Les expertises académiques

Jean-Marie Auwers a une double formation : exégèse de l'Ancien Testament et patrologie avec, dans l'un et l'autre cas, un fort ancrage philologique. Convaincu que la monoculture appauvrit les sols, il s'efforce de se tenir au carrefour de ces deux disciplines. Il est investi actuellement dans l’étude du Cantique des cantiques (ses versions grecques et latines, sa réception chrétienne ancienne), dans l’édition des chaînes exégétiques grecques sur le Cantique, et dans l’étude des versions anciennes du livre de Tobie. Il prépare à plus long terme une édition bilingue (latin-français) des sermons de Pierre Chrysologue.

Je mène une recherche sur l’autorité et les figures d’autorité dans l’islam sunnite contemporain (CISMOC/IACCHOS). Ce projet explore le champ de l’autorité sunnite, ses acteurs majeurs et ses tensions. Il permet une mise au point sur l’actuel leadership islamique, et les enjeux liés à l’organisation de l’islam en Belgique, et aux projets d’émergence d’autorités musulmanes belges. En outre, je suis associé à deux autres projets au CISMOC: l’un sur les évidences musulmanes contemporaines, à partir d’une approche des notions centrales de la pensée musulmane telle la liberté ou la réforme, et l’autre sur l’analyse des discours musulmans contemporains qui introduit en français des auteurs musulmans contemporains et leurs textes majeurs circulant en Europe. Les auteurs appartiennent à des courants islamiques différents et participent aux débats et aux actions  de l’islam en Europe.

Pratiquant l'exégèse des textes du Nouveau Testament en tentant d'articuler la dimension historique et les méthodes d'analyses narratives, je m'intéresse tout particulièrement à une histoire de la réception des textes bibliques qui s’attache particulièrement à l’histoire des lectures (les commentaires bibliques), aux textes littéraires et à l’iconographie religieuse.

Parmi mes axes de recherche liés aux thématiques de l'institut RSCS, l’idéologie du pouvoir à Rome (religion, iconographie, urbanisme et architecture) constitue la branche la plus importante. Plus en détail, j'étudie le phénomène de la crise en association à celui du culte : cadre de recherche qui se traduit désormais par l'expression bien connue de Crisis Cults. En d’autres termes, un changement significatif dans le cadre socio-culturel d’une communauté peut être à l’origine d’une redéfinition importante du sacré dans toutes ses manifestations, en fonction de deux facteurs essentiels desquels de nouvelles expressions religieuses peuvent découler. Ces deux facteurs sont d’une part les conflits culturels, sociaux et politiques, d’autre part l’action de grandes personnalités de l’Histoire, par exemple Cincinnatus, César, Auguste, Marc Aurèle, Constantin etc. De manière presque paradoxale, donc, la crise est une rupture du sacré et de son expression phénoménologique la plus courante, les cultes ; mais en même temps, de même que la cendre d’un bois brûlé par le feu fertilise les champs, la crise peut devenir un catalyseur fondamental de la naissance de nouvelles formes religieuses. Cette phénoménologie est objet de mes recherches surtout à Rome et dans le monde étrusco-italique.

Professeur d’histoire de l'art, co-directeur du Centre d’analyse culturelle de la première modernité (GEMCA) et membre de l’Académie royale de Belgique, Ralph Dekoninck poursuit des recherches sur les rapports entre théologie de l’image et théorie de l’art à l’époque moderne, sur les formes et figures de l’idolâtrie dans l’imaginaire moderne, sur la culture du spectacle baroque, et tout particulièrement jésuite, sur les rapports entre art et liturgie aux XVIe et XVIIe siècles. Parmi ses publications, on peut citer: Ad Imaginem. Statuts, fonctions et usages de l’image dans la littérature spirituelle jésuite du xvii^e siècle, Genève, Droz, 2005. L’idole dans l’imaginaire occidental, éd. avec M. Watthee, Paris, L’Harmattan, 2005. Fou comme une image. Puissance et impuissance de nos idoles, Bruxelles, Labor, 2006. Emblemata sacra. Rhétorique et herméneutique du discours sacré en images, avec A. Guiderdoni, Brepols, Turnhout, 2007. Ut pictura meditatio. The Meditative Image in Nothern Art, 1500-1700, éd. avec A. Guiderdoni et W. Melion, Turnhout, Brepols, 2012. Fictions sacrées. Esthétique et théologie durant le premier âge moderne, éd. avec A. Guiderdoni et E. Granjon, Louvain, Peeters, 2013. Machinae spirituales. Les retables baroques dans les Pays-Bas méridionaux et en Europe. Contributions à une histoire formelle du sentiment religieux au xvii^e siècle, éd. avec B. d’Hainaut-Zveny, Bruxelles, IRPA-KIK, 2014. La vision incarnante et l’image incarnée. Santi di Tito et Caravage, Paris, éditions 1:1, 2016.   

