Abdourahman Ali Omar
Ce travail de thèse a pour ambition de participer, par l’intermédiaire de l’étude du cas de la Somalie, au débat scientifique actuel relatif à l’impact des organisations terroristes (Al-Qaida, Daech, Shabaab etc.) sur la stabilité des États faibles. En effet, le terme « État failli » a connu une très large diffusion dans les milieux politiques et académiques depuis une vingtaine d’années. La littérature sur les États faillis est bourgeonnante et produit une ambiguïté sur la définition même de ce concept. Les nouvelles menaces qui pèsent sur la sécurité internationale proviennent vraisemblablement des État minés par des guerres civiles qui sont motivées par le désir de sécession, la défense d’une identité menacée, l’ambition de contrôler les richesses du pays.
La dynamique de la faillite de l’État est au cœur de la guerre contre le terrorisme. La Somalie est citée comme l’exemple type, par l’ensemble de la communauté académique, d’un État « failli » par excellence qui manifeste certains dangers à l’égard des États de la région. Les contours du champ de recherche sur les relations entre le terrorisme et leurs menaces sur la sécurité internationale commencent à se dessiner après les attentats du 11 septembre 2001. Ces préoccupations liées aux répercussions du terrorisme sur la sécurité ont permis un regain d’intérêt pour la Corne de l’Afrique et surtout la Somalie, qui est devenue une base arrière pour les groupes terroristes.
Baraka Akilimali Joël
L’autorité publique en Afrique subsaharienne se configure en pleine transition partant de l’importation et de la greffe de l’Etat (Badie, éd.2016, Bayart, 1997) qui a dicté des profondes mutations dans les sociétés africaines affectant notamment la gouvernance des ressources naturelles. Il se dégage de ces mutations contemporaines l’effondrement de la vision populaire de l’Etat progressif, cohérent et orienté vers le développement (Mitchel, 1991) notamment face à la récurrence des conflits liés à l’accès et au contrôle de la terre. Ces conflits ont conduit à la crise foncière (Mugangu, 2008) dans la province du Sud- Kivu à l’Est de la RDC. La recrudescence des conflits fonciers et socioéconomiques dans de nombreuses communautés locales de cette province (APC, 2011) a conduit à des initiatives portées par des acteurs non-étatiques dans l’optique de la sécurisation foncière et de la médiation des parties en conflits. Il s’agit là des innovations institutionnelles des acteurs privées souvent à l’ombre du droit formel qu’il sied de rapprocher à la notion « d’institutions de crépuscule » (Lund, 2006). Ces initiatives portées en amont par des acteurs privés imposent de questionner les différents discours développés dans l’arène foncière locale et la manière dont l’autorité publique se déploie face aux mutations contemporaines dans la gouvernance foncière. Usant de l’approche du « politique par le bas » (Mbembe, 2008) ; le présent projet cherche à comprendre la portée sociopolitique, juridique et historique des innovations institutionnelles de sécurisation foncière en province du Sud-Kivu dans un contexte générale de réforme foncière en RDC.
Bashizi Anuarite : Promotrice : An Ansoms
La présente recherche doctorale part de l’hypothèse selon laquelle la croissance économique ne peut en elle-même suffire pour améliorer le bien-être des populations. D’autres questions nécessitent également d’être prises en compte, notamment celles liées à la justice sociale, à la redistribution des ressources, à la gestion transparente et à la conservation de l’environnement (Bashizi et al. 2016).
Plus particulièrement, la question de l’environnement nécessite d’être étudiée en profondeur, car, non seulement, elle questionne la durabilité de l’exploitation des ressources minières, mais aussi les effets pervers de cette exploitation sur d’autres ressources naturelles. Dans ce sens, la prise en compte de la question environnementale requiert un décentrement du débat ordinaire sur l’exploitation minière dans la mesure où elle pose désormais une question de limitation de l’exploitation des ressources naturelles dans un contexte où la croissance est le but recherché.
