Au-delà du PIB.

2013 - 2014

Géraldine Thiry

Nombreux sont les courants en sciences sociales qui abordent les nouveaux indicateurs de richesse en vue d’un « au-delà du PIB ». Pour l'heure, les travaux en la matière sont épars et révèlent de multiples difficultés théoriques liées, entre autres, à d’importantes confusions conceptuelles. Ni parmi les chercheurs, ni au sein des débats politiques et sociétaux, il n'existe de cadre de référence conceptuel cohérent et globalement partagé au sein duquel les perspectives de dépassement du PIB pourraient être étudiées et discutées à large échelle. Pour l’heure, les approches d’un au-delà du PIB sont cloisonnées. Ce cloisonnement a – au moins – deux conséquences : la prééminence de l’approche économique standard et la présence de nombreuses contradictions dans le traitement des questions de bien-être et de soutenabilité ainsi que dans l’élaboration de nouveaux indicateurs. S’il s’agit de décloisonner les approches, il est impératif de favoriser la recherche interdisciplinaire, en mêlant sciences sociales et sciences de la nature, pour instruire une réflexion critique et constructive vis-à-vis de la quantification des enjeux de bien-être et de soutenabilité. C'est dans cet perspective que s'inscrivent mes recherches, qui se déclinent en deux volets. Le premier s'inscrit dans le sillage de l'économie écologique et s'attèle a étudier, par le biais de l'analyse critique d'indicateurs de soutenabilité, les différentes conceptions (théoriques et méthodologiques) des rapports sociétés-nature ainsi que leurs implications normatives et épistémologiques. Le second volet est de nature socio-économique et consiste à étudier les modes d'élaboration et les usages effectifs des nouveaux indicateurs au-delà du PIB, et ce qu'un "au-delà du PIB" représente pour les acteurs qui prennent part au débat. Cette double approche entend à terme offrir une heuristique inclusive de l'"indicateur" comme étant à la fois un objet de conventions, le rouage d'un mode de gouvernementalité inscrit dans une mutation profonde du rapport entre Etat et Statistique, et un construit théorique à finalité empirique.