Dans le cadre de sa thèse de doctorat consacrée aux "Générations européistes", Gaëlle Courtois nous présentera le cas de la résistance néerlandaise pendant la Seconde Guerre mondiale lors de la prochaine séance du séminaire du Gehec, le mardi 6 mai 2008 à 17h30.
La notion d’européisme se définit de manière large puisqu’elle comprend tous les mouvements favorables à des idées d’organisation à l’échelle européenne, sans préjuger du cadre ou des finalités que l’on veut prêter à cette structure. Fait d’opinion avant tout, ce vocable cache ainsi des options doctrinales et stratégiques de premier ordre et nécessite dès lors la constitution d’une typologie. Il convient également de réinsérer cette mouvance dans les terreaux sociaux et les contextes qui l’ont vu naître et évoluer. Pour ce faire, le concept de génération offre un terrain de recherche particulièrement fécond. Par l’identification d’événements clefs susceptibles de cristalliser une nouvelle génération, il permet, tant une remise en contexte et une meilleure intelligibilité de l’évolution de l’européisme, que la rencontre de l’individuel et du collectif.
Un cas particulier sera envisagé, celui de la résistance hollandaise pendant le deuxième conflit mondial. La guerre a-t-elle été aux Pays-Bas le creuset d’un changement de générations ? Si la résistance a pu être présentée comme le terreau de la pensée européenne fédérale d’après-guerre, cet avis n’est cependant pas unanimement partagé. Ce constat mérite d’être approfondi pour tenter de faire le point sur la question de l’idée européenne au cœur de la résistance néerlandaise.
Pour ce faire, il est intéressant d’opérer une contextualisation historique, essentiellement de différents éléments qui ont pu jouer sur l’idée européenne au sein de la population néerlandaise durant la période de guerre. Quelques spécificités de la situation du pays – historiques, politiques, économiques – seront ainsi brièvement mentionnées (neutralité durant la Première Guerre mondiale, importance des colonies, etc.).
Il sera ensuite question d’évoquer l’existence ou l’absence d’idée européenne, pendant le conflit, au sein de milieux particuliers. Celui de la résistance constituera le thème central de la contribution. À ce sujet, Walter Lipgens a réalisé, pour les Pays-Bas, comme pour d’autres pays, une étude pionnière à la recherche de la pensée fédéraliste dans de multiples sources. Cependant, ses conclusions liées à ‘la’ résistance perçue comme largement favorable à la construction d’une Europe fédérale ont depuis été nuancées, voire démontées, par certains auteurs. En ce qui concerne les Pays-Bas, un bilan, un status quaestionis gagne à être réalisé pour faire la lumière, entre mythes et réalités, sur la pensée européenne au sein de la résistance néerlandaise. Ainsi, que penser du fédéralisme européen des principaux journaux de la résistance hollandaise ? Qu’en est-il des prisonniers de Sint-Michielsgestel ? Quels sont les projets pour l’Allemagne d’après-guerre… ?