Au moment où le débat public se focalise sur les relations entre lois civiles et lois religieuses, il ne convient pas seulement de redire, avec la Convention européenne des droits de l'homme, que la théocratie n'est pas compatible avec la démocratie, il faut aussi rappeler les équilibres complexes que le droit, et en particulier la Cour de Strasbourg, construit jour après jour, réaffirmant que les démocraties ont pour coeur le pluralisme et la liberté de conscience.
L'homme, croyant et citoyen, ne peut être considéré comme un "robot" qui se soumettrait mécaniquement à l'une ou l'autre injonction d'où qu'elle vienne. C'est là un enjeu majeur qui ne passe ni par l'imposition politique ni par la contrainte physique ou économique, mais par des dispositifs sociaux de reconnaissance et d'intégration qui prennent au sérieux la diversité et la construction intersubjective des consciences.
Sans nullement les placer sur un même pied, les débats belges relatifs à la dissolution d'un "parti Islam" et les débats français relatifs au discours du Président Macron sur le dialogue entre la République laïque et l'Eglise catholique montrent en définitive le même enjeu : celui d'une tension entre la prohibition de l'injonction religieuse et le péril pour les démocraties d'un syndrôme de "refoulement" des questions de sens.