Séminaire 2009-2010

CEHEC

Programme du premier quadrimestre

En juin 2008, la Fondation internationale Triffin/Triffin International Foundation a lancé, en étroite collaboration avec le CEHEC et d’autres centres de recherche parmi lesquels le Centro Studi Federalismo de Turin, un programme de recherche intitulé «Générations et réseaux militants européens depuis le 19e siècle : individus, groupes et espaces» pour affiner la compréhension du phénomène du militantisme européen à travers l’espace et le temps.

Un premier numéro, de prochaine publication, des Documents de la Fondation internationale Triffin / International Triffin Foundation Documents rend compte des résultats de l’atelier qui rassembla en juin 2008 de jeunes chercheurs à Louvain-la-Neuve autour de la question des motifs qui poussèrent des fédéralistes belges, français, luxembourgeois, néerlandais et hongrois à défendre à la fois un idéal et les formes institutionnelles que celui-ci devrait épouser afin de donner corps à leur(s) vision(s) de l’intégration européenne.

Cet atelier a mis en évidence que le concept de génération, aujourd’hui souvent galvaudé, est essentiel, en dépit de son apparente banalité et de son imprécision, pour appréhender le processus de changement social et mesurer le temps historique. Pourtant, le concept ne peut être porteur que si l’on prend notamment en compte la formation des individus et leur cristallisation autour de réseaux qui demeurent vivaces à travers le temps et l’espace.

Pour mener une étude fructueuse du phénomène militant, il s’avère indispensable de dépasser la seule prise en compte des individus et de leurs classes d’âges. Pour expliquer, et donc pour comprendre l’apparition, le développement et le succès de courants politiques et idéologiques, il convient de détecter, au-delà des ruptures induites par les périodes de crise, les sensibilités partagées par plusieurs générations : sensibilités politiques (sociale-chrétienne, socialiste, communiste, libérale) ; économiques (keynésianisme, dirigisme/planisme, libéralisme en ce compris le néo et l’ultra) ; « idéologiques » (antiaméricanisme, antibolchevisme/anticommunisme, écologie, etc.).

Soucieux de porter plus avant la réflexion sur le contenu et la méthode, les partenaires du projet ont élaboré un programme 2009 qui s’articule en deux parties.

D’une part, les trois premières séances du séminaire mensuel du CEHEC durant l’année académique 2009-2010 fournissent l’occasion d’aller de l’avant dans l’examen de la thématique retenue grâce aux interventions de spécialistes.

Wolfram Kaiser (University of Porthsmouth / Collège d’Europe, Brugge) apporte une contribution pointue, « Christian Democracy and the origins of the European Union », sur la dimension transnationale d’un militantisme puisat ses origines et ses pratiques à la fois dans une tradition et dans un projet politique (4 octobre 2010).

Jean-Michel Guieu (UMR - IRICE, Paris I) insiste notamment dans son exposé, « L’européisme au secours de l’internationalisme ? Les projets européens de militants français pour la SDN dans l’entre-deux-guerres », sur l’importance de prendre en compte la spécificité nationale d’une approche dont l’essence même se veut internationale, non sans détecter le rôle joué par une période de crise dans la définition de l’espace géographique qui fait l’objet de l’engagement militant (3 novembre 2009).

Catherine Horel (UMR - IRICE, Paris I) présente l’évolution, dans le temps long, d’un État multinational qui connaît un éclatement, « Cette Europe que l’on dit centrale. Des Habsbourg à l’intégration européenne », dont l’onde de choc traverse ensuite près d’un siècle d’histoire européenne. Une onde de choc dont l’ampleur et la complexité invitent à s’interroger notamment sur la notion même d’un espace non seulement géographique mais aussi culturel (1er décembre 2009).

Albrecht Betz (RWTH-Aachen) expose les éléments de la controverse qui anima les cercles des émigrés allemands et autrichiens (30.000 environ) qui vivaient en France au début de la « drôle de guerre » au sujet de la nature de l’Allemagne d’après-guerre « Quelle Allemagne après la guerre? Une controverse entre exilés allemands dans l'immédiat avant-guerre (1939)».