Or, il existe actuellement très peu de littérature sur les liens entre les questions minières et celles liées à d’autres ressources en RDC, comme la terre agricole, l’eau et la forêt, en corollaire, l’impact de l’exploitation minière sur les changements environnementaux de façon plus générale. La présente recherche tentera alors d’introduire la question environnementale dans les débats sur l’exploitation minière en RDC, telle qu’elle émerge en anthropologie et en sociologie de l’environnement, dans les débats économistes sur la gestion des ressources minières en RDC. Un recours à l’approche de la political ecology et au concept de modernité insécurisée nous permettra de faire ce lien. Il sera donc question d’essayer de comprendre les conditions dans lesquelles l’exploitation minière peut représenter des effets négatifs sur l’environnement de telle sorte que ceux-ci nuisent au bien-être des populations locales plus généralement.
Durée : 1 juillet 2015 au 31 décembre 2019
Claessens Klara : Promoteurs : An Ansoms, Filip Reyntjen
Increased completion over land, nourished, among other things, by a global re-evaluation of the value of land and population pressure, is leading to social tension and conflict. This is also the case in South Kivu, Eastern DRC where land is the most vital asset contributing to the livelihood strategies of rural people. This research will look at how this changing (global) institutional environment impacts on local power relations, changing distribution patterns of land, changing patterns of access and control, changing livelihoods, and how this is creating new frontiers of land control.
Delmotte Céline
Depuis le début du XXIème siècle, nombre d’états sud-américains insistent, au nom de l’intégration régionale, sur le développement du réseau routier continental (d’où la création de l’IIRSA - initiative pour l’Intégration de l’Infrastructure Régionale Sud-Américaine) et ce, afin de reconfigurer les économies régionales (et les exportations) autour des ressources naturelles. Ce faisant, un nouveau paradigme de développement économique semble s’imposer à l’échelle continentale : le néo-extractivisme. Pour preuve, au Pérou, la construction récente de la Route Interocéanique Sud, dont la visée est d’assumer le transport des matières premières extraites des Andes et de l’Amazonie vers les portes de sortie du sous-continent, engendre actuellement un boom extractif sans précédent dans les départements de Cusco et Madre de Dios (exploitation de mines d'or à ciel ouvert).
La présente recherche propose en ce sens d’analyser dans quelles mesures la construction d’infrastructures au nom de l’intégration régionale, en particulier l’IIRSA et la Route Interocéanique Sud, contribue au renforcement du néo-développementisme extractiviste dans les régions andines et amazoniennes du Pérou. L’objectif de cette étude est double : (1) Identifier le rôle de l’intégration régionale et de l’IIRSA dans la consolidation des stratégies de développement néo-extractivistes; (2) Examiner de quelle manière la Route Interocéanique Sud intervient dans les processus extractifs des départements de Cusco et Madre de Dios (exploitation de mines d’or à ciel ouvert) et quel(s) incidence(s) ces derniers entraînent sur leurs territoires et dynamiques sociétales. Deux objectifs secondaires viendront étayer cette recherche : l’étude de la migration en tant que stratégie de sortie de la pauvreté (ruée vers l’or) et l’analyse de la territorialité (au travers de l’étude des mouvements sociaux de lutte contre l’activité minière).
Promotrice : Isabel Yepez
Eguiguren Maria Mercedes : Promoteurs : Isabel Yepez, G. Herrerra
La présente recherche examine les relations entre la migration internationale, le développement et l’État équatorien pendant les quatre dernières décennies (1970-2010). Elle je cherche à établir les liens entre les modèles de développement mis en œuvre par l'État équatorien et les pratiques et les discours sur le développement conçus par des groups sociaux produits des dynamiques migratoires dans deux localités de l’Equateur.
Ce projet de recherche vise à relier des “anciens” processus de migration –ceux d’avant les années 1990-, avec ceux survenus depuis 1999. Ceci, dans la perspective de développer une analyse en identifiant, d'une part, les relations entre les politiques de développement national délivré par l'État depuis des années 1970. D’autre part, les discours et des pratiques sur le développement construits par les migrants équatoriens migrants depuis cette époque-là. L'analyse sera guidée sous l'hypothèse que les politiques de l'État produisent des formes dominantes de connaissance, qui sont reproduites, mais aussi qui sont négociés entre les secteurs marginaux et des centres de pouvoir. Dans ce sens, cette recherche consistera en un effort systématique visant à intégrer les processus de migration dans l'analyse de la formation de l'État et de la société nationale autour du discours et pratique du développement.
