Exposé d'Olivier Sartenaer, dans le cadre du séminaire "Work in Progress". De 14h à 16h en salle Jean Ladrière. Pour plus d'informations, contacter Olivier Sartenaer.
Résumé
À l’encontre de l’image traditionnelle renvoyant dos-à-dos vitalisme et matérialisme, d’une telle manière à ce que vie et matière ne soient concevables que dans les termes d’une opposition frontale de l’une à l’autre, je propose un argument d’intelligibilité visant à montrer qu’il est tout à fait possible et consistant de défendre une philosophie naturaliste au sein de laquelle vie et matière peuvent pacifiquement coexister, alors même qu’elles se conçoivent « authentiquement », l’une ne s’assimilant pas simplement à une variation ou manifestation particulière de l’autre. En d’autres termes, j’entends montrer qu’une appréhension naturaliste et authentique de la vie ne constitue pas nécessairement une menace pour le matérialisme (ou par l’autre bout, je montre du même coup qu’une appréhension authentique de la matière ne constitue pas nécessairement une menace pour le vitalisme).
Dans la pratique, mon argument se développe le long de deux dimensions orthogonales. La première, de type historique ou temporelle, est dédiée à montrer qu’il est possible de faire authentiquement droit à la vie et à la matière par l’entremise d’une combinaison idoine d’indéterminisme et de déterminisme. La seconde, anhistorique et constitutive, consiste à montrer qu’il est envisageable de penser authentiquement vie et matière sur la base d’une combinaison idoine d’antiréductionnisme et de réductionnisme. Les deux combinaisons envisagées sont ensuite montrées comme consistantes à la lumière d’un outil philosophique dont il m’incombera d’expliciter les attraits, mais aussi les apories, à savoir l’émergence. La philosophie particulière de l’évolutionnisme émergent de Morgan et Sellars, en tant qu’elle constitue une synthèse entre certains aspects de l’aristotélisme, du bergsonisme et du darwinisme, sera mobilisée à cet égard.