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Le jeudi 31 mars 2011, lors de notre quatrième séance du séminaire GEOM, nous avons le plaisir d'accueillir Anne Cornet et Florence Gillet qui viendront nous présenter une "Analyse critique de la photographie à travers les images du Congo entre 1955 et 1965".
A une époque où l’image est devenue omniprésente, où tout est désormais filmé et diffusé par tous et partout dans le monde, il est important de se rappeler que la photographie influence considérablement notre lecture du réel. Elle le représente et le reconstruit en fonction de la sensibilité et des objectifs du photographe, ainsi qu’en fonction du contexte sociopolitique et culturel dans lequel elle s’inscrit.
En 1960, le Congo met fin à plus d’un demi-siècle de domination coloniale. Aujourd’hui encore, dans l’ancienne métropole comme dans l’ex-colonie, des représentations subsistent sur la colonie et le jeune Etat indépendant qui lui a succédé. Parmi les nombreux outils utilisés par la machine de propagande coloniale, la photographie a fortement contribué à modeler la mémoire collective. Alors que durant le régime colonial, la propagande vise à démontrer la normalité de la domination occidentale, proposant une image idéalisée du Congo, dès le lendemain de l’indépendance, la presse internationale devient la principale fenêtre qui s’ouvre sur la réalité congolaise, proposant des clichés accrocheurs, chargés de drame et d’émotion. De ce contraste fondamental émerge une représentation du Congo qui marque les imaginaires jusqu’à nos jours : celui d’un pays bien tenu, harmonieux, Eldorado aux couleurs de paradis, qui bascule du jour au lendemain dans le désordre, la violence et la survie.
L’approche historienne de la photographie permet de décrypter les divers facteurs d’influence et d’objectiver, autant que possible, la lecture des images. En effet, de la même manière que le monde ne correspond pas toujours à l’image photographiée, de nombreux filtres interviennent entre la réalité, nos perceptions et les images que nous fabriquons. Ce séminaire propose d’aborder l’analyse iconographique à travers la production photographique du Congo entre 1955 et 1965. Nous verrons comment une approche critique des images permet d’envisager les archives photographiques avec un œil nouveau, entraînant par la même occasion un questionnement sur notre façon d’envisager le passé.
Anne Cornet est docteur en histoire de l’Université catholique de Louvain, lauréate de l’Académie royale des Sciences d’Outre-mer et chercheuse spécialisée en histoire coloniale au Centre d’études et de documentation guerre et sociétés contemporaines (Ceges).
Florence Gillet est licenciée en histoire de l’Université libre de Bruxelles. Elle gère le secteur « Images et sons » du Ceges, après avoir travaillé sur le cinéaste André Cauvin et sur la mémoire sociale des anciens coloniaux.
Elles viennent toutes les deux de publier l’ouvrage suivant : Congo-Belgique, 1955-1965. Entre propagande et réalité, Bruxelles, La Renaissance du Livre/CEGES, 2010,156 p.