Giraud Cécile
La globalisation a entraîné depuis une trentaine d’années une complexification des itinéraires migratoires et des profils des migrants. Aujourd’hui, beaucoup de migrants ne se contentent plus de migrer d’un pays à l’autre en vue de s’y installer pour un long-terme et de s’y intégrer, mais décident de prolonger leur mobilité par des pratiques circulatoires ou une mobilité plus fluide, au gré des opportunités de travail et de vie qui s’offrent à eux. De ce fait, l’intensification et la complexification des mobilités et les productions sociales et géographiques qui en découlent viennent aujourd’hui re-poser différemment la question de la citoyenneté pour les migrants. Nous avons exploré cette problématique à partir d’une étude de cas : les pratiques de citoyenneté d’une population particulière constituée de migrants qualifiés engagés volontairement et librement dans une grande mobilité géographique (ils ont habité au minimum trois pays différents) et qui vivaient et travaillaient à Bruxelles au moment de la recherche. Sur base d’une réflexion autour de la triade mobilité-subjectivité-citoyenneté, nous avons pu donner sens aux pratiques de citoyenneté de cette population. Cette recherche met à jour un désintérêt de notre population de recherche pour les dimensions classiques de la citoyenneté (formelles, politiques et substantives) en même temps que l’émergence d’une forme de citoyenneté éthique révélant un déplacement de la citoyenneté d’une échelle nationale vers une échelle locale, et de l’espace public vers la sphère privée.
Izaguirre Valdivieso Lorena Rocio : Promoteurs : Isabel Yepez & Marie Verhoeven
S’intéressant aux trajectoires individuelles et familiales des migrants péruviens et boliviens à Sao Paulo (Brésil), pôle clé du nouveau système de migration Sud-Sud en Amérique du sud, cette recherche vise à comprendre, dans un contexte de migration internationale ‒ défini en tant qu’événement restructurant les « itinéraires sociaux » des agents ‒, quels types d’interactions existent entre, d’un côté, les déterminants structuraux des sociétés d’arrivée et destination et, de l’autre, les projets, capitaux et stratégies individuelles et familiales des migrants. Pour ce faire, trois niveaux d’analyse sont identifiés : (1) la dimension objective du changement des positions sociales et ses effets sur la mobilité des migrants ; (2) la dimension subjective de ces changements et la manière dont ceux-ci sont vécus et perçus par les migrants ; et, finalement (3), les processus de changement culturel et transformation des catégories de perception et appréciation produits par la migration.
Jandrain Alice
L’exploitation agricole à petite échelle constitue l’activité de 80% de la population dans la région des Grands Lacs. Celle-ci doit faire face à de nombreux défis : au niveau mondial : la commercialisation et l’accaparement de terres, les logiques d’une nouvelle révolution verte en Afrique, la formalisation des droits fonciers, le changement climatique, etc. ; au niveau local : la surpopulation, la compétition pour les ressources naturelles, une histoire de conflit et de crise, et un manque de possibilité de revenus alternatifs à l’exploitation agricole (Ansoms et Marysse, 2011). Les politiques rurales des gouvernements rwandais et congolais suivent la vision d’inspiration néolibérale qui relance l’idée d’une « Révolution Verte » en Afrique sub-saharienne (Banque Mondiale, 2007) et sont déconnectées des réalités paysannes. L’action collective est un recours pour les paysans afin de faire entendre leurs voix et protéger leurs intérêts. Toutefois, l’espace public au sein d’Etats semi-autoritaires (Cetri, 2010) est, pour le Rwanda, très contrôlé, pour la République Démocratique du Congo, l’objet de récupérations politiques et influences extérieures. La présente recherche propose en ce sens d’analyser en quelle mesure les organisations paysannes forment une « société civile indocile ». Optant pour une perspective d’« everyday politics » (Kerkvliet, 2009), inspirée, entre autres, par Scott (1985), ce projet a pour objectif d'analyser la manière dont les organisations paysannes rwandaises et kivutiennes "dansent la danse" face aux politiques agraires et rurales, allant de l'adhésion, de la négociation subtile, jusqu'à la résistance ouverte.
