Un lieu d’enseignement supérieur est un lieu d’échange, perpétuellement en mouvement, un espace où diverses paroles peuvent coexister. Un lieu ouvert sur la discipline enseignée et sur le monde. Un lieu où règne un esprit plutôt qu’une doctrine. Un lieu qui se nourrit de convictions, de doutes et d’incertitudes.
L’Institut Supérieur d’Architecture Saint-Luc de Wallonie à Tournai a, depuis des décennies, cherché à s’ouvrir et à créer en son sein un débat, alimenté à la fois par les enseignants de l’institut et par les intervenants extérieurs. Dès les années 70, sous l’impulsion du Directeur de l’époque François Piette, Jean Dubuisson, Pierre Pinsard et Pierre Vago, suivis par Jean Willerval, sont venus en professeurs invités à l’Institut. Ils y ont transmis leur savoir-faire d’architecte, aidés en cela par les ingénieurs Stéphane Du Château et Pierre Malinovski. Plus tard, sous l’impulsion de Michel Tilman, le flambeau a été repris par Yves Lepère et Michel Corajoub, Carlos Ferrater, Franco Purini, Henri Ciriani, Roland Schweitzer et Jordi Farrando, qui ont proposé aux étudiants de quatrième et de cinquième année des thématiques de projet, les guidant sur les pistes du territoire, de l’abstraction, du site romain de la Velia, d’une approche pédagogique particulière, de la construction en bois ou de l’espace public. Ces dernières années, ce sont les architectes Luigi Snozzi, Aurelio Galfetti, François Deslaugiers, Esteban Bonell, Felix Claus, Hans Kollhoff, et Jean-Marc Ibos & Myrto Viart qui ont nourri notre réflexion sur l’architecture en nous proposant les regards qui sont les leurs.
L’institut a également eu la chance d’accueillir des conférenciers de choix, architectes ou personnalités issues d’autres disciplines. Ainsi les interprétations du Re Aedificatori de Alberti n’ont plus de secret pour nous depuis le passage du philosophe Bruno Queysanne qui, lors d’une autre conférence, a mis en parallèle les architectures de Loos et du philosophe Wittgenstein. Les exposés de Bernardo Secchi nous ont initiés à la rationalité minimale de Sienne et à la démarche spécifique adoptée dans l’élaboration de ses propres projets urbanistiques et architecturaux. Jan Hoet a défendu avec enthousiasme le concept « glocal »à mi-chemin entre le particularisme et l’universel. Georges Baines nous a promenés dans les entrailles de la maison Guiette de Corbu, dans les méandres du Palais des Beaux-Arts de Horta ou chez Perret, grâce à ses projets de restauration. Rudy Ricciotti nous a mis face à une architecture d’une grande force et un propos qui ne l’est pas moins. Jacques Gubler nous a permis de traverser la carrière de Robert Maillart alors que Sylvain Dubuisson nous a emmenés dans la dimension du design. Laurent Ney s’est positionné là où architecture et ingénierie se rejoignent. Quel souvenir laissé par Riccardo Petrella qui, deux heures durant, a captivé un auditoire en défendant le bien commun. Que de moments intenses passés avec Augustin Berque et l’oekoumène. Thierry de Duve, quant à lui, a essayé de nous familiariser avec le monde d’Emmanuel Kant.
Professeurs invités sont d’un apport essentiel dans un lieu d’enseignement et ce, à plusieurs titres. D’abord, avec leur venue, un événement se crée dans l’Institut, une mise en situation, une rencontre marquante, provoquant l’engouement et l’enthousiasme sans lesquels il ne peut être question d’architecture. Ensuite, ils proposent aux étudiants et aux enseignants de travailler sur une question précise durant un laps de temps assez court d’un mois. Les professeurs invités confrontent les étudiants des années master à un discours, à une méthode et à une prise de position affirmée, qui les amènent à leur tour à se situer et à se confronter dans un échange critique lors du jury. Enfin, ils nous guident à travers leur travail, explicitant leur démarche d’architecte lors de la conférence de clôture, ouverte à tous. Les conférenciers de leur côté contribuent à cette effervescence en nous permettant d’aborder des disciplines connexes à l’architecture et à élargir, à faire évoluer notre regard sur le monde...
WITTEVRONGEL B., Traces, Institut Supérieur d’Architecture Saint-Luc Tournai, 2008
Depuis l’intégration de l’Institut Supérieur d’Architecture Saint-Luc à l’UCL, la Faculté d’Architecture, d’Ingénierie Architecturale, d’Urbanisme LOCI -site de Tournai- perpétue ces rencontres pédagogiques.
Les étudiants de Master ont l’occasion, chaque année, de développer un projet particulier sous la direction du professeur invité; ils s’enrichissent d’un regard, d’une approche pédagogique différente, nourrissant leur travail de la rencontre d’architectes et d’ingénieurs de renom. Dernièrement, nous avons eu l’honneur de recevoir les architectes Lacaton et Vassal ainsi que Gigon et Guyer, l’Ingénieur Jürg Conzett, l’architecte Peter Saint-John, l’ingénieur-architecte Klaas De Rycke de l’agence Bollinger & Grohmann, l’architecte portugais Manuel Aires Mateus, l’ingénieur-architecte Philippe Viérin, l’architecte Christian Rapp (Rapp+Rapp), l’architecte Winy Maas de l'agence MVRDV (photo), l’architecte madrilène Alberto Campo Baeza et l’architecte suédoise Mia Hägg.
L’échange lors du jury ouvert à tous les étudiants, ainsi que la conférence de clôture sont des moments d’apprentissage pour tous.
- 1997 Carlos Ferrater
- 1998 Franco Purini
- 1999 Henri Ciriani
- 2000 Jordi Farrando
- 2001 Roland Schweitzer
- 2002 Luiggi Snozzi
- 2003 Aurelio Galfetti
- 2004 François Deslaugiers
- 2005 Esteban Bonell
- 2006 Félix Claus
- 2007 Hans Kollhoff
- 2008 Ibos et Vitart
- 2009 Bernardo Secchi
- 2009 Laurent Ney
- 2010 Lacaton et Vassal
- 2011 Gigon et Guyer
- 2011 Jürg Conzett
- 2012 Peter Saint-John (Caruso St John Architects)
- 2013 Klaas De Rycke (agence Bollinger Grohmann)
- 2013 Manuel Aires Mateus
- 2014 Philippe Viérin
- 2014 Christian Rapp (Rapp+Rapp)
- 2015 Winy Maas (agence MVRDV) (photo)
- 2016 Alberto Campo Baeza
- 2017 Mia Hägg/ Jan Aman