Diplômé en droit, islamologie et sciences politique, Baudouin Dupret est directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), en poste à l’Institut Marcel-Mauss (IMM) de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et professeur invité à l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique) et à l’Université de Leyde (Pays-Bas). Ses travaux concernent principalement l’anthropologie du droit et des normes en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Il a édité plusieurs ouvrages, le dernier en date étant Law At Work: Studies in Legal Ethnomethods (avec M. Lynch et T. Berard, Oxford University Press, 2015). Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Le Jugement en action. Ethnométhodologie du droit, de la morale et de la justice en Egypte (Droz, 2006), Practices of Truth: An Ethnomethodological Inquiry into Arab Settings (Benjamins, 2011), et La Charia. Des sources à la pratique, un concept pluriel (La Découverte, 2014).

De par son engagement comme chercheur au Centre Lumen Gentium (UCL), qui conserve les papiers de plusieurs periti belges au concile Vatican II, Joseph Famerée a été associé, dès 1989 et pendant une dizaine d'années, à l'étude du concile Vatican II et à la première histoire scientifique internationale de celui-ci sous la direction de Giuseppe Alberigo.
Parallèlement à cette approche plus spécifiquement historique, il a mené une recherche doctorale en théologie (sous la direction d’André de Halleux), consacrée à « l'ecclésiologie d'Yves Congar avant Vatican II » (Peeters, Louvain, 1992). Ses enseignements en ecclésiologie, œcuménisme et théologie orientale, à partir de 1991, l'ont conduit aussi à développer des recherches en ces domaines : synodalité (conférences épiscopales), communio Ecclesiarum, ministère de l'évêque de Rome ; en œcuménisme, intérêt spécial pour le dialogue catholique-orthodoxe byzantin ; étude des théologiens orthodoxes du XXe siècle. C'est dans cette perspective globale qu'il faut situer sa participation au Groupe des Dombes. Il est également membre du Groupe interuniversitaire de recherche sur l'herméneutique théologique de Vatican II (ICParis, UCL, ULaval ; 2004) et du Peter and Paul Seminar, conjuguant les approches théologique et institutionnelle de l’Église dans une perspective de réforme. Il participe aussi à l'élaboration intellectuelle des colloques de théologie dogmatique (« Colloques Gesché »), au confluent de la dogmatique et de l'anthropologie. Le colloque de 2015 s'intitulait « En finir avec le diable ? Les enjeux d’une figure emblématique du mal ». Il anime tous les deux ans un séminaire de recherche en ecclésiologie (LTHEO2292)  qui s'intitule cette année "Les instances régulatrices de la recherche de la vérité en Église".

 

L’essentiel de mon travail de recherche consiste à essayer de promouvoir une histoire sociale et culturelle de la théologie catholique qui s’efforce de comprendre la théologie, son histoire et son historicité, à partir des outils de l’histoire des sciences et des savoirs en s’intéressant aux modes de production du savoir théologiques, aux modalités de sa publicisation et aux dynamiques sociales qui les entourent. Après des premières recherches sur l’histoire de la théologie morale à l’époque moderne, puis sur quelques figures de théologiens, je conduis actuellement un projet de recherche sur la théologie et les théologiens jésuite dans le monde portugais au XVIIe siècle, avec un accent spécifique sur la globalisation du savoir théologique à l’époque moderne. Je m’emploie aussi à déployer ces thématiques de recherche vers l’époque contemporaine (notamment à travers l’étude de théologiens, de revues, et d’institutions d’enseignement).

