Deuxième séance du "cycle Congo"

CEHEC

Jean-Luc Vellut (professeur émérite UCL) interviendra le mardi 2 mars 2010, à 17h30 avec un exposé consacré aux « Dimensions locales et extérieures en histoire coloniale : du Congo léopoldien au Congo belge, synergies et ruptures afro-européennes ».

Au cours de la période coloniale, l’histoire de l’Afrique centrale des XIXe et XXe siècles fut généralement conçue à partir de scénarios centrés sur quelques personnalités européennes hors du commun : quelle que soit l’aura ou éventuellement l’opprobre qui entoure ces visionnaires, ce sont des dynamiques européennes qui sont mises en exergue. Dans cette perspective l’ombre de Léopold II s’étend sur la région et sur la période, héros fondateur à la fois incompris dans son pays et entièrement étranger à une partie de l’Afrique où ce grand voyageur ne mit jamais les pieds.
Grâce à d’importants nouveaux travaux, cette vision de l’homme seul est désormais nuancée. Léopold II apparaît certes toujours comme le véritable « inventeur » du Congo, mais on retient désormais plus clairement l’imbrication de ses projets impériaux au service d’un ordre social et politique à consolider en Belgique. C’est encore le contexte dans lequel le roi opérait qui est mis en lumière à partir de son insertion étroite dans le « mouvement géographique » de son temps. Léopold prend désormais place parmi une pléiade de géographes, d’économistes, d’hommes d’affaires, qui cherchaient à redéfinir l’économie mondiale autour de quelques pôles émergents dans l’Occident industrialisé.
Il importe de poursuivre ce travail de mise en perspective en situant le projet léopoldien dans le contexte de l’histoire de l’Afrique centrale du temps et en sortant des limites d’une histoire eurocentrée. Le concept d’une « Afrique prémoderne » est essentiel pour comprendre les cooptations et alliances africaines qui permirent à l’Empire léopoldien de prendre racine au cours d’une période de transition qui en fit un empire du Middle Ground avant que ne pointe l’âge des refondations coloniales sous contrôle européen. Á la différence de la période léopoldienne, l’annexion du Congo par la Belgique annonça en effet une période de consolidation systématique des fondements capitalistes de l’économie coloniale, coexistant tant bien que mal avec une vision agrarienne de la société africaine future. Dans le même temps, la survie de stratégies africaines autonomes annonçait l’émergence d’une Afrique moderne. En conclusion, quelles sont les sources disponibles pour une histoire coloniale revisitée ?

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Publié le 03 mars 2010