Présentation du centre
Dès sa création, l’Institut supérieur de Philosophie (ISP) a mis la philosophie des sciences au cœur de son dialogue avec la modernité. Le CEFISES (Centre de Philosophie des Sciences et Sociétés) assume pleinement cette mission dans la lignée de Jean Ladrière, son fondateur, en analysant l’activité scientifique dans ses nouvelles dimensions tant épistémologiques que sociétales, autour de questionnements transdisciplinaires à la croisée des sciences, de la logique et de la philosophie.
En contact étroit avec les disciplines scientifiques (physique, biologie, sciences cognitives, économiques, sociales), le CEFISES examine, selon les méthodes analytiques, les problématiques philosophiques fondamentales et celles, plus topiques, liées à une ou plusieurs disciplines spécifiques. Sont donc interrogés le statut épistémologique, la portée cognitive et l’influence sociale des modèles scientifiques, et les diverses conceptions de l’homme et de la nature sous-jacentes.
Selon la perspective réaliste, les sciences visent la construction de modèles non seulement adéquats empiriquement mais qui atteignent – bien que de manière partielle et approximative – une réalité externe et inobservable. Dès lors, une pensée philosophique et métaphysique de la nature et de la culture peut s’appuyer sur les résultats scientifiques, sans pour autant s’y réduire.
Mais l’activité scientifique comporte également une dimension historique et sociétale que la philosophie des sciences doit prendre en compte. C’est pourquoi le CEFISES s’intéresse aux interactions entre philosophie et histoire des sciences, de même qu’à l’impact de la « technoscience » sur les sociétés contemporaines, avec toute la réévaluation que les nouvelles technologies, particulièrement en sciences du vivant, nécessitent au plan anthropologique.
Le CEFISES s’intéresse aussi à cette question : comment le raisonnement humain donne-t-il une structure à notre univers sociétal et scientifique? Dans une réalité en manque de repères, où chacun est confronté à un flux continu d'informations souvent erronées, la plupart des décisions doivent se prendre en situation d'incertitude. Pour explorer cette question, le CEFISES fait appel à des méthode formelle qui puisent dans la logique non classique, l’intelligence artificielle et la linguistique formelle. Le CEFISES analyse ainsi la capacité de l’homme à adapter et à restructurer ses croyances, en fonction de différentes dynamiques. Le but est de développer une théorie normative du raisonnement humain qui puisse être appliquée dans un monde complexe.
Objectifs
La science est une des composantes importantes de la modernité. Elle est au cœur de l’évolution de nos sociétés contemporaines, nationales et internationales. Le Centre de recherche interdisciplinaire « Philosophie des sciences et Sociétés » se donne pour objectif d’analyser l’activité scientifique selon ses multiples dimensions, ainsi que d’étudier les nouvelles articulations qui se dessinent entre sciences de la nature, sciences humaines, logique et philosophie générale.
(1) Il s’agit de cerner les spécificités des modes d’explication en jeu dans les diverses démarches scientifiques, tant empiriques que formelles, en sciences de la nature et en sciences humaines, et de les comprendre dans leur visée de vérité. Plus précisément, la dimension cognitive de la science est interrogée, d’une part, du point de vue des logiques d’explication que les diverses disciplines mobilisent, dans le but d'en cerner la pertinence et les limites ; d'autre part, cette dimension cognitive est interrogée du point de vue de la contribution de chaque discipline à une compréhension plus large des objets d’étude, sur le plan anthropologique, voire métaphysique.
(2) Il s’agit d’autre part d’analyser les divers modes d’interaction entre les sciences et les sociétés dans l'optique d'améliorer le fonctionnement démocratique. Ces interactions sont analysées du double point de vue de l’impact des technologies sur le fonctionnement sociétal et des dimensions éthiques de leur mise en œuvre. Les innovations technologiques et scientifiques modifient profondément nos modes de vie, nos systèmes de représentations et de valeurs. Analyser cela permet de faire des propositions pour que le fonctionnement sociétal soit toujours au service de l’humain.
(3) Il s’agit aussi d’analyser le raisonnement humain en science et société. Des méthodes formelles sont utilisées pour mieux comprendre et évaluer le processus de fondation, de justification et d'élargissement de la connaissance de l’homme. On se concentre sur la nature dynamique du processus : la capacité de l’homme à changer rationnellement ses croyances, sa perspective, ses attentes et même son cadre conceptuel. Particulièrement, trois aspects du raisonnement humain sont explorés et modélisés :
(a) la signification riche des mots du langage naturel et la capacité d’exprimer ce qui n’est pas exprimable dans les langages formels traditionnels,
(b) la créativité mathématique et la recherche courageuse des vérités non empiriques,
(c) les expériences de pensée et la capacité humaine à se placer en dehors de son cadre épistémique pour explorer d’autres possibilités.