Serge Goriely consacre son travail de recherche à l’étude des arts du spectacle (principalement le théâtre et le cinéma) et leur pouvoir de représentation. Ses axes comprennent l’évolution des formes et des genres dramatiques (drame historique, grotesque, réalisme, postdramatique,..) et les rapports des arts entre eux (théâtre, cinéma, littérature, arts plastiques). Il porte une grande attention à l’étude de personnages et d’événements historiques importants (Hitler, Shoah, décolonisation...), à l’actualisation des récits mythiques (principalement grecs) ainsi qu’au traitement de sujets bibliques, religieux et spirituels (Jésus, l’Apocalypse, l’humour juif, le passeur) et à des questions de société (l’immigration, les couples mixtes, la pauvreté,…). Enfin, plusieurs de ses recherches s’inscrivent dans les activités de Cinespi au sein RSCS, groupe de recherche dont il est co-fondateur.

Spécialisé en théologie pratique et en sciences liturgiques. Mes recherches actuelles sont orientés dans trois grands champs:
1. les pratiques structurelles internes aux Eglises: la synodalité dans les Églises particulières et sa parenté avec la démocratie interne ; les mutations des paroisses et du ministère des prêtres dans la modernité liquide en Occident ;
2. les sciences liturgiques : la prière des Heures ; les mutations de la ritualité en postchrétienté
3. les liens entre culture, spiritualité et théologie, particulièrement au cinéma.

Dans le prolongement de ses études en sciences politiques et en islamologie, et de son doctorat en sociologie sur la mouvance des Frères musulmans européens, Brigitte Maréchal poursuit des recherches socio-anthropologiques sur l’islam où l’analyse des discours religieux tient une place importante. A côté de la direction de recherches variées qui se rapportent notamment aux identités et appartenances des jeunes, à une sociographie de l’islam belge et à la pensée musulmane contemporaine, elle travaille sur les organisations musulmanes dont les mouvements islamistes mais aussi sur les difficultés inhérentes aux processus de co-inclusion réciproques en cours au sein des sociétés européennes.

• La Compagnie de Jésus : laboratoire théorique et pastorale face aux grandes questions politiques et sociétales de la première modernité (obéissance/conscience-individus/communautés; hiérarchies des pouvoirs à l’âge moderne).
• Genre, guerre et religion aux temps modernes.
• L’armé des Flandres : objet culturel et « genrée ».
• Pratiques et outils d'encadrement religieux et politique à l'armée (construction du récit historique, hagiographique et normatif).
• Les communautés religieuses féminines : lieux de réflexion intellectuelle et de participation à la vie sociale: pouvoirs, modèles, écritures.
• La féminisation du catholicisme après la révolution française : identités de genre, contrastes, collaborations.
• « Faire histoire » aux et sur les temps modernes.

Vassilis Saroglou, avec ses collaborateurs, mènent, depuis 20 ans, plusieurs programmes de recherche qui ont pour but d’investiguer les dimensions cognitives, émotionnelles, relationnelles, morales et sociales qui caractérisent la foi et pratique religieuses, à travers différentes formes, expressions (croyances et rituels) et cultures (monothéistes et autres), ainsi que la spiritualité moderne, le fondamentalisme et l’athéisme. Ces travaux incluent d’une part des études empiriques, voire, le cas échéant, expérimentales, qui testent, entre autres, la conformité ou hiatus entre comportement réel et discours religieux normatifs ; et, d’autre part, de travaux interdisciplinaires, entre théories de différents champs de la psychologie (sociale, interculturelle, morale, développemental et clinique) et traditions théologiques--principalement, mais pas exclusivement, chrétiennes. Ces travaux visent l’équilibre scientifique approprié entre l’universel et le culturellement spécifique.

Geert Van Oyen est docteur en théologie (Nouveau Testament) de la Katholieke Universiteit Leuven (1993). Sa thèse est composée de deux parties. La première est une étude de l’histoire de l’exégèse de l’évangile de Marc dans la période historico-critique et décrit la transition vers la narratologie et la reader response criticism.  La deuxième est une application de ces méthodes sur le doublet narratif de la multiplication des pains. Après avoir été chercheur postdoctoral à la KULeuven il a travaillé comme professeur dans la faculté de théologie à l’Universiteit Utrecht (2000-2008). Depuis son arrivée en 2008 à l’UCLouvain, il opte pour une approche narratologique dans l’analyse des textes bibliques. La Bible est avant tout un récit qui doit être interprété selon des approches littéraires et narratologiques. Son texte préféré est toujours l’évangile selon Marc, mais il a publié aussi sur le problème du Jésus de l’histoire, l’Apocalypse, la résurrection, et quelques textes apocryphes sur l’enfance de Jésus. Il est membre de plusieurs associations internationales du Nouveau Testament et il est le président de la RRENAB (Réseau de la recherche en narratologie et Bible).