Dès les premières heures du génocide et jusqu’à sa mort deux mois plus tard, le capitaine sénégalais Mbaye Diagne refusa de tourner le dos aux Rwandais. Il sauva, sans arme, les vies de centaines de personnes. « Le plus brave d’entre tous les braves », « le genre d’homme que vous ne rencontrez qu’une seule fois dans votre vie » : voici ce que disent du capitaine Mbaye Diagne ceux qui eurent la chance de croiser son chemin. Ils en disent long sur l’homme et la beauté de son âme. Héros longtemps méconnu, sa mémoire a été ravivée le 8 mai 2014. En effet, vingt ans après sa mort, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a créé la « médaille capitaine Mbaye Diagne pour acte de courage exceptionnel », afin d’honorer les membres de son personnel en mission qui ont commis de tels actes « au service de l’humanité et de l’ONU »1. Auparavant, bien que sa veuve ait reçu de l’ONU une modeste compensation financière, l’héroïsme du capitaine Mbaye Diagne n’avait jamais été officiellement salué à l’échelle internationale. Dans son pays, le Sénégal, Mbaye Diagne demeure relativement inconnu. Au Rwanda, en revanche, il compte parmi les Justes qui risquèrent leur vie afin de sauver ceux qui étaient pourchassés. En juillet 2010, le Président rwandais a remis à sa veuve et à ses deux enfants le Prix Umurinzi, reconnaissant ainsi que pour sa bravoure et son sacrifice pendant le génocide, « le peuple rwandais [lui] sera toujours endetté »2. Il est donc de notre devoir de conter l’histoire du capitaine Mbaye Diagne.
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