Sula Karuhimbi

Pauvre et âgée, Sula a sauvé des dizaines de personnes pendant le génocide, avec sa seule force de caractère et sa compassion. 

Le courage ne se révèle pas toujours là où on l’attendait. Beaucoup de ceux qui combattirent le génocide et son idéologie au Rwanda le firent modestement et de manière isolée. C’est ainsi que de nombreux paysans ou simples villageois risquèrent leur vie pour aider ceux qui étaient voués à la mort. Sula Karuhimbi est de ces ordinaires qui réussirent l’extraordinaire. Qui aurait cru à son histoire si les personnes qu’elle a sauvées n’avaient pas survécu pour la raconter ?

Sula déclare être née en 1912 et avoir été âgée de 82 ans au moment du génocide, mais comme de nombreux Rwandais de son âge nés en l’absence d’un système d’état civil, il est difficile de connaître sa date réelle de naissance. Elle a toujours habité à Musamo, dans la commune de Ntongwe, dans la préfecture de Gitarama, au centre du Rwanda. Sula vivait seule au moment du génocide. Habitant tout près de la route, elle a l’habitude de loger des personnes qui recherchent du travail dans la région. Sula se nourrit en cultivant une petite parcelle de terre. Egalement connue sous le nom de « Mama Domitille », Domitille étant sa fille résidant à Kigali, elle est une guérisseuse qui maîtrise l’art de la médecine traditionnelle comme personne. Beaucoup viennent la visiter pour se soigner les reins ou des maladies de peau.

A la fin du mois d’avril 1994, le génocide commence à Ntongwe. Sula dit avoir vu des maisons de Tutsi brûlées, ainsi que des corps sans vie. « Depuis que je suis enfant, ils brûlent les biens des Tutsi et les chassent. Et aujourd’hui, ça recommence ! », raconte-t-elle. C’est alors que des Tutsi vont venir chercher refuge chez « Mama Domitille ». Des voisins, des jeunes filles, arrivent parmi les premiers. Sula les accueillera tous, même les inconnus.