Séminaire 2011-2012

CEHEC

 

De septembre à décembre 2011, le CEHEC proposera un ensemble de 4 séminaires portant sur le thème « ingénieurs et relations internationales, 19ème – 20ème siècle ». L’accent sera mis sur le rôle des ingénieurs dans la création au jour le jour d’un tissu européen et international pratique, situé en-deçà ou en parallèle des grands accords politiques, quotidien et presque banal parce que tramé lentement et concrètement au fil des déplacements, des coopérations, des coproductions, des relations interpersonnelles… qui font la vie des entreprises, des grands corps d’Etat et de leurs dirigeants. Une Europe concrète, parallèle à celles des idées et des négociations politico-institutionnelles mais qui les croisent régulièrement.
L’historien rencontre l’ingénieur dans ses recherches sur la technologie, les entreprises… en Europe et dans le monde, sur la construction européenne sous ses divers aspects, sur la Belgique et la colonisation... Pourtant, l’ingénieur comme tel reste un acteur méconnu de l’histoire des relations internationales. Le programme traitera donc des ingénieurs belges, civils ou militaires, au service d’une entreprise ou de l’Etat… tels qu’ils se projettent dans les relations internationales, y compris coloniales, notamment au Congo. Le contexte international sera toujours être pris en compte par les contributeurs.
4 papiers seront proposés par les auteurs ci-dessous, selon les axes suivants, sur les sujets et aux dates ici mentionnés :

Belgique, tournant 1850 – début 20ème
11 octobre 2011, Luc Blanchart, CEHEC – GEOM / UCL : « la présence des ingénieurs belges dans le monde. Le cas des ingénieurs louvanistes à l’aube du XXe siècle »

Après une photographie de la présence des ingénieurs belges dans le monde, selon leur école d’origine, l’attrait différent de nos écoles d’ingénieurs sera abordé, avec leurs domaines d’activité. Ensuite, Luc Blanchart passera au cas particulier des écoles de Louvain au tournant de 1900. Après une mise au point de la situation de Louvain au tournant des XIXe/XXe siècles, il se posera les questions suivantes : quelle place pour l’international dans la formation des ingénieurs ? Un corps professoral sensible à l’international ? Quelles sont les préoccupations internationales des ingénieurs louvanistes à travers les activités du cercle Industriel, l’intérêt de l’UILv pour les questions internationales, une étude de la carrière internationale de ces ingénieurs ?

Belgique, 2ème moitié 20ème siècle
8 novembre 2011, Pascal Deloge, CEHEC – GEOM / UCL : "Les ingénieurs de la FN dans les relations internationales, 1945 - 1989. Etude d'un cas".

La FN est une grande société industrielle belge du bassin liégeois. Elle est aussi une entreprise de défense impliquée dans la guerre froide. Comment ses ingénieurs envisagent-ils le contexte international? Comment y contribuent-ils? Sur base d'une enquête très large à partir de laquelle un livre sortira cet automne, l'auteur proposera une relecture de son travail à la lumière de préoccupations nouvelles.

Congo, 2ème moitié 20ème siècle
29 novembre 2011, Etienne Deschamps, CEHEC – GEOM / UCL : « Acteurs ou témoins ? Du rôle de certains ingénieurs belges au cœur des relations entre l’Europe en construction et l’Afrique centrale »

