Éric Bussière (université de Paris IV - Sorbonne) sera l'invité du prochain séminaire du CEHEC le mardi 3 février 2009 à 17h30.
La mondialisation est devenue un thème de réflexion pour les analystes depuis les années 1980, époque où s’épanouit l’ouverture des économies dans un contexte lié au phénomène de dérégulation des marchés et à l’émergence de nouveaux grands acteurs économiques dans plusieurs régions du monde. Le débat économique trouve sa contrepartie politique au cours des années 1990 à la suite de la chute de l’URSS.
Les travaux conduits jusqu’ici sur la mondialisation ont été majoritairement ceux des politistes et des économistes qui ont centré leurs interrogations sur l’époque très contemporaine qu’ils cherchaient à interpréter. Si les historiens ont paru pour un temps en dehors du débat, ils ont depuis intégré la question à leurs préoccupations en montrant que l’internationalisation des économies au tournant du XXe siècle pouvait être interprétée comme une première mondialisation à un moment où, au plan politique, les ruptures qui conduisirent à la grande guerre débouchaient sur des conceptions nouvelles quant à l'organisation politique du monde.
Les études relatives à l’histoire de la construction européenne ont connu une évolution parallèle. Les approches à dominante institutionnelle où se sont positionnés les historiens comme les politistes ont longtemps fait porter les analyses sur les années 1950 et 1960, privilégiant, à quelques exceptions près, les études internes à ce processus et le rôle des États. Les travaux les plus récents tendent à réintroduire la construction européenne dans une perspective plus large l’assimilant à un régionalisme - la première vraie expérience de ce type au sens contemporain du terme - dont le développement s’inscrit dans l’ensemble du XXe siècle.
L’hypothèse qui fonde notre réflexion est que ces deux phénomènes ne constituent en réalité, depuis la fin du XIXe siècle, que les deux aspects d’un dialogue de vaste ampleur, les rythmes et débats relatifs à la mondialisation correspondant également à ceux portant sur l’organisation de l’Europe sur une base régionale et aux modalités de son insertion dans le monde. Seule l'analyse conjointe des deux phénomènes peut permettre une interprétation pertinente de l’histoire de l’Europe et des formes d'organisation du continent au XXe siècle.
Lieu du séminaire:
UCL, Collège Érasme, Place Blaise Pascal, Louvain-la-Neuve
Département d'histoire, local D243