Jaramillo Jimenez Leslie : Promoteurs : Isabel Yepez & Andreia Lemaître
Avec cette recherche je prétend analyser et comparer les capacités politiques de deux gouvernements locaux, au niveau du district; Challhuahuacho et Kishuara, situés à Apurímac. Challhuahuacho est un district qui détient le plus grand projet minier de cuivre du Pérou. Kishuara est un district qui ne compte pas d’activité minière. Ces deux districts ont été choisis en suivant des techniques statistiques qui valident la comparaison entre eux. J'analyserai leur rendement en fonction de la capacité des gouvernements d’être en phase avec les demandes et les besoins de la population laquelle sera analysée à partir de la compréhension du processus de négociation de politiques au niveau local. Pour le développement de cette recherche, je réaliserai un travail approfondi sur le terrain en utilisant des outils de recherche tels que les enquêtes et divers types d’interview auprès des acteurs concernés.
Kambala Luadia Tshikengela Billy : Promoteur : Pierre-Joseph Laurent
Le problème de conflits autour des aires protégées reste profond et mérite d’être posé car il concerne l’une des problématiques à la base des crises locales et de conflit État-population. Ces aires ont été créées sans consultation des communautés locales qui y vivaient déjà, elles en ont été simplement expulsées. La philosophie du gestionnaire ne veut reconnaître d’autres politiques de gestion que celles de l’Etat lui-même, qu’il aspire à exercer son autorité morale sur toute l’étendue visée pour la gestion de ces réserves, et qu’elle entend justifier, dans le droit comme dans la pratique, un dépassement des souverainetés locales au nom de principes de conservation des espèces fauniques.
Pourtant, les indigènes déplacés à l’époque dans le territoire de Monkoto, n’avaient pas renoncé à leurs droits sur les territoires qu’ils avaient quittés. Elles revendiquent des droits sur le parc, crient à l’accaparement des terres, puisque le gestionnaire avait recouru à la domanialisation et à l’expropriation comme modes de l’extension de l’espace.
Cette recherche vise à étudier ce dialogue conflictuel entre une logique étatique, importée de l’extérieur et la logique locale, afin de comprendre la persistance des conflits et parcs nationaux, malgré les progrès réalisés pour les faire participer à la gestion de ceux-ci. Elle voudrait aborder ce sujet dans sa globalité, comme une question longtemps à la base des discussions politiques, écologiques, théoriques, en utilisant le « local » pour analyser une question d’ordre général lié aux dynamiques conflictuelles parc-population, au regard des ressources naturelles, d’où son apport /valeur ajoutée.
Durée : Février 2016 - Fin 2020
Le Polain Maïté : Promotrice : Marthe Nyssens
Les mutuelles de solidarité (MUSO) sont un modèle de groupe d’épargne et de crédit. Inspirés par les pratiques des associations d’épargne et de crédit locales, les modèles de groupes d’épargne et de crédit suscitent depuis une dizaine d’année l’engouement des acteurs du développement qui entrevoient leur promotion comme un outil efficace de lutte contre l’exclusion financière des populations pauvres. Cette thèse de doctorat interroge les postulats qui sous-tendent la promotion de modèle de groupes d’épargne par les acteurs du développement, à partir d’enquêtes de terrain qui visent à mettre en évidence les perceptions et les pratiques des membres de ces nouveaux groupes. Certaines perceptions et pratiques, contraires aux attentes ou aux prédictions des acteurs, permettent de révéler l’existence de logiques socio-économiques particulières aux pratiques financières locales.
