Si l'érosion urbanistique et agricole évoquée par ailleurs sur ce site motive l'étude des paysages ruraux, en milieu urbain, l'érosion du patrimoine archéologique européen a aussi dangereusement accéléré depuis la seconde guerre mondiale. Les exemples de destruction du sous-sol archéologique ou d'interventions désespérées des archéologues ne manquent pas. Pour enrayer ce processus, des mesures conservatoires et préventives s'imposent mais aussi des mesures prévisionnelles.
Le principe retenu est q'une bonne gestion du patrimoine passe par une connaissance approfondie des zones sensibles et une évaluation des risques qui pèsent sur elles. Cette façon de voir implique l'existence de répertoires et d'inventaires et, pour le patrimoine archéologique, de documents cartographiques précis qui encouragent la circulation des informations entre aménageurs, gestionnaires du patrimoine et archéologues.
En planification urbaine, on a recours à une cartographie fine, à l'échelon cadastral. Ainsi sont nés les atlas du sous-sol archéologique des centres urbains anciens en Wallonie, élaborés par l'Université de Louvain à l'initiative de la Communauté française puis de la Région wallonne.
Les atlas sont composés de trois cartes. La première, intitulée " les archives du sol ", constitue un état de connaissance du sous-sol archéologique de la ville concernée. La seconde donne l'état de destruction et de protection du sous-sol archéologique. La troisième carte localise les zones soumises à information dont font usage les fonctionnaires délégués des Directions de l'Aménagement du Territoire pour avertir les archéologues de l'introduction des demandes de permis d'urbanisme.
Les atlas de quatorze centres anciens ont été conçus par une équipe de chercheurs réunis autour de M.-J. Ghenne-Dubois, dont treize ont été publiés par la Direction Générale de l'Aménagement du Territoire et du Logement de la Région wallonne (Andenne, Arlon, Bouillon, Chimay, Dinant, Jodoigne, Gembloux, Namur, Rochefort, Theux, Thuin, Virton, Walcourt).
À la suite du recours de plus en plus systématique des archéologues au mode digital, le Centre s'est équipé des environnements SIG adéquats (Arc View et table digitale). La carte archéologique de Tournai, géoréférencée et cumulant toutes les informations utiles est par exemple en cours de réalisation.
Un second type de document de planification a été établi pour le milieu rural. Il s'agit de la planification wallonne des sites d'intérêt archéologique. L'enquête réalisée aboutit à la création d'un inventaire cartographié des sites connus. Il est informatisé et cartographié en surimpression au xplans de secteurs. L'inventaire est hiérarchisé en fonction des menaces qui pèsent sur eux en rapport avec l'affectation du sol prévue. Cette initiative a été poursuivie pour les provinces de Namur, de Luxembourg et pour l'arrondissement de Huy-Waremme.
Une troisième enquête, de type thématique, a été lancée plus récemment. Il s'agit de l'établissement d'un inventaire descriptif des sites archéologiques d'époque romaine en Wallonie, présentant un caractère remarquable. Les notices relatives à cette recherche sont achevées pour toutes les provinces.
Ces trois enquêtes sont mises en oeuvre par la Commission de l'Aménagement et de la Protection du sous-sol archéologique wallon et l'Université catholique de Louvain, au sein desquelles ont oeuvré F. Vilvorder, A.-M Herinckx, V. Dury, C. Dassy, M. Jacobs et V. Jonet.
Sélection bibliographique
Plusieurs fascicules d'Atlas du sous-sol archéologique des centres anciens urbains : Andenne, Arlon, Jodoigne, Virton, Bruxelles, 1992, 3 cartes et 19 p.
GHENNE-DUBOIS M.-J., Planification des sites archéologiques en Wallonie, in R. BRULET, L'Archéologie en Région Wallonne (Dossier de la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, 1), Namur, 1993, p. 131-134.
VILVORDER F., Planification wallonne des sites d'intérêt archéologique. 3. La Province de Liège, arrondissement de Huy-Waremme, in Les Cahiers de l'Urbanisme, 18, 1997, p. 79-93.