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7 octobre 2014 : Annette Gerstenberg (Freie Universität Berlin) ~ (local ERAS 70)
Narrative priming: une approche du récit autobiographique en tant que "genre générationnel"RésuméLa jeune génération développe-t-elle ses propres stratégies dans les pratiques conversationnelles du récit? Pour apporter un élément de réponse à cette question, nous présenterons la méthode du narrative priming et les premiers résultats d'une étude expérimentale menée dans ce cadre. L'étude s'appuie sur deux récits du corpus LangAge racontés par des personnes âgées (m, 78; f, 87). Il a ainsi été demandé à des étudiants français de raconter de manière « spontanée » une anecdote de leur propre enfance, suivant en grande partie le principe du prime. En plus des similarités de contenu, qui assurent la comparabilité entre les corpus (« âgés » vs. « jeunes »), le corpus de récits autobiographiques « jeunes » issu de cette étude nous a permis d'identifier les traits de la structure narrative et de la structure prosodique qui marquent des différences générationnelles à l'intérieur du genre du récit autobiographique.
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21 octobre 2014 : Sabela Fernández da Silva & Cristian González Arias (Pontificia Universidad Católica de Valparaíso) ~ (local ERAS 70)
Les réactions des lecteurs face à la vulgarisation scientifique dans la presse digitale
Présentation pdfRésuméLa presse digitale est devenue un moyen privilégié de diffusion des connaissances spécialisées au grand public. La société est de plus en plus consciente de la répercussion de certaines innovations scientifiques et technologiques dans la vie quotidienne, et exige que ces informations soient communiquées de façon efficace et rigoureuse. Avec l’apparition de la presse numérique, les principaux médias écrits ont offert à leurs lecteurs la possibilité de réagir aux articles sous forme de commentaires. Cette plateforme virtuelle de discussion offre un scénario privilégié pour connaître la manière dont sont perçues les innovations scientifiques par le public non spécialisé, et aussi à la façon dont les lecteurs s’approprient les connaissances spécialisées et les intègrent dans leur propre discours. Pour cela, nous avons analysé 6 articles de vulgarisation scientifique parus dans la presse en Espagne et au Chili, et les 40 premiers commentaires par article. D’un côté, nous avons examiné à quelles thématiques de l’article principal les lecteurs réagissent, et à travers quel type d’actes de langage. De l’autre côté, nous avons analysé les moyens linguistiques employés pour communiquer les connaissances spécialisées, notamment le choix terminologique. L’analyse montre une position méfiante du lecteur face aux motivations économiques et politiques de certaines recherches scientifiques, ainsi qu’une position critique envers les stratégies de vulgarisation du journaliste, à travers un langage qui défie totalement les frontières entre le discours spécialisé et non spécialisé.
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18 novembre 2014 : Philippe Hiligsmann (promoteur porte-parole), Kirstel Van Goethem, Fanny Meunier, Arnaud Szmalec, Benoit Galand (UCL) et Laurence Mettewie (Unamur) ~ (local ERAS 70)
Présentation du projet ARC "Evaluation de l’Enseignement d’une Matière par Intégration d’une Langue Etrangère (EMILE) : perspectives linguistiques, cognitives et éducationnelles"
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9 décembre 2014 : Mathieu Avanzi ~ (local ERAS 70)
La perception des accents régionaux du français
Mots-clefs : Accents régionaux, prononciation, perception, Belgique, France, Suisse romande, français standard, phonétiqueRésuméDans cette communication, nous présentons les résultats de plusieurs expériences visant à mieux comprendre ce qui distingue, ou au contraire rapproche, les accents du français parlé en Europe du point de vue de la perception d'auditeurs francophones. Cette étude se base sur l’étude de productions lues et conversationnelles recueillies auprès de 120 locuteurs originaires de Belgique (Bruxelles, Gembloux, Liège, Marche-en-Famenne et Tournai), de la moitié nord de la France (Béthune, Brécey, Lyon, Paris et Ogéviller) et de Suisse romande (Genève, Fribourg, Martigny, Neuchâtel et Nyon). Chacun des locuteurs a été enregistré deux tâches : une tâche de lecture et une tâche de conversation (cf. PFC, Durand et al. 2009).
