L'histoire des sciences nous apprend que de tout temps, l'homme s'est efforcé de se connaître et que les penseurs, depuis la plus haute antiquité, ont voulu percer le mystère de notre vie mentale à travers ses manifestations tant rationnelles que comportementales, tant normales que pathologiques. Nous nous accorderons cependant en attribuant à Descartes l'idée d'une science expérimentale ayant l'homme pour objet. Toutefois, les débuts officiels de la psychologie expérimentale remontent à la fondation, à Leipzig, d'un laboratoire, par Wilhelm Wundt en 1879.
La psychophysique fondée par Fechner poursuivait un idéal teinté d'animisme et devait permettre d'exprimer avec précision les relations entre le physique et le psychique, entre le corps et l'esprit, entre le cerveau et la pensée. Cette science retint l'attention de l'abbé Mercier, qui avait par ailleurs suivi les cours et les démonstrations de psychiatrie de Charcot à la Salpétrière, alliant ainsi ses intérêts pour l'expérimentation et pour l'observation psychiatrique.
En 1889, le futur cardinal Mercier fondait, à l'initiative du Pape Léon XIII, l'Institut supérieur de philosophie, orienté vers l'étude du thomisme. Tout naturellement, une place de choix allait être réservée à la psychologie expérimentale, au sein du programme d'enseignement et des activités de recherche. Le chanoine Thiéry fut envoyé au laboratoire de Wundt.
Dès son retour en 1892, il fonda un des premiers laboratoires de psychologie expérimentale et se consacra à l'enseignement de cette discipline.
C'est en 1923, qu'Albert Michotte van den Berck, disciple de Wundt et successeur de Thiéry, créa dans le cadre de la Faculté de philosophie et lettres, l'École de pédagogie et de psychologie appliquée à l'éducation. L'accent était mis sur la pédagogie, la psychologie étant considérée en quelque sorte comme une science d'appoint, du moins s'il faut s'en tenir à la dénomination de l'École.
Le Professeur Collard, décédé en 1927, enseigna la pédagogie pendant 50 ans et fut un des artisans de la loi de 1890, instituant l'étude de la pédagogie dans les universités belges.
Michotte fit appel à Arthur Fauville, Docteur en philosophie, disciple de Titchener, avec qui il travailla en 1922 à la Cornell University. Fauville créa, à Louvain, le laboratoire de psychologie pédagogique et réalisa en 1935 un projet qui depuis longtemps lui tenait à coeur : la création, en collaboration avec la Faculté de médecine, d'un service de consultations psychologiques pour enfants.
En 1928, Raymond Buyse fut à son tour appelé à collaborer avec Michotte. Formé à la Faculté internationale de pédologie de Bruxelles, assistant du Docteur Decroly à l'Institut des hautes études de Belgique, influencé par le docteur Yoteiko, il fonda cette même année, le Laboratoire de didactique expérimentale. Jusqu'à sa mort, Buyse allait rester le défenseur actif d'une quantification rigoureuse dans le domaine de l'évaluation pédagogique.
Au fil des années, de nouveaux et nombreux secteurs de la psychologie allaient se développer, des collaborations fructueuses s'amorçaient avec la justice : étude et traitement de l'enfant et de l'adulte délinquants ; avec la médecine : approche clinique du malade mental en vue de la prévention et du traitement de la maladie ; développement de la psychologie religieuse, application de la psychologie à l'industrie, au commerce, à la publicité,...
L'enseignement de la pédagogie et de la psychologie à Louvain eut très tôt une vocation internationale : en 1945, le Professeur Nuttin pouvait écrire que 25% des licenciés de l'École et 27% des docteurs étaient de nationalité étrangère, venus de différents pays d'Europe, des États-Unis d'Amérique, d'Amérique du Sud, d'Afrique ou d'Asie. Plusieurs de nos anciens étudiants étrangers enseignent dans leur pays d'origine et de nombreux étudiants belges sont titulaires de chaires de psychologie ou de pédagogie à l'étranger.
Le développement, pour ne pas dire l'explosion, de la modeste École rendait indispensable la création d'un Institut de psychologie chargé de former des praticiens et des chercheurs regroupant les diverses activités d'enseignement et d'expérimentation. Cela se réalisa sous l'impulsion de Michotte. Le 24 juillet 1944, notre Alma Mater pouvait dès lors s'enorgueillir de compter le premier institut universitaire offrant un enseignement psychologique complet ; cet Institut demeura rattaché à la Faculté de philosophie et lettres.
Le dédoublement linguistique se réalisa progressivement dès 1925 et se compléta en 1941. L'enseignement de la psychologie à Louvain allait dès lors suivre l'évolution de l'ensemble de l'Université et la séparation linguistique s'accomplit peu à peu, encore que certaines relations privilégiées aient pu survivre à la division.
L'Institut de psychologie se développait de plus en plus et présentait des revendications légitimes d'autonomie ; le nombre d'étudiants ne cessait de croître et les centres de recherches de se multiplier. Le Conseil de direction de l'Université lui accorda, le 1er octobre 1969, le statut de Faculté.
Le transfert de la Faculté de Leuven à Louvain-la-Neuve eut lieu en 1977, dans des locaux loués par l'Université. L'installation dans son bâtiment propre date de 1995.
En mars 2009, une nouvelle structure de l’université a vu le jour avec la mise en place des 3 secteurs (sciences humaines, sciences de la santé et sciences et technologies) et, au sein de chaque secteur, la structuration en différents niveaux de l’enseignement et de la recherche : instituts, centres de recherche et plateformes technologiques côté recherche; facultés, commissions d’enseignement et commissions de programme côté enseignement.