Nous avons le regret de vous annoncer le décès ce 11 avril 2018 de Françoise Digneffe, professeur émérite en criminologie.
Cette grande dame a tant apporté à la criminologie et aux professeurs qui l’ont connue quand ils étaient étudiants, assistants ou collègues.
Titulaire d’un doctorat en philosophie en 1971, elle a commencé sa carrière à l’UCL en 1975 comme première assistante en droit en donnant les travaux pratiques de philosophie puis de sociologie. En 1987, Françoise Digneffe a été proclamée docteur en criminologie après avoir soutenu, sous la direction du professeur Christian Debuyst, une thèse intitulée « Morale hétéronome ou morale autonome. La délinquance comme gestion de sa vie ».
Elle est devenue chargée de cours en 1993 au département de criminologie et de droit pénal. Elle fut présidente de l’Ecole de criminologie de 1997 à 2000 puis présidente du Département de criminologie et de droit pénal de 2000 à 2003. Elle est devenue professeur émérite en 2005 et a continué comme professeur invité jusqu’en 2007.
Parmi tous les nombreux projets qu’elle a menés, nous retiendrons qu’elle a participé en 2004 à la création de la première école de criminologie en RD Congo à Lubumbashi.
Tous ceux d'entre nous qui ont eu la chance de travailler avec Françoise Digneffe au quotidien perdent plus qu'une collègue. Femme au caractère bien trempé, elle nous a marqués par ses combats pour la reconnaissance de l'humanité des plus précarisés menés avec engagement, intelligence et radicalité. Elle n'a jamais cherché le feu des projecteurs, les honneurs, la reconnaissance. Cela ne l'intéressait pas. Elle était préoccupée par ceux que la vie lui avait donné de rencontrer.
Françoise ne faisait pas de la criminologie, elle la vivait. Cette cohérence l'a régulièrement menée à s'inscrire en marge, à choisir le côté des plus rejetés, de ceux qui étaient tenus pour insignifiants, des parias…
Elle nous a aussi fait découvrir beaucoup sur le plan scientifique : la méthode, la rigueur, l'exploration, l'esprit critique, la transmission, son originalité dans l'approche scientifique, l'art de poser les questions à l'envers pour faire apparaître les faces cachées de l'insoupçonné, l'exigence du chercheur de s'ancrer dans le réel qui est le sien, d'en témoigner et d'en rendre compte avec authenticité, …
Sa famille, ses proches, ses amis sont présents dans nos pensées et notre tristesse.
Thierry Moreau, Président de l’Ecole de criminologie