Le livre "Le rôle du réviseur d’entreprises dans les entreprises qui ne sont pas tenues de désigner un réviseur d’entreprises", est publié. L’étude a été financée par l’Institut des Réviseurs (IRE) et les auteurs sont G. Sarens (UCL), A.- M. Reheul (HUB), T. Van Caneghem (HUB), N. De Vlaminck (UCL) et J. Dierick (HUB).
Le marché belge des entreprises qui ne sont pas tenues de nommer un réviseur d’entreprises est potentiellement important. Peu d’enquêtes ont été réalisées jusqu’à présent en la matière. La valeur ajoutée de cette étude réside principalement dans le fait qu'elle est basée sur la perception des dirigeants de PME quant au rôle joué par le réviseur d’entreprises, alors que les études existantes dans ce domaine au niveau belge se basent uniquement sur des données financières accessibles au public.
Les résultats de cette étude sont intéressants pour les réviseurs d’entreprises qui sont actifs, ou qui ont l’intention de le devenir, sur le marché (potentiellement grand) des PME qui ne sont pas tenues de nommer un réviseur d’entreprises. Par ailleurs, les résultats de cette étude sont également intéressants pour les dirigeants de PME qui envisagent de faire appel à un réviseur d’entreprises sur base volontaire.
Dans un premier temps, sur un total de 8.615 PME qui ont été contactées par e-mail, 189 réponses ont été considérées comme utilisables pour analyse (taux de réponse de 2,2 %). Dans un second temps, 3.765 PME de ce même groupe ont reçu le questionnaire par la poste et 399 d’entre elles ont fourni des réponses utilisables (taux de réponse de 10,6 %).
La base de données Belfirst a permis d’identifier 4.561 PME comme n’étant pas obligées de nommer un commissaire en vertu des articles 141 et 146 du Code des sociétés et qui en nomment un volontairement. Les 4.561 PME identifiées permettent de représenter le marché qui est ciblé par cette étude. En outre, un groupe de contrôle de 5.000 PME qui ne nomment pas de commissaire a été sélectionné.
Moins de la moitié des répondants (43,3 %) ont indiqué faire appel à un réviseur d’entreprises pour l'audit financier externe. Cela nous permet de supposer qu’il existe un marché potentiel important pour les cabinets de révision. Parmi ceux qui n’ont actuellement pas fait appel à un réviseur d’entreprises, un peu moins d’un quart y ont eu recours par le passé. Seule une très petite proportion des entreprises non auditées a l’intention de recourir aux services d’un réviseur d’entreprises pour l’audit des comptes annuels.
Les données disponibles sur Belfirst ont permis de constater que pour les 4.561 PME qui ne sont pas tenues de nommer un commissaire, mais qui le font malgré tout, le marché est dominé par les petits cabinets de révision (maximum 5 réviseurs d’entreprises), suivis par les cabinets des Big4 (Deloitte, Ernst & Young, KPMG, PWC). Les cabinets de taille moyenne (p.ex. BDO, Grant Thornton, HLB, Mazars, PKF, RSM) et les réviseurs d’entreprises indépendants (travaillant seuls) jouent un moindre rôle dans ce groupe avec un tiers de part de marché.
Des obligations légales antérieures et/ou des obligations légales indirectes (comme les sociétés filiales d’un groupe) impliquent qu’un nombre important de sociétés de ce groupe de PME ont recours aux services d’un réviseur d’entreprises (cf. l’identification du marché est approximative en raison de l’impossibilité de tenir compte à part entière des aspects précités). De plus, il ressort également des résultats qu’un nombre important de PME désigne un réviseur d’entreprises sur base volontaire pour l’audit financier externe. Dans certains cas, ce sont les actionnaires et/ou l’organe d’administration qui sont à l’origine de ce choix.
Dans un peu plus de la moitié des cas (54,8 %), le réviseur d’entreprises apporte des informations supplémentaires lors de l’audit financier (c.-à-d. pas de mission séparée, pas de facturation distincte). Il s’agit la plupart du temps d’informations qui ont trait à des questions techniques en comptabilité, en optimisation fiscale, pour l’interprétation des comptes annuels ou pour la mise en place ou l’amélioration des contrôles internes.