D’autre part, un atelier inscrit dans le cadre du projet « Générations et réseaux militants européens depuis le 19e siècle : individus, groupes et espaces» se tiendra à Louvain-la-Neuve les 2 et 3 décembre 2009 sur le thème « Générations de fédéralistes européens depuis le 19e siècle : individus, groupes, espaces et réseaux ».

 Mercredi 7 octobre 2009, à 17h30 Wolfram Kaiser (University of Portsmouth / College of Europe, Brugge) : « Christian Democracy and the Origins of European Union ».

For a long time the historiography of the European Union was very state-centric. It also explained the origins of the ECSC and the EEC in the 1950s predominantly as the outcome of inter-state negotiations of "national interests". This paper will argue that transnational networks, esp. Christian democratic party cooperation, influenced the early stages of integration, esp. before its institutionalization. Based on conceptual insights from network research in political science, it demonstrates how the transnational networks of Christian democrats generated common guiding political ideas, set agendas for integration and coordinated government policy-making on "Europe", with a strong impact on core features of the ECSC/EEC such as sectoral integration, supranational features and the exclusion of the United Kingdom.

Wolfram Kaiser has been Professor of European Studies at the University of Portsmouth since 2000. He also teaches courses at the College of Europe in Bruges and the universities of Bonn and Trondheim. He has published widely esp. on the history of the present-day EU including (ed. with B. Leucht and M. Rasmussen), The History of the European Union. Origins of a trans- and supranational polity 1950-1972 (Routledge 09); (ed. with M. Gehler and B. Leucht), Netzwerke im europäischen Mehrebenensystem. Von 1945 bis zur Gegenwart (Böhlau 09); Christian Democracy and the Origins of European Union (CUP 07).

Mardi 3 novembre 2009, à 17h30 Jean-Michel Guieu (UMR IRICE, Université de Paris I): « L’européisme au secours de l’internationalisme ? Les projets européens des militants français pour la Société des Nations dans l’entre-deux-guerres ».

La Société des Nations a connu en son temps des apôtres dévoués qui ont consacré une grande partie de leur existence à la soutenir et à la défendre. Regroupés au sein d’associations pour la SdN, ils ont tenté de lui conquérir une opinion publique à ses débuts largement indifférente voire hostile. Si ces militants ont d’abord rêvé à une Société universelle des Nations, capable d’écarter le retour à la guerre par la force du droit, ils ont dû cependant prendre rapidement conscience de la difficulté de maintenir la paix sur le vieux continent par le seul recours aux solutions universelles. Le projet d’une entente européenne s’est donc imposé à bon nombre d’entre eux, bien avant la célèbre proposition faite, en septembre 1929, par le ministre français des Affaires étrangères, Aristide Briand, de créer entre les peuples européens « une sorte de lien fédéral » dans le cadre et dans l’esprit de la Société des Nations. Le mouvement français pour la SdN a ainsi constitué un creuset méconnu de l’idée européenne dans la France de l’entre-deux-guerres, même s’il a peiné à résoudre la difficile contradiction entre l’espoir d’un regroupement européen et le risque d’affaiblissement d’une Société des Nations déjà très européanisée.

Jean-Michel Guieu est maître de conférences en histoire contemporaine des relations internationales à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’UMR « IRICE » (Paris-1/Paris-4/CNRS). Ses thèmes de recherche portent principalement l’histoire du militantisme pour la paix et pour l’unité européenne dans la première moitié du XXe siècle. Il a récemment publié Le Rameau et le Glaive. Les militants français pour la Société des Nations (Presses de Sciences-Po, 2008). En mai 2008, il a co-dirigé un colloque international sur « Le ‘Congrès de L’Europe’ à La Haye (1948-2008) » dont les actes sont en cours de publication chez Peter Lang.

Mardi 1er décembre 2009, à 17h !, 

Albrecht Betz (RWTH-Aachen) "Quelle Allemagne après la guerre? Une controverse entre exilés allemands dans l'immédiate avant-guerre (1939)".

