherche sont les périodes gallo-romaine, carolingienne et le bas Moyen Age.
La collection de référence
Le Centre a constitué une collection de référence des céramiques (International Fabrics Reference Collection) qui sert de base à la caractérisation des assemblages céramiques mis à l'étude. Cette collection a été mise en oeuvre en coopération avec de nombreux organismes belges et étrangers. Une banque de données minéralogiques et géochimiques a été constituée dans le cadre du PAI 5/09, notamment en collaboration avec l'Unité de Géologie de l'UCL.
Dans cette perspective, le Centre a également comme objectif la finalisation et l'édition d'un dictionnaire des céramiques gallo-romaines en Gaule du nord.
Céramique gallo-romaine
Concernant la période antique, des fouilles et des prospections ont été organisées sur des sites de production en Argonne (Lorraine), à Avocourt et Vaucquois notamment (S.R.A.-D.R.A.C. Lorraine, Metz, France), et en Auvergne, à Lezoux. Le Centre de Recherches d'Archéologie Nationale est aussi partenaire dans une recherche sur les amphores conduite par l'Université de Besançon (GDR 1040 du CNRS).
Ces connaissances sont mises à profit dans des réseaux internationaux de recherche avec les principaux laboratoires européens d'archéométrie et de céramologie. Quelques thèmes spécifiques y sont développés tels la céramique et notamment les sigillées du Bas-Empire, les amphores, les céramiques engobées et métallescentes ou les céramiques communes.
La détermination de grands ensembles céramiques des agglomérations gallo-romaines de Tournai, Braives et Liberchies a servi de base au développement de nos connaissances sur les céramiques régionales et sur le commerce des céramiques importées en Gaule du nord.
Un projet d'archéologie interdisciplinaire est plus spécialement consacré à la céramique du Bas-Empire : il est conduit avec la Katholieke Universiteit te Leuven dans le cadre du Pôle d'Attraction Interuniversitaire n° 5/09 des S.P.P. (Politique scientifique fédérale).
D'autres travaux sont plus thématiques, comme l'étude des céramiques engobées et métallescentes par F. Vilvorder et A. Bocquet, la caractérisation et la détermination des argiles des céramiques communes, par S. Rekk.
Céramique carolingienne
La recherche systématique entamée au Centre de Recherches d'Archéologie Nationale de l'UCL en octobre 2001 porte sur la céramique carolingienne de la vallée de la Meuse moyenne, entre Namur et Maastricht (S. de Longueville).
Après avoir mis en place une méthodologie propre au matériel concerné (comptages, terminologie, description), la recherche a été menée sur trois fronts distincts et complémentaires, visant chacun un objectif précis et, combiné, menant à la définition des fabriques. Ainsi, l'approche technologique permet-elle rapidement de créer des groupes fondés sur la prise de conscience des intentions fonctionnelles, voire des résultats esthétiques recherchés par l'artisan. Cette classification est affinée ensuite par une étude pétrographique qui permet des réflexions sur les lieux de production, même si un seul atelier carolingien a, à ce jour, été découvert dans la région. Enfin, l'approche typologique éclaire, entre autres, sur les fonctions des céramiques, essentiellement domestique, culinaire et de stockage. Ainsi constate-t-on l'apparition, l'apogée ou la disparition progressive de certains types de récipients.
Les études en cours sur différents sites ruraux et urbains permettront de valider ou de nuancer les premiers constats et elles constitueront la banque de données nécessaire à la réalisation d'une étude de synthèse. Celle-ci mettra en exergue, outre les aspects technologiques précités, une chronologie affinée par la mise en phases des fabriques établies ainsi qu'une chronologie relative de leur production à leur abandon et, dans le meilleur des cas, quelques dates absolues grâce, entre autres, au recours aux monnaies, aux sources historiques et aux méthodes scientifiques (dendrochronologie). Cette étude a aussi pour objectif de faire la distinction entre d'une part d'éventuels faciès locaux ou régionaux et leurs imitations et d'autre part, les productions importées. Il s'agit en effet de les requalifier, en terme de provenance notamment et d'en estimer les proportions. Ce sera également l'occasion de concentrer les recherches sur l'organisation de la production, des réseaux de distribution, des marchés et leur évolution ainsi que sur le rôle du fleuve dans ce système. Enfin, le recueil des données mènera à déterminer les filiations culturelles avec les traditions germanique, saxonne et mérovingienne d'une part et les nouvelles modes en vigueur au XIIe siècle d'autre part.
Dans cette perspective, divers sites importants ont déjà fait l'objet d'approches détaillées, comme le Grognon à Namur et Huy, avec le soutien du Ministère de la Région wallonne, Direction de l'Archéologie.
Céramique médiévale et post-médiévale
Un projet de recherche sur la céramique médiévale est mené au Centre de Recherches d'Archéologie Nationale et consiste en l'étude de la céramique du Bas Moyen Âge dans le Tournaisis et le Comté de Hainaut (S. Challe). Cette recherche porte sur l'étude du matériel céramologique médiéval issu de sites urbains (Tournai, Binche), ainsi que de sites ruraux (sites fouillés lors des travaux du tracé occidental du TGV par le Service de l'archéologie en Région wallonne), un château (Boussu) et des sites de production (La Madeleine, Tournai). Cette recherche est soutenue par le Ministère de la Région wallonne, Direction de l'Archéologie et les services du Hainaut.
La méthode utilisée pour l'étude du matériel issu de ces fouilles consiste en une classification selon une démarche globale systématique tenant compte des aspects techniques (mode de cuisson et de traitement de surface en vigueur), pétrographiques (reconnaissance des pâtes permettant à terme la distinction entre différents ateliers) et typologiques. S'en suit une quantification en nombre de restes et en nombre d'individus nécessaire à l'étude comparative de plusieurs sites.
L'observation chronologique de l'apparition ou de la disparition de certaines techniques de façonnage ainsi que la présence/absence de certains types d'individus permettra d'établir une typo-chronologie circonstanciée du matériel du Tournaisis et du Comté de Hainaut.
La confrontation entre les résultats obtenus pour le secteur concerné et l'étude du matériel de sites scaldiens plus éloignés offre l'opportunité de mettre l'accent sur l'intensité des rapports commerciaux interrégionaux ainsi que sur l'importance du rôle joué par le fleuve et ses affluents pour le transport des marchandises.
Sélection bibliographique
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