Entre 1945 et 1960, la participation à un ensemble européen organisé pose à un pays tel que la Belgique des problèmes tout à fait particuliers compte tenu de ses responsabilités politiques ou économiques au Congo. Si l’objectif est bien de faire l’Europe, nul ne peut alors ignorer l’existence et l’importance de cette dimension africaine dans un contexte de guerre froide marqué, notamment, par une condamnation internationale de plus en plus forte des puissances coloniales. Faut-il associer ou intégrer les possessions ultramarines à cette Europe en formation ? Comment être à la fois en Europe et en-dehors de l’Europe ? A plusieurs reprises, qu’il s’agisse de l’application du plan Marshall, de la coopération franco-belge en Afrique centrale, de la préparation de l’Euratom ou de la négociation du régime d’association des pays et territoires d’outre-mer à la CEE, les industriels belges sont directement confrontés à la difficulté de défendre leurs intérêts au Congo tout en favorisant l’intégration économique en Europe. La technicité des enjeux offre aux patrons coloniaux, dont la plupart sont ingénieurs de formation, l’occasion de faire entendre leur voix et de se poser en interlocuteurs des pouvoirs politiques et administratifs. A travers l’examen de quelques cas concrets, il s’agira donc de définir les idées et la nature des projets de ces ingénieurs afin de mieux mesurer l’originalité et l’efficacité de leur action sur le plan national et international.

Congo, tournant 1850 – début 20ème siècle
20 décembre 2011, Jan Vandersmissen, CHST / ULg : « Science, économie et pouvoir: les ingénieurs et la construction de l'Etat indépendant du Congo »

On a peu publié sur les ingénieurs au Congo avant 1908. L’auteur abordera le thème dès le début, donc dans la période de l'exploration. A cette époque les ingénieurs étaient déjà concernés par la résolution des problèmes de transport (surtout la navigation - construction de bateaux pour Stanley aux chantiers d'Hoboken près d'Anvers), de construction d'une infrastructure de base (routes, maisons, ports, entrepôts, sanitariums, camps militaires) etc. Une très grande entreprise qui impliquera les équipes d'ingénieurs autour d'Albert Thys, Jean Jadot et Edouard Empain est évidemment la construction du chemin de fer dans le Bas-Congo. Après 1902, le groupe Empain a constitué la Compagnie des Chemins de Fer du Congo supérieur aux Grands Lacs africains. Ensuite viennent les contributions en agronomie (développement de plantations et implication des ingénieurs de Gembloux) et dans les mines (surtout au Katanga). C'est donc sur ces sujets que Jan Vandersmissen rassemblera des informations peu connues et développera ses idées. Il étudiera le thème en liaison avec la grande politique et les structures économiques et scientifiques en Belgique - la Cour, les milieux politiques et financiers, les banques et grandes entreprises (ex. Cockerill, Union Minière, etc.), les institutions scientifiques (les sociétés savantes, les universités, l'Ecole militaire, Gembloux, Ecole des Mines etc.).

 


Deuxième quadrimestre

14 février 2012, Thérèse Hebbelinck, L’Église catholique et ses relations avec le peuple juif d’hier à aujourd’hui : d’un «enseignement du mépris» à un «enseignement de l’estime»

En quelques décennies, l’enseignement officiel de l’Église catholique à l’égard du judaïsme est passé d’un « enseignement du mépris » – pour reprendre l’expression de l’historien français Jules Isaac – à un enseignement de l’estime. À travers notre intervention, nous souhaitons montrer l’évolution de l’Église catholique dans sa relation avec le peuple juif depuis les origines jusqu’à l’année 2000. Nous accorderons une place centrale au tournant que fut la déclaration conciliaire /Nostra Aetate n° 4/ (1965) ainsi qu’au nouveau regard porté par l’Église sur les juifs depuis Vatican II.

6 mars 2012, Christophe Bechet, L’importance stratégique du territoire belge jugée par les attachés militaires anglais en poste à Bruxelles (1891-1914)