Pour la plupart des émigrés allemands et autrichiens qui vivaient en France (30.000 environ), l'atmosphère fébrile de cet été 1939 était ressentie comme une menace directe. Les angoisses et les dépressions des émigrés croissaient proportionnellement aux réactions hystériques du pays d'accueil. Depuis l'échec du Front populaire, la presse française de droite donnait incontestablement le ton et attisait la xénophobie et la crainte de l'espionnage. Pour satisfaire les émigres, on expulsa bien le chargé d'affaires aux relations franco-allemandes de Ribbentrop, le futur ambassadeur de la période d'occupation, Otto Abetz, sous le prétexte qu'il était le chef d'une « cinquième colonne ». Cependant, l'opinion publique commençait a ne plus faire de distinction entre nazis et antifascistes et mettait dans le même sac ceux qu'elle considérait comme des ennemis allemands. Otto Abetz, Friedrich Sieburg et autres allemands « médiateurs » entre l'Allemagne et la France étaient déjà, pendant les années trente, des habitués du Salon Didier, considérant Bruxelles comme station de relais entre Berlin et Paris.

Le Professeur Albrecht Betz enseigne la littérature allemande à la RWTH-Aachen (Université d’Aix-la-Chapelle) et est actuellement professeur invité à l’UCL. Il est notamment spécialiste de Heinrich Heine, des rapports entre musique et littérature, esthétique et politique (Hanns Eisler) et de la littérature de l’exil allemand antifasciste en France 1933-1945. Certains de ses ouvrages ont été traduits dans six langues. Choix de publications représentatives : Heinrich Heines Prosa (Munich, C. Hanser, 1971 – édition revue et élargie en 1999) ; Musique et politique : Hanns Eisler. La musique d’un monde en gestation, Paris, le Sycomore, 1982 ; Exil et engagement : les intellectuels allemands et la France, 1930-1940, Paris, Gallimard, 1991. Projet de recherche actuel sur les réseaux des intellectuels et de la collaboration en France, et leurs ramifications en Belgique francophone. Cf. Les intellectuels et l’occupation 1940-1944. Collaborer, partir, résister ; éd. Par A. Betz & S. Martens, Paris, Ed. Autrement, 2004.

Catherine Horel (UMR 8138, IRICE, Université de Paris I) : « Cette Europe qu'on dit centrale. Des Habsbourg à l'intégration européenne ».

Au lendemain de l’adhésion des pays d’Europe centrale à l’Union européenne, il est légitime de réfléchir sur la place de cet espace au sein du continent européen. À l’heure où se pose la question des frontières et des limites de l’ambition d’une Europe unie, l’Europe centrale se trouve une fois de plus placée dans une situation périphérique. Les pays concernés répugnent le plus souvent à cette appellation dans laquelle ils voient une mise à l’écart de l’Occident. Les frontières de cet espace du centre sont elles aussi mouvantes. Nos perceptions actuelles sont indéniablement marquées par la Guerre froide, qui a fait disparaître l’Europe centrale du paysage européen, alors qu’elle était bien présente dans l’entre-deux-guerres, notamment du point de vue français. Certains auteurs partent d’ailleurs du principe que seules l’Europe occidentale et l’Europe orientale existent. Le centre a été une fois de plus relégué dans une périphérie globalisée par le terme d’ « Europe de l’Est », alors que ses pays se voulaient au contraire proches de l’Ouest. Malgré les aspirations occidentales de ses sociétés, l’histoire de la région et son appartenance à l’ « empire du milieu » version européenne, en font un espace intermédiaire entre deux puissances sinon menaçantes du moins potentiellement dangereuses – quelque aient pu être leurs régimes politiques – que sont l’Allemagne et la Russie.

