Notre philosophie

Elle repose pour l’essentiel sur trois principes :

  • un statut fort accordé au terrain. Même dans le cas d’un travail sur archive, l’enquête en sciences sociales est le contraire d’une enquête en laboratoire : elle suppose de se déplacer – physiquement et mentalement –, de partir à la rencontre d’une réalité souvent inédite, de se laisser interroger par elle. Les acteurs présents dans les différents champs de recherche, auprès de qui sont extraites les données nécessaires à l’activité scientifique, sont d’abord et avant tout des sujets associés à la production de connaissances, avec les conséquences épistémologiques, politiques et éthiques qui en résultent ;
  • un souci de compréhension des logiques sociales à l’œuvre dans toutes les sociétés. En sciences sociales, la volonté de comprendre ne se départit pas d’autres approches, plus explicatives ou évaluatives. Mais elle donne à la recherche une orientation résolument ouverte, attentive à toutes les aires culturelles comme à toutes les temporalités, sans hiérarchiser arbitrairement les modes de vie ou les pratiques sociales. Placer la compréhension au fronton d’une démarche collective de recherche ne revient pas à exclure d’autres approches mais à considérer que les significations qui circulent dans l’extraordinaire diversité des sociétés humaines réclament prioritairement un effort de curiosité, d’attention, voire d’empathie. « Com-prendre » (« prendre avec soi »), comme préalable au travail par ailleurs indispensable de l’objectivation scientifique ;
  • un pluralisme des méthodes et des épistémologies. Enfin, loin d’y voir un obstacle, notre institut considère la pluralité comme une condition pour la recherche de haut niveau. Pluralité des méthodes d’abord : méthodes quantitatives, qualitatives, hybrides, travail sur archive ou à visée plus prospective, articulé le cas échéant à des enjeux normatifs… Pluralité des épistémologies ensuite : au-delà de l’héritage positiviste, dont on doit reconnaître à la fois la pertinence et les limites, de nombreux cadres épistémologiques traversent le champ des sciences sociales depuis des décennies. À travers eux, il importe de rappeler à quel point les critères de validité du savoir scientifique sont variables. Reconnaître cette variabilité, l’articuler à des méthodologies rigoureuses, en faire un levier pour une production de connaissances attentive aux contextes d’action : tels sont les éléments qui fondent notre conception du pluralisme.