Mushagalusa Mudinga Emery : Promotrice : An Ansoms
L’une des principales lacunes des analyses sur l’accaparement des terres est de souvent attribuer celui-ci aux acteurs étrangers. Elles occultent le fait que même en l’absence de l’intervention de ceux-ci, une prédation foncière s’observe, impliquant souvent des élites locales et participant à la conflictualité entre divers acteurs. La situation se complexifie notamment dans les contextes de conflits, de pluralité voire d’ambigüité normative et de prédominance des rapports de force. Dans un contexte de rareté et de compétition foncière, de conflit et de dysfonctionnement institutionnel en République Démocratique du Congo, le présent projet analyse le rôle et l’action des élites locales dans l’accaparement des terres en Territoire de Kalehe au Sud Kivu, identifie et analyse les stratégies développées par les acteurs pour se maintenir dans une arène foncière fortement instrumentalisée. Une attention particulière est portée sur la marge de manœuvre des petits paysans dans cette arène foncière ainsi que les liens entre conflits fonciers et nouvelles dynamiques locales de solidarité et de protection.
Niyonkuru Réné Claude : Promotrice : An Ansoms
Ce projet de recherche analyse le rôle que les acteurs intermédiaires jouent dans l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques. Le projet se concentre en particulier sur les administrations locales et les organisations de la société civile (internationale, nationale, locale) actives dans le domaine du développement rural au Rwanda. Le projet vise à répondre à deux objectifs principaux. Tout d'abord, le projet analysera la variété des rôles que jouent les structures intermédiaires dans l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques publiques. Deuxièmement, le projet analysera comment l'interaction entre les acteurs intermédiaires et les programmes politiques peut influencer (ou non) la manière dont ces politiques sont élaborées, mises en œuvre et évaluées et / ou reconfigurées (référentiel, alignement, renégociation, résistance, …).
Le programme de recherche s'étend sur une période de 4 ans (2016-2020) et adopte une approche d'étude de cas, en combinaison avec d'autres méthodes de recherche innovantes telles que le théâtre interactif. Il est également important de noter que le projet de recherche fait partie d'un programme de recherche plus vaste et cherchera à contribuer à une analyse transversale sur la façon dont les structures intermédiaires - les courtiers de développement - contribuent (ou non) à la mise en œuvre / reconfiguration des politiques publiques et au changement social.
Durée : 2017-2020
Nyenyezi Bisoka Aymar : Promotrice : An Ansoms
A partir des pratiques d’accaparement des terres par les élites locales en Afrique des Grands Lacs, ce travail propose un double renversement de la manière dont sont pensées les dynamiques d’accès à la terre en Afrique subsaharienne. Tout d’abord, si jusqu’à présent la socio-anthropologie foncière africaine a pensé les dynamiques foncières à partir de l’approche de l’acteur stratégique, c’est parce qu’elle présuppose que l’accès à la terre est régi par des rapports de pouvoir composés exclusivement des stratégies des acteurs. Or, l’observation de terrain montre que ces stratégies n’opèrent qu’à partir du moment où elles arrivent à s’articuler avec un système discursif ou structural de légitimation. En d’autres termes, pour accéder à la terre, les élites ont recours à la contrainte physique, au discours, à des systèmes de différenciation et aux techniques de gouvernement (modalité stratégique d’accès) légitimés par l’idée de l’État, l’appropriation privative des terres et l’orientation productiviste de l’usage des terres (modalité structurale d’accès). Ensuite, au lieu de penser ces stratégies simplement comme un moyen pour les élites d’atteindre leurs buts, ce travail propose de voir, à partir de ces stratégies, la manière dont les dispositifs de pouvoir tentent de constituer les paysans en sujets. En effet, l’observation des dynamiques foncières entre 1885 et 2016 révèle que la construction de la terre passe par un processus de production des savoirs, des institutions et des pratiques déterminant qui peut accéder à la terre. Il s’agit d’une tentative de normalisation des relations autour de la terre à laquelle les paysans devraient se conformer. La désignation des paysans contestataires comme anormaux justifie leur répression et montre en même temps leur refus d’assujettissement. Finalement, à partir de l’étude de l’accaparement des terres comme élément constitutif de la modernité politique, ce travail propose une critique post-coloniale du projet anthropologique de création des sujets ruraux devant se conformer au dispositif néo-libéral plus global. Dès lors, le travail propose des nouvelles bases pour une politique de la terre qui parvienne à penser ensemble les rapports de pouvoir et un accès juste à la terre.