Désormais intégrée dans l’Union européenne, l’Europe centrale est-elle destinée à demeurer une réalité pour ses seuls intellectuels et les historiens qui en on fait leur objet d’étude, de même que pour les touristes ? Ce qui reste de l’Europe centrale après l’élargissement de 1989 serait donc un univers mental fait de la conscience de ses nations d’être mortelles et une entité où la culture joue un rôle surévalué. L’Europe centrale a pourtant la prétention de devenir « normale » ainsi que l’on affirmé ses dirigeants au moment de l’adhésion de 2004, c’est-à-dire de s’inscrire dans une durée longue caractéristique des grandes nations occidentales. Mais malgré cette nouvelle conscience de soi dont ses nations désormais intégrées dans un système de sécurité et, il faut l’espérer, de prospérité, jouissent, l’Europe centrale ne peut se défaire de son histoire et de ses repères à jamais communs. L’Europe centrale reste donc à la fois une région inscrite dans les mentalités et les souvenirs, un monde de cultures et de sensibilités différent, et à ce titre un espace à part entière de l’Europe qu’elle doit contribuer à enrichir en lui rappelant sans cesse par sa présence à ne pas oublier son passé.

Catherine Horel, directrice de recherche au CNRS (IRICE, Université de Paris I) est spécialiste de l’Europe centrale contemporaine. Membre de plusieurs organisations et équipes de recherche internationales, elle a enseigné à Strasbourg III (Centre d’études germaniques), à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve (Institut d’études européennes), à l’Université de Vienne ainsi qu’à Paris I. Elle est l’auteur entre autres de : Histoire de Budapest, Paris, Fayard, 1999 ; La restitution des biens juifs et le renouveau juif en Europe centrale (Hongrie, Slovaquie, République Tchèque), Wiener Osteuropa Studien, Peter Lang, Berne, 2002 ; De l’exotisme à la modernité. Un siècle de voyage français en Hongrie (1818-1910), Budapest, ELTE (Új és Jelenkori Egyetemes Történeti Tanszék), 2004.


Programme du second quadrimestre

Le CEHEC entend tirer profit du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo belge, le 30 juin 1960, pour revisiter les années qui se situent en amont et en aval de l’événement. Au cours du premier semestre 2010, quatre séminaires seront ainsi consacrés à l’histoire de la colonisation belge en Afrique centrale et à la transition du Congo vers un régime indépendant. Le cycle débutera en février 2010 avec une intervention du Prof. Mathieu Zana Etambala, de la Katholieke Universiteit Leuven. Il présentera un panorama des conditions dans lesquelles, à la fin des années cinquante, les populations congolaises ont réclamé et obtenu leur indépendance. Il mettra tout particulièrement l’accent sur le rôle joué par les missions catholiques belges face à la montée en puissance du mouvement politico-religieux kimbanguiste. Un mois plus tard, Jean-Luc Vellut, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain, mettra en questionnement les résultats de l’historiographie coloniale en plaçant dans une perspective historique et économique l’action du roi Léopold II. Remontant à l’époque précoloniale, il situera le projet léopoldien dans le contexte plus général de l’Afrique centrale du XIXe siècle afin de dépasser l’analyse souvent européocentrée de la fondation de l’État indépendant du Congo (EIC). À la fin du mois de mars, Jean-Louis Moreau, historien indépendant actif au sein de l’Association pour la valorisation des archives d’entreprises, rendra compte des différentes stratégies mises en place par les sociétés privées pour faire face à l’indépendance congolaise et maintenir leurs activités commerciales entre la métropole et son ancienne colonie. Enfin, en mai c’est le Prof. John Kent, de la London School of Economics, qui concentrera son attention sur le rôle joué par les Nations unies pour rétablir, dans le contexte politique de la guerre froide, l’unité du Congo après son accession à l’indépendance.  
La réflexion entamée lors du séminaire du CEHEC se poursuivra lors du colloque international qui se tiendra à Louvain-la-Neuve les 21 et 22 juin prochain sur le thème : « Du Congo belge à la République du Congo (1955-1965). Le passage de la décolonisation aux réalisations postcoloniales ».

Mardi 9 février 2010, à 17h30: Mathieu Zana Etambala (KULeuven): « À propos d'une statue colon. Le président Joseph Kasa-Vubu (1960-1965): Roi des Bakongo ou Roi du Congo ? »

Le Prof. Zana Etambala est l’auteur du livre La décolonisation du Congo belge et la fondation de l'Église kimbanguiste (1955-1960) qui paraîtra prochainement à Paris aux éditions L'Harmattan. Il a précédemment publiéCongo 55/65 : van koning Boudewijn tot president Mobutu (1999) et De teloorgang van een modelkolonie : Belgisch Congo (1958-1960) (2008).