Dans un premier temps, on a extrait, pour chacun des 120 locuteurs, la même phrase lue (environ 10 secondes en moyenne). On a ensuite proposé à des auditeurs originaires de France, de Belgique et de Suisse romande de juger sur la base de l’écoute de cette phrase, l’origine de l’auditeur dans une tâche de réponse à choix fermé (3 choix : Belgique, France ou Suisse romande). Deux tests ont été proposés en parallèle : (i) dans un test, les auditeurs entendaient uniquement les stimuli extraits de productions de locuteurs âgés (50-90 ans), (i) dans un autre test, les stimuli étaient extraits de productions de locuteurs plus jeunes (20-40 ans). Dans un second temps, on a extrait des conversations de chacun des 120 locuteurs des séquences de 12 secondes en moyenne. On a regroupé les productions des locuteurs selon leur origine géographique (France, Belgique et Suisse) et on a demandé à des auditeurs "autochtones" de juger de l’origine des locuteurs via un questionnaire à choix fermé (ainsi pour la Belgique p. ex., les auditeurs entendaient 40 extraits de conversation et devaient indiquer si le locuteur était originaire de Bruxelles, de Gembloux, de Liège, de Marche-en-Famenne ou de Tournai).
L’analyse préliminaire des résultats montre que les auditeurs obtiennent de très bons scores (en moyenne 60% de bonnes réponses, niveau de chance à 33%) lorsqu’il s’agit de classifier les locuteurs selon leur pays (Belgique, France ou Suisse romande), même si les analyses par classification automatique (clustering et MDS) montrent que certaines régions (notamment Bruxelles, Tournai et Ogéviller) forment un groupe distinct, qui se rapproche de la France mais qui n’y est pas rattaché directement. En revanche, les auditeurs présentent de plus grandes difficultés quand on leur demande d'identifier la région exacte des locuteurs (30% de bonnes réponses en moyenne, contre un niveau de chance à 20%), ce qui montre que les variétés de français parlées en Belgique, dans la moitié nord de la France et en Suisse romande ne sont pas si hétérogènes que ça à l’intérieur de ces zones. L’influence de l’origine, de l’âge et du sexe des locuteurs et des audtieurs seront discutés lors de la présentation.
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16 décembre 2014 : Andrea Pizarro Pedraza ~ (local ERAS 70)
Comment et pourquoi varient les concepts sexuels en espagnol? Recueil, analyse et interprétation sociolinguistique
Présentation pdfRésuméLa motivation sociale du tabou linguistique est amplement reconnue dans la bibliographie (Allan & Burridge, 1991, 2006). Pourtant, les études empiriques sur sa variation sociolinguistique sont rares, surtout en langue orale.
L’analyse du langage tabou fait face à deux problèmes majeurs : le choix d’un corpus adéquat et les difficultés méthodologiques lors de l’analyse. En espagnol, les corpus oraux disponibles manquent d’expressions taboues suffisantes et de l’information sociale nécessaire. De plus, l’intense variation dans l’expression des concepts tabous (métaphores, métonymies, expressions vagues, etc.) limite l’utilisation d’outils de fouille de données massives.
Tenant compte de ces problèmes, j’ai décidé de créer un corpus oral à Madrid sur le sujet de la sexualité. La méthodologie a été planifiée pour recueillir des données abondantes et comparables, aussi bien linguistiques que sociales. J’ai rédigé un questionnaire conçu pour éliciter indirectement les concepts sexuels lors d’interviews enregistrées face à face. Pendant le travail de terrain, 54 interviews ont été recueillies dans deux quartiers de Madrid. Le corpus est stratifié par sexe, âge et niveau éducatif, bien que d’autres informations sociales soient aussi présentes. Après la transcription, le Corpus Madrilène Oral de la Sexualité (MadSex) atteint à peu près 1 million de mots et inclut des concepts sexuels très variés.
