Lors de notre prochain séminaire CEHEC, Hubert Roland viendra nous parler du sujet suivant: "Les images de l'Allemagne en Belgique 1830-1940: du principe de complémentarité des auto- et hétéroimages".
Un des principes de base de l’imagologie comparée porte sur la forte complémentarité des images de la culture de l’autre et de la sienne, qui se conditionnent mutuellement. En d’autres termes, le discours sur l’autre nous en apprend autant, et même davantage, sur nous-mêmes que sur celui-ci. Les images de l’Allemagne véhiculées en Belgique dès les années 1830 confirment pleinement cette théorie. Car dans l’affirmation forte du mythe de l’entre-deux, de la « fusion de romanisme et de germanisme », qui culminera à la fin du 19e siècle dans les textes d’Henri Pirenne et d’Edmond Picard, la construction identitaire belge se fonda en partie sur la culture et la civilisation allemande, nécessaire contrepoids à la puissante influence française.
Le traumatisme de l’invasion d’août 1914 tient donc aussi de la chute brutale et inattendue d’un modèle symbolique, que personne ne souhaitait. Comme le dit le protagoniste du premier roman d’Henry Bauchau, La déchirure (1966), à propos de l’incendie de Louvain : « L’incendie de Sainpierre modifie fondamentalement nos rapports avec eux. Avant cela, seulement nos ennemis, ils sont ensuite des barbares. Comme si nous nous étions toujours trompés sur eux, et peut-être aussi sur nous-mêmes » (cité d’après l’édition Labor du roman, collection « Espace Nord », 1986, p. 32).
Le présent exposé fera appel à l’abondante matière d’un volume collectif, rassemblant 16 articles de chercheurs belges (francophones et néerlandophones) et allemands, analysant cette thématique dans la durée (Deutschlandbilder in Belgien 1830-1940 ; éd. par H. Roland, M. Beyen & G. Draye, Münster, Waxmann, 2010). Il s’attardera plus particulièrement sur l’entre-deux-guerres et la redéfinition du rapport à l’Allemagne, entre la rupture de 1914-1918, l’avènement du national-socialisme et une certaine continuité avec les images d’avant 1914.
Hubert Roland est chercheur qualifié du Fonds National de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS) et chargé de cours en littérature allemande et comparée à l’UCL. Boursier de la Fondation Alexander von Humboldt/ Humboldt-Stiftung à la Philipps-Universität Marburg 1998-1999 et à la Wilhelms-Universität Münster 2009.
Principaux intérêts de recherche : le réalisme magique en Europe et les frontières du réalisme dans la littérature narrative du 20e siècle ; transferts culturels franco- et belgo-allemands au 19e et au 20e siècle ; avant-garde et guerre.
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