Durée : 2011 - 2016
Oliden Zuniga Wilson Salvador : Promoteurs : Isabel Yepez & Emmanuelle Piccoli
L’espace d’« in-justice » en contexte interculturel : le cas des lynchages au sein de l’État plurinational de Bolivie
Au sein de l’État plurinational de Bolivie se produisent des lynchages contredisant le paradigme du « bien vivre ». Le but sera d’expliquer, au travers de l’anthropologie et d’une méthodologie interdisciplinaire, l’interrelation entre personnes, institutions et État dans l’espace de l’ « in-justice » établit par les lynchages. La finalité de cette recherche est de contribuer à la formulation d’une politique criminelle préventive vis-à-vis de ce phénomène social.
Rakotoaruaona Narindra
Madagascar est un pays réputé pour la richesse de ses ressources naturelles et de sa biodiversité, caractérisée par un taux élevé d’endémicité de sa faune et de sa flore le classant parmi les hot spot de la biodiversité mondiale. L’intérêt porté par l’acteur public, national ou étranger, pour cet atout environnemental de l’île, considéré comme « devant » être protégé, et constituant une ressource pour le développement national n’est pas nouveau. En effet, les préoccupations liées à la gestion de cette ressource ont fait l’objet d’une politique publique depuis la colonisation. La mise en œuvre locale de cette politique publique environnementale, décidée au niveau national par l’acteur public, correspond au processus d’adaptation, d’ajustement voire de reformulation par les acteurs locaux des instruments d’action publique qui la matérialisent. Mais parallèlement à cette action publique environnementale locale peuvent coexister des actions non publiques, développées par les acteurs populaires - qui ne s’inscrivent pas dans la logique de l’acteur public- mais qui leur permettent de faire face à leurs propres enjeux de développement et de gestion des ressources naturelles.
Le cœur de la recherche concerne cette échelle locale, où coexistent des actions publiques et non publiques environnementales, mais elle la discute dans un contexte multi-scalaire en considérant les échelles nationale et internationale. Elle propose d’analyser l’action collective environnementale locale malgache dans le cadre de laquelle actions locales, publiques et non publiques, sont mues par des objectifs de développement et de conservation des ressources naturelles pouvant être différents. Il s’agit alors de s’intéresser aux processus et aux instruments de gouvernance locale des ressources naturelles et de se demander - à partir d’une entrée publique et non publique- comment les acteurs locaux, dans leur ensemble, agissent localement en matière d’environnement ?
Ramirez Carlos : Promotrice : Isabel Yepez
Les études sur la jeunesse rurale sont marginales parmi les études sur la jeunesse et sur le monde rural. Ces études ont souvent été menées suivant des biais ethnocentriques qui nient la diversité présente dans le monde rural. En plus, l’image hégémonique sur la paysannerie, construite sur des concepts comme l’arriération, la pauvreté et l’ignorance, dévalorisent toutes ses richesses sociales, politiques et culturelles. On connaît donc très peu sur le sujet jeune paysan, sur leurs expériences et leurs subjectivités.
Ce projet doctoral s’intéresse aux jeunes paysans en Colombie, particulièrement aux sens et significations qu’ils construisent par rapport à sa condition de jeunes et à son mode de vie paysan. Le travail de terrain a été réalisé avec les jeunes qui participent dans les programmes de deux associations paysannes en Colombie, la Asociación Campesina de Antioquia et la Asociación de Desarrollo Campesino. Ces programmes incluent des projets productifs et des formations politiques, des programmes de production audiovisuelle, des plans de conservation de l’environnement, entre autres, au sein desquels a été mené un travail ethnographique avec les jeunes et les membres des associations.
