Marcel Theza Titre de la thèse: Les écueils pour l'exercice de la citoyenneté électorale des jeunes des milieux pauvres au Chili. En Amérique latine et particulièrement au Chili, de plus en plus de regards s’intéressent à ce paradoxe étonnant d’un continent qui a reconquis un statut démocratique dont la normalité institutionnelle semble être déjà un trait caractéristique, mais où les expressions essentielles de civisme, comme celles de l’adhésion à la démocratie, l’associativité, la confiance interpersonnelle, le sens du devoir, etc., connaissent une diminution progressive. Le Chili, considéré habituellement comme « l’élève avancé de la classe latino-américaine», étant donné ses performances aux niveaux économique, politique et social, est un exemple de cette disharmonie entre une modernisation profonde de la société et un manque d’identification avec la démarche et les fruits de cette modernisation. On est donc face à un pays qui progresse au niveau statistique, mais où les liens sociaux s’affaiblissent et le sentiment de responsabilité commune s’effrite. Ce phénomène, bien qu’il affecte la société toute entière, affecte plus clairement les segments plus jeunes de la société, ceux qui n’ont connu que le Chili de la modernisation, le Chili des « opportunités » et le Chili de l’expansion des libertés individuelles. Paradoxalement plus on est jeune au Chili, plus on est loin de se sentir faire partie d’un ethos commun. Mais parmi les jeunes, ce sentiment de désaffection paraît être plus fort chez les plus pauvres, ceux qui – à nouveau paradoxalement – devraient appeler d’une voix plus haute et plus claire au renforcement des solidarités qui dans le passé ont permis aux couches populaires chiliennes des avancées sociales importantes. Le rapport jeune-pauvre devient ainsi un phénomène d’auto-exclusion très lourd dans le système institutionnel chilien, ce qui entraîne une absence dramatique de ces jeunes des bureaux d’inscription électorale et par conséquent du vote. Dans ce contexte de réflexion, la question essentielle de cette thèse doctorale est donc : « pourquoi, depuis le retour à la démocratie, la participation des jeunes les plus pauvres aux consultations électorales est-elle moins forte que celle des jeunes d’origine sociale moyenne ou élevée ? »
Doctorat en Science Politiques |