Le 19 octobre 2013, Aung San Suu Kyi rencontrait la communauté universitaire qui, en 1998, lui avait décerné le titre et les insignes de Docteur Honoris Causa. A l’époque, le Prix Nobel de la Paix (1991) était en résidence surveillée en Birmanie-Myanmar: son mari, Michael Aris, professeur à l’université d’Oxford, était venu à Louvain-la-Neuve recevoir les insignes en son nom.
Aung San Suu Kyi est une femme de pensée et d’action, au service de la lutte non-violente pour l’avènement de la démocratie en Birmanie. Elle a écrit plusieurs textes importants sur les liens entre éthique et politique, tout en cherchant à inscrire la tradition birmane dans une histoire plus large – celle de l’adhésion à des normes démocratiques adaptées au monde contemporain – et en s’engageant personnellement dans l’action politique. Dans cette perspective, l’Université catholique de Louvain fait le choix de créer une Chaire Aung San Suu Kyi « Démocratie, cultures et engagement ».
Cette Chaire sera à la fois un hommage et une réception. Car rendre hommage à Aung San Suu Kyi, c’est non seulement reconnaître un engagement remarquable, mais c’est aussi approfondir ce que nous pouvons apprendre d’un certain rapport au monde : le sien, mais aussi celui de tous ceux qui se sont engagés – à ses côtés ou ailleurs dans le monde – pour concrétiser des projets de démocratie par le moyen de l’action non-violente. Pour nous, cela doit conduire à approfondir le sens de la vocation de l’Université dans la société, dont le travail scientifique est indissociable du développement des libertés fondamentales et de l’usage de la raison critique.
La Chaire s’attachera à saisir les enjeux d’une pensée en action au sein et au service du projet démocratique, c’est-à-dire d’une pensée dont les idéaux d’universalité rencontrent la spécificité des cultures (nationales ou locales) et intègrent les conditions concrètes d’exercice de la citoyenneté. De manière conforme à son objet et en partenariat étroit avec la société civile, la Chaire entend mettre en œuvre les 4 projets suivants :
(1) un cycle de séminaires internationaux, sur le thème « Démocratie, cultures et engagement » ;
(2) la promotion de deux thèses doctorales en sociologie politique et en droit/sociologie du droit ;
(3) une plate-forme d’information multilingue concernant l’évolution de la démocratie et des droits humains en Birmanie ;
(4) des dispositifs de formation universitaire s’adressant aux cadres émergeants de la société civile du Nord comme du Sud, se préoccupant de changement social en vue d’approfondir le projet démocratique.
Si une partie du programme d’appui à la recherche portera sur la Birmanie, ce programme est néanmoins d’une portée plus large. En effet, il fera en sorte que les questions et réflexions issues de l’expérience birmane participent d’un questionnement plus fondamental sur les rapports entre théorie et pratique dans la perspective de l’approfondissement du projet démocratique.