A travers les discours et les expériences des jeunes, ce projet cherche à comprendre leurs subjectivités sociales, les compréhensions qu’ils mobilisent par rapport à la jeunesse et à la question paysanne. Les subjectivités des jeunes paysans sont aussi analysées à partir d’une approche biopolitique qui les place en contraste avec les dispositifs de pouvoir qui participent à la construction socioculturelle de la condition de jeunesse.
Ruiz Rivera Maria José : Promotrice : Andreia Lemaître
Les processus d’institutionnalisation d’une économie plurielle sont un trait commun de plusieurs pays d’Amérique latine, comme l’Équateur et la Bolivie. Dans ce cadre d’institutionnalisation d’une conception inédite de « développement » (Gudynas, 2011 ; Acosta, 2010 ; Chambers, 2004), plusieurs recherches ont permis une compréhension plus profonde de la diversité des logiques socio-économiques des acteurs associés à l’économie populaire et solidaire au Sud (Lemaître, 2009 ; Hillenkamp, 2009). Pourtant, peu d’analyses empiriques basées sur une grille de lecture polanyienne se sont penchées sur les rationalités socio-économiques des initiatives populaires et solidaires en lien avec leur inscription dans les politiques publiques. De même que les indicateurs de développement des pays, les indicateurs qui portent sur l’économie solidaire (en Équateur) et communautaire (en Bolivie) risquent de réduire les rationalités socio-économiques des initiatives à une logique unidimensionnelle de génération de surplus monétaire (Hintze, 2013 ; Coraggio, 2011), où la richesse matérielle serait le seul porteur de bien-être, en négligeant d'autres fins, telles que la satisfaction des besoins non matériels. Ce projet de recherche vise ainsi à l’exploration des processus d’opérationnalisation des politiques publiques de l’économie populaire et solidaire, notamment lors de la construction des indicateurs d’évaluation de viabilité et durabilité, et leur adéquation avec les logiques socioéconomiques des acteurs.
Sander Alena : Promoteurs : Elena Aoun & Vincent Legrand
Durée : Décembre 2016 - Mars 2021
Vandrooghenbroeck Mathilde : Promoteurs : Laura Merla & Isabel Yepez
Ce travail de recherche s’inscrit dans le champ du « genre et développement » et, plus particulièrement, dans celui des « masculinités et développement », né de la volonté de « genrer les hommes », soit de considérer de manière spécifique leur rôle dans les processus de développement et dans les mécanismes de production des inégalités de genre. Nous nous intéresserons à l’analyse de la paternité dans les familles populaires du sud des Andes péruviennes, entendues comme étendues, multi-générationnelles et ancrées dans des réseaux de solidarité inter-foyers. Pour ce faire, nous mettrons en perspective les processus complexes de construction des identités paternelles et masculines avec la division sexuelle du travail de soin entre hommes et femmes qui structure les foyers et les réseaux dans lesquels ceux-ci s’ancrent.
Durée : 2014 - 2018
Zaynab
Karma? Narratives of Dignity in the 2011 Arab Spring Uprisings in Egypt
Dignity or “karama” in Arabic is a nebulous concept that challenges one to reflect about various issues such as identity or faith and the perceptions of others on one’s identity or one’s faith. This research was prompted by this challenge at a time in which the region of North Africa and the Middle East was drifting in the socio-political event of the “Arab Spring”. The main motivation in this research is to investigate understandings of “karama” in the specific context of Egypt during the 2011 protests and to attempt refuting the uniformity of politicized popular demands such as “karama” to be intricately linked to human rights demands particularly in the context of increasing institutionalization of those human rights. To do so, this research focuses on interviews with participants in the 2011 protests and art forms that emerged in relation to the protests and in which there was an expression of dissatisfaction in general and of lack of dignity in particular. The results from this research show that human rights and economic issues are of course important concerns for those protesters, but that they seemed less appropriated than the feelings and emotions regarding an identity problem. This revelation on an Arab identity concern came out as quite a surprise given the apparent obsolescence of pan-Arabism in the region since the Arab defeat in the 1967 war with Israel.