Thèses doctorales

  • La rédaction d’une thèse en sociologie politique viserait à approfondir les fondements (existentiels, sociaux, politiques, etc.) de l’engagement non-violent au service d’un projet démocratique. Cet engagement sera, à son tour, situé dans le cadre de la tension qui préside à l’idée même de démocratie, articulant universalité des droits et singularité des cultures. C’est en effet à l’intérieur de cultures spécifiques que les droits qui sous-tendent le projet démocratique sont construits, revendiqués, appliqués. Et c’est aussi parce que ces cultures contiennent toutes une certaine idée de l’humanité libérée du joug de l’oppression que le projet démocratique y apparaît comme un horizon susceptible de dépasser les revendications strictement culturelles.

Dès lors qu’elles cessent d’être théoriques, de telles articulations soulèvent pourtant de nombres questions. Par exemple : à quelles conditions une action non-violente s’avère-t-elle « efficace » ? A quelles orientations existentielles, voire spirituelles, renvoie l’aspiration non-violente pour la démocratie, en particulier dans le contexte bouddhiste ? La non-violence exclut-elle « toute » violence ? Quelles sont la nature et les difficultés spécifiques du leadership politique dans un tel contexte ? Quelles sont les représentations de la démocratie qui découlent d’un tel engagement ? Quelle place y occupe le droit, la justice, mais aussi les conflits, les projets ? Sur le plan de l’action collective, quelle part y prennent les mouvements sociaux nationaux, mais aussi les contraintes de la géopolitique mondiale ? Quelles sont, plus largement, les articulations observables entre demandes matérielles et orientations culturelles ? C’est pour tenter de mieux appréhender ces questions, et d’y apporter des réponses en dialogue étroit avec la situation birmane, qu’une bourse de doctorat leur sera consacrée.

  • La rédaction d’une thèse en droit/sociologie du droit permettrait d’étudier les transitions constitutionnelles et la question de la fondation des ordres juridiques : du fait au droit. Du point de vue d’une théorie du droit, les transitions constitutionnelles et, en particulier les transitions qui sont la conséquence d’un phénomène révolutionnaire, posent la question de la légitimation de la Constitution et des normes juridiques qui s’appuient sur elle – la question du passage de l’être au devoir-être.

 

Les analyses que Kelsen consacre à l’épreuve ultime d’un ordre juridique - le phénomène révolutionnaire – détaillent combien une norme fondamentale ne peut être supposée et définie qu’à partir d’une question empirique, à savoir si la Constitution est encore généralement obéie et suivie, c'est-à-dire reconnue comme obligatoire. Au sein d’un système juridique fonctionnant dans un contexte politique stable, la reconnaissance juridique du caractère obligatoire d’une norme ne peut provenir que du respect des formes légales de son édiction et donc de la validité d’autres règles de ce système fonctionnant en vase clos. Mais tous les cas-limites, qui obligent ce système à s’ouvrir, montrent aussi que, même dans la théorie pure, ce seul respect ne suffit pas à conférer une légitimité, une reconnaissance citoyenne des normes. En particulier, cette reconnaissance repose toujours sur le fait de la conscience morale par lequel le citoyen reprend en charge l’ordre juridique. Habermas a donc raison lorsque, à la suite de Durkheim, il soutient que l’obéissance du sujet de droit moderne doit avoir un noyau moral dès lors que le système juridique fait partie d’un ordre politique auquel le sujet renoncerait si celui-ci ne pouvait alléguer d'aucune légitimité. C’est à une partie des questions posées par ce vaste chantier que cette seconde thèse s’attellera à éclairer.