Appel à communications : Dynamiques religieuses en Égypte contemporaine

LARHIS

Abstracts à proposer avant le 30 novembre 2016 pour participer à ce colloque international organisé au Caire les 3-4-5 septembre 2017.

 

Appel à communications
Dynamiques religieuses en Égypte contemporaine

Colloque international organisé au Caire avec le concours de l'Institut IACCHOS
3, 4 et 5 septembre 2017

Les profondes et rapides dynamiques de changement qui s’opèrent en Égypte depuis l’ère nassérienne nécessitent de reconsidérer notre manière d’approcher les évolutions des phénomènes religieux. Situés au cœur de la vie quotidienne des Égyptiens, ces phénomènes doivent constamment être réévalués par des chercheurs confrontés à de nouvelles tendances, voire à des formes d’hybridation. Les travaux réalisés jusqu’à présent invitent à prendre en compte les dimensions parfois paradoxales des évolutions socioreligieuses qu’a connues l’Égypte contemporaine, marquées d’une part par le maintien de relations interreligieuses soutenues et, d’autre part, par une ségrégation de plus en plus marquée, associée à la réaffirmation des frontières confessionnelles, voire interconfessionnelles. En donnant à cette action une tournure résolument pluridisciplinaire, nous envisageons d’approcher toute la complexité du rôle et de l’impact du religieux dans la vie des Égyptiens, tant dans sa dimension politique, que dans son organisation sociale et culturelle.

Le premier axe consistera à s’intéresser aux interactions, d’une part, entre les deux grandes religions monothéistes représentées en Égypte et, d’autre part, entre le quotidien – le vécu – et les préceptes dogmatiques défendus par telle ou telle institution. Il s’agit donc ici de mettre en perspective faits religieux et enjeux du quotidien. La religion vécue sera dès lors étudiée dans ses rapports avec la musique, le droit, les loisirs, la politique, les affaires, ainsi qu’à travers les espaces du religieux (ville/campagne, quartier, lieux de culte, marquages sonores, physiques, symboliques du territoire), propices à l’analyse de ces interactions.
Après la question des contacts vient celle des scissions et de la compétition interreligieuse qui en découle, qui sera abordée au sein d’un deuxième axe. Cette compétition se manifeste souvent entre les deux grandes religions monothéistes que sont l’islam et le christianisme, mais provient également du succès de mouvements d’ampleur (charismatique, pentecôtiste, salafiste…) au sein même de chaque confession, qui se trouvent à l’origine de querelles d’ordre religieux, dogmatique et identitaire. Là encore, c’est à travers le quotidien des individus que sera abordée cette question de la compétition, au Caire comme dans le reste du pays. Comment frontières et rivalités confessionnelles se créent-elles, fertilisant le terreau d’un développement communautaire parfois hermétique, et dans quelle mesure cela influence-t-il la vie quotidienne des Égyptiens ? A travers des approches résolument empiriques, ces rivalités seront notamment abordées par la question des représentations religieuses qui transparaissent dans la presse, la littérature, le cinéma, la musique ou les arts visuels.
Un troisième axe sera consacré aux circulations religieuses. Cette dynamique se situera tant au niveau de la circulation des idées que de celle des individus qui, dans leurs pérégrinations, emportent des pratiques, des modèles, un « ailleurs ». Il convient également d’étudier ces circulations dans leurs rapports avec l’environnement local, auquel elles doivent constamment s’adapter, ou qu’elles contribuent au contraire à reconfigurer. Nous encourageons dans cet axe, outre les interventions concernant l’Égypte, les propositions engageant des études comparatives avec d’autres contextes, de même que l’étude des pratiques religieuses des diasporas égyptiennes et leur influence sur leur pays d’origine.
Enfin, nous serons attentifs aux nouvelles dynamiques émergeant de la révolution du 25 janvier 2011. Celle-ci est à la fois l’aboutissement d’une décennie marquée par d’importantes évolutions sociales et politiques, ainsi que le déclencheur de nouvelles tendances dont l’ampleur reste délicate à évaluer. Au niveau politique, la question religieuse s’est souvent retrouvée au cœur des débats qui divisèrent profondément la société égyptienne après la révolution. Parmi les nombreux faits marquant la scène religieuse postrévolutionnaire, on relèvera par exemple que le salafisme a bénéficié de la courte libéralisation de la scène politique pour faire la démonstration de son ancrage et de sa capacité à mobiliser, alors que les coptes ont vu émerger de nouveaux mouvements sociaux, venant notamment contester le monopole du patriarche sur la représentation de la « communauté ». Après son arrivée au pouvoir ‘Abd al-Fattah al-Sissi a, quant à lui, promis un « renouvellement du discours religieux ». Celui-ci semble pourtant se jouer bien davantage au cœur de la société, dans la presse, dans les productions culturelles ou dans les conversations quotidiennes, particulièrement au sein d’une jeunesse éduquée avide d’émancipation vis-à-vis des diverses autorités enserrant la vie sociale dans un carcan souvent étouffant.

Les propositions de communication, de 350 mots maximum, devront être envoyées accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (3 lignes), avant le 30 novembre 2016 à l’adresse suivante : drec.colloque@gmail.com. Les interventions pourront être en français, en anglais ou en arabe.

Coordination :
Gaétan Du Roy (FNRS, LaRHis/Université catholique de Louvain, CEDEJ)
Séverine Gabry-Thienpont (Ifao, CREM-LESC UMR 7186)

Comité scientifique :
Febe Armanios (Middlebury College)
Sophie Bava (IRD)
Sarah Ben Néfissa (IRD)
Katia Boissevain (IDEMEC UMR 7307)
Jean Druel (IDEO, Le Caire)
Sebastian Elsässer (Université Christian Albrecht de Kiel)
Catherine Mayeur-Jaouen (INALCO)
Samuli Schielke (Zentrum Moderner Orient, Berlin)

Comité d’organisation :
Laurent Bavay (Université Libre de Bruxelles ; porte-parole)
Karine Bennafla (CEDEJ)
Gaétan Du Roy (FNRS, LaRHis/Université catholique de Louvain, CEDEJ)
Séverine Gabry-Thienpont (Ifao, CREM-LESC UMR 7186)
Vincent Legrand (Université Catholique de Louvain, GERMAC)

 

Publié le 20 décembre 2016