Mardi 2 mars 2010, à 17h30: Jean-Luc Vellut (professeur émérite UCL): « Dimensions locales et extérieures en histoire coloniale : du Congo léopoldien au Congo belge, synergies et ruptures afro-européennes »

Au cours de la période coloniale, l’histoire de l’Afrique centrale des XIXe et XXe siècles fut généralement conçue à partir de scénarios centrés sur quelques personnalités européennes hors du commun : quelle que soit l’aura ou éventuellement l’opprobre qui entoure ces visionnaires, ce sont des dynamiques européennes qui sont mises en exergue. Dans cette perspective l’ombre de Léopold II s’étend sur la région et sur la période, héros fondateur à la fois incompris dans son pays et entièrement étranger à une partie de l’Afrique où ce grand voyageur ne mit jamais les pieds.

Grâce à d’importants nouveaux travaux, cette vision de l’homme seul est désormais nuancée. Léopold II apparaît certes toujours comme le véritable « inventeur » du Congo, mais on retient désormais plus clairement l’imbrication de ses projets impériaux au service d’un ordre social et politique à consolider en Belgique. C’est encore le contexte dans lequel le roi opérait qui est mis en lumière à partir de son insertion étroite dans le « mouvement géographique » de son temps. Léopold prend désormais place parmi une pléiade de géographes, d’économistes, d’hommes d’affaires, qui cherchaient à redéfinir l’économie mondiale autour de quelques pôles émergents dans l’Occident industrialisé.

Il importe de poursuivre ce travail de mise en perspective en situant le projet léopoldien dans le contexte de l’histoire de l’Afrique centrale du temps et en sortant des limites d’une histoire eurocentrée. Le concept d’une « Afrique prémoderne » est essentiel pour comprendre les cooptations et alliances africaines qui permirent à l’Empire léopoldien de prendre racine au cours d’une période de transition qui en fit un empire du Middle Ground avant que ne pointe l’âge des refondations coloniales sous contrôle européen. Á la différence de la période léopoldienne, l’annexion du Congo par la Belgique annonça en effet une période de consolidation systématique des fondements capitalistes de l’économie coloniale, coexistant tant bien que mal avec une vision agrarienne de la société africaine future. Dans le même temps, la survie de stratégies africaines autonomes annonçait l’émergence d’une Afrique moderne. En conclusion, quelles sont les sources disponibles pour une histoire coloniale revisitée ?

Mercredi 31 mars 2010, à 17h30: Jean-Louis Moreau: Variations stratégiques de certaines sociétés ex-coloniales après 1960 

On considère traditionnellement que le Congo colonial reposait sur trois piliers: l'administration, le clergé, les entreprises. Comment ce dernier secteur s'est-il comporté à la veille et surtout au lendemain de l'indépendance? Les opinions étaient partagées sur la viabilité du Congo et sur l'évaluation des risques que représentait un affranchissement accompli dans la précipitation. Certains refusèrent d'emblée d'investir le moindre franc supplémentaire au Congo, s'efforçant au contraire d'aspirer vers la Métropole ce qui pouvait être "sauvé". D'où, la transformation accélérée de la plupart des entreprises congolaises en sociétés de droit belge. On envisagea d'ailleurs, mais sans mettre le projet à exécution, de liquider certaines affaires: on y renonça pour assurer un avenir à leur personnel.

Beaucoup de sociétés ex-congolaises entreprirent par contre - mais sans grand succès - de se reconvertir dans des activités nouvelles, en Belgique ou à l'étranger. On évoquera donc le cloisonnement entre actifs congolais et européens, les essais malheureux de diversifications, la nationalisation de nombreuses entreprises et la survie au Congo de quelques types d'activité (banque, bureaux d'études...).