Un peu plus d’un quart des répondants (26,9 %) ont indiqué s’être appuyés lors de ces cinq dernières années sur les services offerts par un réviseur d’entreprises pour d’autres missions de contrôle où la nomination d’un réviseur d’entreprises ou d’un expert-comptable est requise. Les trois types de missions de contrôle les plus souvent demandées comprennent les fusions et acquisitions, les apports en nature et/ou quasi-apports et la transformation en une autre forme de société.
Seul un petit groupe de PME (18,2 %) ont, au cours des cinq dernières années, fait appel à un réviseur d’entreprises pour des conseils supplémentaires non liés à l'audit financier des comptes annuels. Ceci montre que le marché des PME désirant obtenir de conseils supplémentaires reste relativement petit en Belgique pour les cabinets de révision. Les conseils les plus fréquemment demandés concernent les tâches fondamentales du réviseur d’entreprises, à savoir les évaluations, les conseils fiscaux, les conseils techniques en comptabilité, mais également les conseils pour les réorganisations et les restructurations.
Les répondants à cette étude ont généralement manifesté un grand degré de satisfaction quant aux prestations fournies tant par l’associé/partner que par l’équipe d’audit (ceci vaut à la fois pour l’audit financier, les informations supplémentaires fournies dans le cadre de l’audit financier et les missions de conseil supplémentaires). Les utilisateurs de prestations d’un réviseurs d’entreprises qui ont également profité d’informations supplémentaires dans le cadre de l’audit financier estiment que ces informations supplémentaires représentent une plus-value pour leur société. Cela se traduit par une grande fidélité envers le cabinet de révision. Par rapport à cette satisfaction, il est intéressant de constater que les résultats indiquent clairement que la grande majorité des répondants considère que le réviseur d’entreprises offre un bon rapport qualité/prix dans le cadre de l’audit financier externe. Nous constatons néanmoins que le coût d’un audit financier externe représente un obstacle majeur pour les PME qui ne font pas appel à un audit financier externe. L’auditor switching (changement d’auditeur) est rare parmi ce groupe de répondants, ce qui confirme le haut degré de fidélité. La satisfaction par rapport à la prestation de services isolés, semble inciter les dirigeants de PME à aborder le sujet avec d’autres dirigeants et à les encourager dans certains cas à se tourner vers les services de conseil offerts par le cabinet de révision désigné.
En outre, les résultats suggèrent également que les sociétés qui n’ont pas recours à l’audit de leurs comptes annuels tendent à considérer leur expert-comptable comme un substitut au réviseur d’entreprises. Près de la moitié des répondants qui ont fait appel à un réviseur d’entreprises par le passé mais qui ne le font plus estiment qu’un comptable ou expert-comptable externe suffit à garantir la qualité des comptes annuels. En revanche, il s’avère qu’un peu plus d’un quart des répondants qui ont l’intention de faire appel à un réviseur d’entreprises y ont été encouragés par leur comptable ou expert-comptable.
La comparaison des perceptions des sociétés qui font appel à un réviseur d’entreprises pour l’audit financier et de celles qui n’y font pas appel, montre que ce sont avant tout les sociétés qui demandent à faire auditer leurs comptes annuels sur base volontaire qui sont convaincues qu’un audit financier externe par un réviseur d’entreprises présente des avantages évidents, tels que : (1) l’amélioration de la qualité de l’information des comptes annuels ; (2) l’amélioration de la qualité des contrôles internes ; (3) la transmission de conseils utiles pouvant représenter une valeur ajoutée pour l’entreprise ; (4) un impact positif sur la performance de l’entreprise ; (5) la diffusion en externe de la bonne performance de l’entreprise par le réviseur d’entreprises ; (6) un accès au financement par dette plus aisé ainsi qu’un taux d’intérêt moins élevé ; (7) la confiance créée auprès des clients, fournisseurs et autres partenaires de négociation ; (8) le renforcement du gouvernement d’entreprise ; et (9) l’impression que confère la présence du réviseur d’entreprises au personnel d’être contrôlé.