Un homme qui résiste à l’injustice jusqu’à son dernier souffle

Né en 1965 à Bibungo, dans la commune de Mugina, dans la préfecture de Gitarama, au centre du Rwanda, Callixte était le cadet d’une famille de six enfants, trois filles et trois garçons. Il perdit son père à l’âge de deux ans et fut élevé par sa mère au sein de l’église presbytérienne, qui lui a inculqué des valeurs chrétiennes.

Après ses études primaires dans son village natal, il fit ses études secondaires au Groupe scolaire officiel de Butare qu’il termina en 1988. La même année, il passa et réussit le concours d’entrée à l’école supérieure militaire de Kigali qu’il quitta une année plus tard. Il retourna à Mugina et devint instituteur à l’école primaire de Ruyumbu, dans la commune de Musambira, à la frontière avec la commune de Mugina.

En 1992, il adhéra au parti politique MDR, parti de feu la première ministre Agathe Uwilingiyimana, et fut nommé bourgmestre de Mugina. Il succéda à Emmanuel Nkurunziza du MRND, parti du président Juvénal Habyarimana. En août 1993, il épousa Olive Mukabalisa, originaire de la commune de Gikoro, dans la préfecture de Kigali-rural. Lorsque le génocide commença en avril 1994, leur couple avait à peine huit mois.

Dès le lendemain de l’assassinat du président Habyarimana le 6 avril 1994, Callixte ne dormit plus : il sillonna la circonscription de sa commune en lançant des appels au calme et à la retenue. Il prêcha ainsi l’unité au sein des habitants et les invita à rester soudés face à l’appel à la division et au génocide lancé par le gouvernement.

Le 10 avril, la commune de Mugina accueillait déjà des centaines de réfugiés Tutsi venus notamment des communes de Runda, de Musambira et de la région de Bugesera. Ces réfugiés fuyaient les massacres et se rendaient à Mugina parce qu’ils avaient appris que le bourgmestre avait réussi à résister au génocide, faisant de sa commune un havre de paix.

Callixte hébergea les réfugiés dans les maisons paroissiales de l’église catholique de Mugina et dans les édifices communaux. Il leur donna des vivres tels que des maïs, du riz et des haricots. Les Interahamwe1 des communes environnantes tentèrent d’envahir la commune pour tuer les Tutsi, mais le bourgmestre leur opposa sa résistance ; il organisa ses policiers et sa population pour les combattre. Les miliciens battirent en retraite. Callixte continua à protéger les réfugiés, à assurer leur sécurité et à les nourrir. Il multiplia les tournées à travers sa commune pour appeler la population au calme et à la résistance au génocide. Il donna des instructions pour organiser des patrouilles nocturnes et déploya des policiers pour assurer la sécurité des réfugiés. Il encouragea ces derniers à ne pas céder à la panique et leur assura que rien ne leur arriverait tant qu’il serait en vie.