Jean-Louis Moreau, né le 31 octobre 1960 à Paris, marié, 4 enfants, est licencié en histoire (Université Catholique de Louvain, 1982).
Historien spécialisé dans le traitement des archives et l'histoire d'entreprises.
Collaborateur régulier de l'Association pour la Valorisation des Archives d'Entreprises pour ce qui regarde le traitement d'archives historiques d'entreprises. C'est dans ce cadre qu'il a participé au sauvetage et au traitement des archives des groupes et sociétés suivants : Tractionel, Electrobel, Umicore, Société Générale de Belgique, Finoutremer, Banque d'Outremer, Banque belge pour l'Étranger, Sybetra, Sofina, AG (assurances), CBR, BNP-Paribas Fortis (CGER, SNCI, Société Générale de Banque), Electrabel.
Jean-Louis Moreau est aussi coauteur avec René Brion d'ouvrages historiques sur des entreprises (Tractebel, Société Générale de Belgique, Fortis AG, Umicore, Fabricom), sur des secteurs d'activité (la banque en Occident), sur des groupements professionnels (Agoria, la FEB), sur les finances publiques (histoire des billets de banque, histoire de la Banque nationale).
Activités en cours : historique de la Banque Degroof ; mise en valeur des archives du groupe Fortis ; traitement des archives de l'ancienne Société Générale de Belgique; ouvrage collectif sur le Katanga, sous la direction du cinéaste Thierry Michel.

Mardi 4 mai 2010, à 17h30: John Kent: America, the UN and Decolonisation. Cold War Conflict in the Congo (1959-1964)

The seminar will give the opportunity to examine the role of the UN in conflict resolution in Africa in the 1960s and its relation to the Cold War. Focusing on the Congo, it will be tried to show how the preservation of the existing economic and social order in the Congo was a key element in the decolonisation process and the fighting of the Cold War. It links the international aspects of British, Belgian, Angolan and Central African Federation involvement with the roles of the US and UN in order to understand how supplies to and profits from the Congo were producing growing African problems. This large Central African country played a vital, if not fully understood role, in the Cold War and proved to be a fascinating example of complex African problems of decolonisation interacting with international forces, in ways that revealed a great deal about the problems inherent in colonialism and its end.

The lecture will cover four neglected areas in decolonisation in general and in the Congo in particular :
1.  The economic arrangements made by the Belgian government pre-independence and the role of European capitalists, particularly Tanganyika Concessions and the UMHK in the arrangements for the distribution of future profits in the independent State which were threatened by the failure to prevent Lumumba becoming Prime Minister
2. The reasons for the agreement by virtually all interested parties on the need to eliminate Lumumba
3. The role of the UN in allying closely with the US and the issues on which the US and UN did not always agree even though the State Department drafted key UN papers including the final UN plan
4. The strange way in which secession ended almost by chance with important roles played by on the spot low level officials sometimes under the influence of alcohol.

John KENT, M.A., Ph.D. (Aberdeen)

Taught at the Universities of Aberdeen and Strathclyde and the Institute of Commonwealth Studies. Been at the London School of Economics since 1987
                                               
Present position

Reader in International Relations, London School of Economics and Political Science (LSE)

Chair of Centre for International Studies, London School of Economics and Political Science (LSE)

Editorial Board Cold War History

Joint Editor of CIS series with Routledge



Published Books

The Internationalization of Colonialism: Britain, France and Black Africa, 1939-1956 (OUP, 1992) pp xi+365.

British Imperial Strategy and the Origins of the Cold War, 1944-1949 (Leicester University Press, 1993) pp viii+224.

British Documents on the End of Empire, Series B, Volume 4, (ed) Egypt and the Defence of the Middle East, 1945-1956

           Part 1 1945-1949 pp cx+386

           Part 2 1949-1953 pp xxii+594

           Part 3 1953-1956 pp xxxv+590

(Stationary Office,1998)

with John Young International Relations since 1945:A Global History (OUP January 2004) pp xx, 743.



Forthcoming 2010: America, the UN and Decolonisation: Cold War Conflict in the Congo 1959-1964



Numerous articles on French and British West Africa, Egypt and the Middle East and British foreign and colonial policy in the early Cold War and  US policy to Black Africa

Journée annuelle du CEHEC le mardi 6 juillet 2010