Le "frère soleil"

Avec trois confrères franciscains, Vjeko s’installe dans le diocèse de Kabgayi, au centre du Rwanda. Il aidera, sans relâche, les paroissiens, tant avant, pendant, qu’après le génocide.

Ne parlant au début que quelques rudiments de kinyarwanda – qu’il maîtrisera par la suite parfaitement – Frère Vjeko s’investit de plus en plus dans la vie locale et a la ferme intention de participer au développement de la région. Il va ainsi aider à la construction de plusieurs écoles, ainsi que d’un centre de santé.

Avec ses confrères franciscains, Vjeko s’occupe des pauvres et des malades ainsi que de nombreux orphelins accueillis par la communauté. Il soutient également certains élèves en payant leurs frais de scolarité. Il encourage la population à se regrouper dans des associations coopératives, chacune avec différents objectifs, comme l’agriculture ou la boulangerie. Vjeko achète notamment, l’ensemble du matériel agricole. Les récoltes sont ensuite stockées et vendues à un prix abordable, pour aider la population de Kivumu.

Vjeko est désormais connu et apprécié de tous, en particulier parce qu’il ne fait aucune distinction, notamment ethnique. Il aide et aime tout le monde, Hutu comme Tutsi. De plus, il ne manifeste aucun penchant politique, préférant croire en Dieu plutôt qu’en une idéologie. Les dérives de la politique vont hélas marquer profondément le Rwanda.

Le soir du 6 avril 1994, le ciel au-dessus du Rwanda s’assombrit. « Frère soleil »1 ne s’éteint pourtant pas. Pendant les trois mois que dure le génocide, Vjeko s’efforcera d’aider tous ceux qui se trouveront dans le besoin, qu’ils soient Hutu ou Tutsi. Contrairement à d’autres étrangers, Vjeko décide de rester aux côtés des Rwandais.

Renommé pour ses bonnes actions autour de Kivumu depuis dix ans, tous savent qu’ils trouveront en Vjeko un protecteur. En effet, quand les massacres commencent à Kivumu, les gens affluent de toutes les communes. Vjeko les accueille tous. Recevant un peu d’aide financière d’Europe, il engage des domestiques pour que chaque réfugié puisse manger à sa faim. Tous les jours, il apporte des vivres. Sa paroisse accueille alors plus d’une centaine de personnes.