L’analyse de la variation sémantique se base sur un cadre théorique mixte appelé « la Sociolinguistique Cognitive de la Troisième Vague ». Elle se base sur une vision plus sociolinguistique de la récente Sociolinguistique Cognitive (Kristiansen & Dirven, 2008), en adoptant les postulats de la Third Wave des études de variation (en termes de Eckert 2005, 2009). Cela suppose la compréhension de la variation en tant que pratique(s) stylistique(s) et non pas comme simple reflet des catégories macrosociologiques des locuteurs.
Dans ce contexte, ce travail analyse ce que signifie la variation sémantique des concepts sexuels pour les locuteurs. Concrètement, mes questions ont porté jusqu’à maintenant sur les idées reçues sur le tabou linguistique : la relation « femme et tabou » (Est-ce que la sexualité féminine est plus tabouisée ? Est-ce que les femmes s’expriment de façon plus indirecte ?), les stratégies sémantiques pour l’expression du tabou (Quelles sont les stratégies préférées ? Sont-elles liées aux facteurs sociaux ou contextuels?), ou la distance entre la langue orale et écrite pour l’expression du tabou (Sont-elles comparables ? Peut-on extrapoler les résultats des analyses du tabou en langue écrite au comportement oral ?).
Les résultats diffèrent ou nuancent considérablement la bibliographie, en nous apportant une connaissance empirique du phénomène du tabou linguistique en interaction. Ils confirment, de plus, la nécessité d’études d’un phénomène central mais longuement négligé.
Références
Allan, Keith and Burridge, Kate (1991), Euphemism and Dysphemism. Language Used as Shield and Weapon (New York, Oxford: Oxford University Press).
Allan, Keith and Burridge, Kate (2006), Forbidden words (New York: Cambridge University Press).
Eckert, P. (2005). Variation, convention, and social meaning. Paper presented at the Annual Meeting of the Linguistic Society of America.
Eckert, P. (2009). Three waves of variation studies. http://www.stanford.edu/~eckert/PDF/ ThreeWavesofVariation.pdf.
Kristiansen, G. & Dirven, R. (Eds.) 2008. Cognitive sociolinguistics. Language Variation, Cultural models, Social systems. Berlin, Mouton de Gruyter.
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17 mars 2015 : Daniela Rossi ~ (local C 221)
Creative Total Reduplication: a linguistic and experimental perspective
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2 juin 2015 : Tea Prsir
(titre non communiqué)
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23 juin 2015 : Edwige Dugas
Actions de la cellule de formation CéforomRésuméJe propose dans cette communication une analyse des formes nominales en non- en français dans le cadre de la grammaire de constructions (Booij, 2010 ; Goldberg, 2006 ; Croft & Cruse, 2004). NONQUALIFICATION, NON-ITALIEN et NON-VILLE sont des exemples de telles constructions :-
(1) Une non-qualification serait un cataclysme pour l’équipe de France, qui a disputé tous les Mondiaux depuis 1997.
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(2) Pour un non-Italien, la cuisine italienne a son épicentre quelque part entre la Toscane et l’Emilie-Romagne et se résume à des plats classiques comme la pizza napoletana, les pâtes à la bolognaise ou un délicieux Tiramisu.
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(3) Sarcelles c’est l’archétype de la non-ville, le chef d’oeuvre de l’aberration urbanistique.
Sur la base d'un corpus de 978 différentes formes nominales en non- issues de la nomenclature du TLFi, de Frantext et d'internet, je montre que (i) ces formes sont des constructions morphologiques, et non- un préfixe qui s'attache à une base nominale pour former un nom ; (ii) elles ont en commun un sens négatif, véhiculé par le préfixe non- ; (iii) ce sens négatif se décline en trois interprétations possibles – je me demanderai notamment si l'on peut onsidérer qu'à chacune de ces interprétations est associée une construction.RéférencesBooij, G. (2010). Construction morphology. Oxford : Oxford University Press.
Croft, W., & Cruse, A. (2004). Cognitive linguistics. Cambridge : Cambridge University Press.
Goldberg, A. E. (2006). Constructions at work: The nature of generalization in language. Oxford : Oxford University Press. -