Projets de recherche

ECR

Barbara Fraipont: « Humaniteit uw naam is dier ». Configurations zoopoétiques et -politiques dans l’œuvre de Charlotte Mutsaers. Thèse dirigée par le Professeur Stéphanie Vanasten.

L’objectif de ce projet de recherche est d’examiner comment la problématique de l’animal transparaît dans l’œuvre créatrice de l’écrivaine néerlandaise Charlotte Mutsaers (à la fois dans sa prose, poésie, ses essais et sa peinture). En se fondant sur les travaux menés dans le domaine des Cultural and Literary Animal Studies (CLAS) et ses prolongements récents, cette recherche vise à questionner l’animal et son statut selon une perspective éthico-philosophique, et à réfléchir plus particulièrement à l’articulation entre l’humain et l’animal dans ses configurations littéraires et artistiques contemporaines au sein de la culture néerlandaise et en dialogue avec d’autres littératures. Ainsi, il s’agira d’adopter une approche comparative, aussi bien en ce qui concerne la relation texte-image qu’à propos des liens unissant l’œuvre de Mutsaers à l’art animal populaire (les figures de Walt Disney et les fables de Jean de la Fontaine), ou encore de ses correspondances avec l’œuvre de Franz Kafka et John M. Coetzee. Afin d’éclairer la zoopoétique et -politique sous-jacentes à la production artistique de Mutsaers, ce projet explore différents paradigmes relatifs à une dynamique animalière et inter-/cross-espèces, tels que les renversements subversifs et ludiques de perspective dans le rapport homme-animal, les devenirs-animaux tant métaphoriques que performatifs, les personnages hybrides et en métamorphose ainsi que la reconfiguration des comportements et jeux de langage entre animaux et humains.

Véronique Bragard et Christine Temko. Déchet et littérature : une analyse comparative et interdisciplinaire.

Partant du material ecocriticism, la philosophie, la psychanalyse, les affect studies et diverses études sociologiques du déchet, ce projet a pour but d’explorer les manières dont l’ordure peut s’inscrire dans la littérature. Comment pouvons-nous la représenter sans tomber dans la moralisation et blâmer autrui ou, inversément, succomber au « côté sombre » de l’écologie qui nous invite à considérer la race humaine elle-même comme déchet, digne d’être balancé par la fenêtre? Différents paradigmes ont émergé à travers ce souci de représentation: l’ironie dans Freedom de Jonathan Franzen, l’accumulation grotesque dans Underworld de Don DeLillo, l’absurdité dans Endgame de Samuel Beckett ou la valeur éphémère dans les textes post-apocalyptiques de Cormac McCarthy (The Road) et Paul Auster (In The Country of Last Things). La figuration des ordures présente une grande affinité avec la littérature post-apocalypitique, et nous trouvons de nombreux cas où c’est précisément l’excès de pollution qui engendre la fin de notre monde. Ainsi, ce paradigme témoigne de la fin de l’utopie et du début d’une imagination restrictive, qui voit une nécessité de détruire ce qui est avant de pouvoir reconstruire du sens. Inversement, dans les œuvres Second Hand de Michael Zadoorian et Underworld de Don DeLillo, l’emploi d’objets trouvés comme catalyseurs narratifs permet de réinvestir un sentiment de révérence et de mystère derrière le monde matériel qui a été mis à mal par l’ère de la marchandisation, du plastique, et de l’obsolescence programmée. Comment d'autres discours et esthétiques du déchet peuvent-ils émerger? Comment le littéraire peut-il ouvrir de nouvelles possibilités esthétiques dans sa figuration? Comment l'image peut-elle à la fois dénoncer et remettre en question le statut-ordure des objets ?

Déchets