En 1961-1962, Albert Duchesne publiait dans la Revue belge de Philologie et d’Histoire un article conséquent sur l’armée et la politique militaire belges de 1871 à 1920 jugées par les attachés militaires français à Bruxelles. A ce jour, aucun équivalent n’existe du côté anglais, ni du côté allemand d’ailleurs. Certes, la série de rapports militaires encore présents dans la correspondance de la légation britannique à Bruxelles est incomplète et moins riche que les nombreux rapports conservés aux archives de l’Armée de Terre à Vincennes ; il n’empêche, le nombre de documents existants demeure important et susceptible de livrer des informations de première main sur les relations militaires belgo-britanniques avant la Première Guerre mondiale. Notre intervention consistera à faire un état des lieux des documents conservés, de leur localisation et de ce qu’ils peuvent nous apprendre sur la perception britannique du territoire belge. A l’aide des recherches que nous avons réalisées dans le cadre de notre thèse sur les plans français et allemands dans leurs rapports avec la Belgique, nous élargirons nos réflexions sur les relations belgo-britanniques dans une perspective militaire européenne.

Christophe Bechet est licencié en Histoire et détenteur d’un diplôme d’études approfondies en Relations Internationales et Intégration Européenne de l’Université de Liège. Il est assistant en « Histoire de Belgique et de ses relations internationales » (Madame Catherine Lanneau) dans cette même université. Il travaille sur la Première Guerre mondiale, ses préliminaires et ses conséquences dans la société belge. Il déposera en décembre 2011 à Liège une thèse de doctorat intitulée : « Traverser la Belgique : plans de guerre, fortifications et chemins de fer stratégiques, de l’indépendance de la Belgique au Plan Schlieffen (1839-1905) ».

Publications les plus significatives :

- « La révision pacifiste des manuels scolaires. Les enjeux de la mémoire de la guerre 14-18 dans l’enseignement belge de l’Entre-deux-guerres », dans Cahier d’Histoire du Temps présent, n° 20, janvier 2009, Bruxelles, CEGES (Centre d’Etudes et de Documentation Guerre et Sociétés Contemporaines), p. 49-101. Article tiré de son mémoire de licence : Une Grande Guerre pour un petit pays. La vision de la guerre 14-18 dans l’enseignement primaire francophone (1918-1940).

- « L’importance stratégique des chemins de fer belges avant la Première Guerre mondiale. Un enjeu international », dans Actes du LVème Congrès de la Fédération des Cercles d’Archéologie et d’Histoire de Belgique – Namur 2008, p. 1089-1098

- « Les chemins de fer belgo-allemands et le camp d’Elsenborn (1887-1894). Prémisses de la traversée du territoire belge ? », dans Guerres mondiales et conflits contemporains. Belgique : Guerres en vue et vues de Guerres, n° 241 (2011/1), Paris, Presses Universitaires de France, 201, p. 13-31.

8 mai 2012, Paolo Tedeschi et Francesca Fauri, Présentation de leur livre: Novel Outlooks on the Marshall Plan: American Aid and European Re-Industrialization.

This book brings together a selection of original and predominantly archive-based studies on the local-level impact of the Marshall Plan, both on the industrial structure of a set of European countries and on American firms themselves. The book's uniqueness lies in the originality of the contributions, in many cases stemming from recently concluded long-term research projects. While historians have concentrated on analyzing the macro-economic effects of American economic aid, its impact on Western European industry has been largely neglected. This volume will fill this gap in Marshall Plan studies. Though the Marshall Plan did not change local development paths, and in fact probably could not have done so in regions such as Ireland or Southern Italy, it offered an opportunity for industrial renewal in regions and countries with a solid and long-established industrial base, such as Northern Italy and France.

Francesca Fauri is an assistant professor in the Faculty of Political Sciences at the University of Bologna at Forlì, where she teaches contemporary European economic history. She has extensively published on economic and business history issues. Her research interests and publications focus on the impact of the Marshall Plan in Italy, Italian industrial policies during the 1950s, and the economic history of European integration.

Paolo Tedeschi is an assistant professor at the University of Milan-Bicocca where he teaches economic history and European integration history. He is also chargé de cours visiteur at the Université catholique de Louvain-la-Neuve where he teaches economic history. His recent research topics and publications focus on the economic history of European integration, the economic history of Lombardy since the eighteenth century, the history of Lombard business organizations, and trade unions and friendly societies.