Sœur Milgitha estime qu’elle a arraché à la mort entre 300 et 500 personnes. Aujourd’hui, la plupart d’entre elles lui rendent régulièrement visite pour la remercier. Toutes s’effondrent en larmes lorsqu’elles découvrent les photos qu’elle a prises pendant le génocide. Dans ces moments d’intense émotion, Sœur Miligitha leur demande, en guise de prière, de chanter tous ensemble le Magnificat, chanson entonnée par la foule des Tutsi, le 21 avril 1994, avant d’être exterminée.
Actuellement, Sœur Milgitha vit toujours au Rwanda ; mais elle a démissionné de son ordre missionnaire. Elle a quitté le couvent et le centre de santé de Kaduha le 11 septembre 2010, après s’être opposée à l’ordre de sa supérieure de quitter le Rwanda, refusant d’être déracinée de cette terre qu’elle considère comme sa deuxième patrie. Une nouvelle congrégation, les Sœurs Carmélites Thérésiennes provenant d’Inde, s’occupe désormais du couvent et du centre de santé de Kaduha.
Milgitha continue toujours d’aider les pauvres du Rwanda. Elle habite à Kinyinya, dans la concession de la Deutsche Welle (DW), une radio internationale allemande. Malgré son âge avancé – 79 ans –, elle visite régulièrement les familles démunies, notamment dans la région de Bugesera, à l’est du Rwanda. Elle s’occupera des pauvres jusqu’à son dernier souffle grâce à l’amour de Dieu.
Plusieurs fois, son nom a été proposé aux autorités rwandaises afin qu’elle soit récompensée pour ses œuvres en faveur des pauvres. Elle a même rencontré, à trois reprises, le Président Paul Kagame, qu’elle admire beaucoup pour son travail et pour son amour du peuple.
Pourtant, Milgitha ne veut pas recevoir d’honneurs pour son travail au Rwanda : « Je ne veux pas être une grande personne. Je n’ai pas besoin d’être récompensée. Ma médaille d’honneur, ma récompense, c’est le ciel, c’est le Bon Dieu. Tout ce que j’ai fait et continue de faire au Rwanda, je l’ai fait pour rendre gloire à Dieu. C’est tout1.»
1 Entretien avec Milgitha le 14 février 2015.