La chaire articule trois perspectives, en recherche, enseignement et service à la société :
-
1. Droit belge, international et comparé relatifs aux régimes des cultes et des convictions philosophiques, garanties de liberté de conscience et principes de pluralisme et de non-discrimination
-
2. Droit comparé des religions, notamment au départ du droit canonique, et du droit islamique
-
3. Droit et sciences des religions : une approche interdisciplinaire en interaction notamment avec les recherches en philosophie , psychologie, socio-anthropologie et théologie(s).
Une approche de droit étatique
Quelle justice, quels droits et quels devoirs, pour et envers les citoyens qui vivent des convictions religieuses (ou philosophiques) différentes ? Quels équilibres entre prise en compte de la diversité et contraintes de neutralité ? Quelle spécificité reconnaître (ou non) aux questions religieuses et convictionnelles par rapport à d'autres réalités sociales ? Comment réguler les traits nouveaux des formes de vie religieuses, moins institutionnalisées que par le passé, mais non pas purement individuelles pour autant ? Comment repenser l'articulation d'un traitement collectif du fait religieux (reconnaissance, financement, éducation, assistance spirituelle), à son approche individuelle (droit au secret des convictions, vie privée, non-discrimination, exceptions de conscience, éthiques particulières) ? Les mutations profondes du questionnement sur le religieux appellent une reprise de la réflexion juridique.
Une approche des normativités religieuses
Pour contextualiser les questions de justice en matière religieuse : quelles ressources mobiliser au sein des traditions normatives de chaque confession ou de chaque croyance ? Le droit canonique, les droits religieux, leurs évolutions institutionnelles comme leurs adaptations individuelles, sont des lieux d'expérience aussi bien pour leur sphère propre que pour la société globale.
Une approche interdisciplinaire
Pour une analyse critique des effets de la régulation du fait religieux : les rapports variables selon les lieux entre croyances en expansion, et croyances en régression, la réduction ou non du religieux à une pure donnée culturelle, rituelle, voire foklorique ou irrationnelle, les tensions entre ethnicisation et ethicisation du religieux : les questions sont nombreuses qui appellent de nouvelles investigations en sciences des religions et y puiser en retour une capacité d’innovation réfléchie dans la gouvernance publique ou privée du fait religieux.
Une approche intégrée, efficiente et critique des thèmes du dialogue interculturel et interreligieux, de la médiation et du management intercultuels : quelle démocratie participative envers le religieux ? Thèmes qui se présentent comme des modalités alternatives aux processus classiques de régulation juridique.
Pourquoi à l'UCL ?
Les recherches en matière religieuse bénéficie d'une très longue tradition à l’UCL, dans les diverses disciplines des sciences humaines et sociales. L'UCL constitue un lieu unique où se réalise une interaction quotidienne et intense des diverses sciences des religions, à partir de leur ancrage disciplinaire propre.
L'ensemble de ces ressources sont aujourd'hui stimulées par les atouts spécifiques d’une perspective plurisdisciplinaire explicitement consacrées aux sciences des religions.
En matière d’enseignement, cette approche se déploie notamment dans un master pluridisplinaire et interfacultaire en sciences des religions, où la Chaire est en charge de la filière "Droit & Religion", et depuis 2016, dans un doctorat en sciences des religions (accessible également à des juristes). C'est par cette interdisciplinarité originale que l'UCL et la Chaire en droit des religions occupent une position spécifique dans les programmes européens.
La Chaire de droit des religions est soutenue par un important mécénat, à travers la Fondation Louvain et la Fondation Sedes Sapientiae.
Missions
Une approche juridique, par la formalisation qu'elle implique, permet d'analyser comment un système se donne à voir et à interpréter dans sa "meilleure projection". L'analyse des dispositifs institutionnels de mise en oeuvre (l"application"du système) permet également de mesurer l'écart entre la norme voulue et la norme vécue. A cet égard, les modalités de gouvernance du religieux se construisent sur un certain nombre de stéréotypes et de raccourcis mentaux qu'une analyse juridique permet de déceler et le cas échéant de dénoncer dans leurs écarts avec les standards nationaux ou internationaux de garantie des droits de l'homme. On illustre ici diverses représentations récentes de la régulation de la diversité religieuse : le casse-tête, le jeu, la circularité, la roulette-russe, etc...