20 000 lieues sous les mers
Les mers et océans couvrent 70% de la surface de la terre. L’homme en aurait exploré 5%, ce qui laisse la perspective de millions de découvertes.
Qui sont les créatures et organismes qui peuplent les abysses ? C’est la question centrale des recherches de la Pr Cindy L. Van Dover, spécialisée dans l’étude des écosystèmes à base chimiosynthétique, tels les black smokers, sources d’eau chaude qui grouillent de vie au plus profond des océans. « Beaucoup de gens ne savent rien de ces endroits. Pour l’impact sociétal de nos recherches, il faut leur faire savoir qu’ils existent. »
S’intéresser aux vivants des profondeurs, c’est questionner l’évolution et l’adaptation des espèces, leur importance au sein de l’écosystème. « J’ai mené 3 à 4 expéditions par an, avec une équipe pluridisciplinaire d’ingénieurs, zoologistes, océanographes physiciens, microbiologistes et chimistes », poursuit la professeure. « Si notre recherche est d’abord fondamentale, nous nous intéressons aussi aux altérations du lit de la mer, dues notamment à l’extraction minière, ou encore à l’impact du changement climatique sur l’océan. » Cette curiosité pour les abysses et les créatures les plus étranges qu’on y rencontre lui vient de son enfance. « J’ai grandi près de la côte. Je voyais des animaux comme les étoiles de mer, si différents des chats ou des chiens et je pensais : pourquoi ont-ils 5 pattes ? Comment fonctionnent-ils ? » Aujourd’hui, sa carrière bien remplie comprend 48 plongées en tant que pilote-commandant du submersible Alvin.
Pauline Volvert
> https ://nicholas.duke.edu/marinelab/people/faculty/van-dover
Eric Lander, Professor of Biology (MIT) and Professor of Systems Biology (Harvard Medical School), is President and Founding Director of the Broad Institute of MIT and Harvard. Since 2009, he is also Co-chair, President’s Council of Advisors on Science and Technology
Releaving the human genome's secrets
“My entire scientific career has been focused on reading a single book : the human genome.” Geneticist, molecular biologist and mathematician Eric Lander was one of the leaders of the international Human Genome Project from 1990 to 2003. “The genome’s three billion letters contain vast troves of information about the mechanisms of basic biology, the basis of human disease, the evolution of species and the history of populations.” To make sense of all those letters, he founded the Broad Institute of MIT and Harvard in 2003, which uses genomics to understand the biology and treatment of human disease and lay the groundwork for new therapies. Combining biology, chemistry, mathematics, computation, and engineering with medical science and clinical research, Dr. Lander and his colleagues have developed and applied methods for discovering the molecular basis of rare genetic diseases, common diseases and cancer, and pioneered work on genetic variation, population history, evolutionary forces, regulatory elements, long non-coding RNAs, three-dimensional folding of the human genome, and methods to systematically identify the genes essential for biological processes. “One of the best aspects has been the international and collaborative nature of this scientific work.” Dr. Lander is committed to mentoring a new generation of scientists to fulfill the promise of genomic insights. “I’ve been driven to tease out and understand the genome’s secrets—with the goal of using them to improve human health and deepen our knowledge of ourselves.”
Lee Gillette
> www.broadinstitute.org/lander-lab
Sanjay Subrahmanyam est historien, concepteur de l’histoire connectée. Issu d’une famille d’intellectuels, il parle une dizaine de langues « parce que cela aide à mieux comprendre l’histoire d’un pays, d’une culture ».
Connecter l'histoire pour une décodage plus honnête
Généralement, on étudie l’histoire autour d’un cadre national. Sanjay Subrahmanyam, historien à l’Université de Californie et au Collège de France, prône quant à lui l’étude de l’histoire des pays « plutôt dans leur ensemble, celle de zones géographiques plus larges que les États-Nations ». L’objectif ? « Éviter les comparaisons hiérarchiques, qu’un pays soit considéré comme modèle et qu’en regard, les autres soient prétendument ratés ». Ce qui l’a poussé dans cette direction, c’est une insatisfaction quant à l’étude de l’histoire comparée : « Je suis donc arrivé avec une contre-proposition, d’abord par opposition, puis par complémentarité ». Un exemple ? « Lorsqu’on parle de l’histoire du capitalisme, on prend souvent l’Angleterre comme modèle. L’histoire estime qu’en comparaison la France, l’Allemagne ou la Chine ont raté leur envol. Or cette analyse ne tient pas compte de la situation globale de l’époque ». Voir l’histoire uniquement par analogie donne souvent naissance à de fausses pistes. Raison pour laquelle connecter les histoires et les cultures lui paraît davantage respectueux et honnête. Et Sanjay Subrahmanyam de conclure : « L’historien n’est pas un scientifique qui donne des leçons avec des applications dans la vie quotidienne. Nous produisons un savoir historique, puis vient la consommation de ce savoir par d’autres, les pouvoirs politiques par exemple, qui en font ce qu’ils veulent. Mais l’histoire peut néanmoins servir de miroir au présent ».
Isabelle Decoster
Article paru dans le Louvain[s] de décembre 2016-janvier-février 2017 |