Exposé de Julie Jebeile dans le cadre du Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur la Crise Ecologique (GRICE). De 14h à 16h en salle Jean Ladrière. Pour plus d'informations, contacter Olivier Sartenaer.
Résumé - Dans l’exposé, je présenterai les grandes lignes du projet de recherche que je mène à l’UCL. Il s’agit, dans ce projet, d’évaluer le rôle des modèles climatiques dans la prise de décision politique. Les modèles climatiques sont des représentations du système climatique dans l’objectif d’en étudier la variabilité et d’en obtenir des projections sur l’évolution. Il est attendu de ces projections qu’elles informent la politique climatique. Cependant, elles sont entachées d’incertitudes de sorte que leur utilité peut être remise en question. J’ai montré dans mes précédents travaux que l’utilité des modèles ne repose cependant pas toujours sur la qualité de leur représentation. Ainsi mon but est de déterminer les conditions sous lesquelles un modèle climatique peut effectivement aider les décideurs politiques.
Les objectifs du projet sont les suivants : (O1) j’analyserai et clarifierai les critères utilisés par les scientifiques dans leur évaluation des modèles climatiques afin de vérifier que ces critères sont bien adaptés aux besoins politiques ; (O2) j’étudierai dans quelle mesure les modèles climatiques sont adaptés (ou adaptables) aux différents types de questions qui leur sont posées ; (O3) après avoir identifié les caractéristiques qui font d’un modèle une représentation utile à la décision politique, j’examinerai si ces caractéristiques suggèrent de nouvelles pistes d’amélioration des modèles ; (O4) enfin, les modèles climatiques échouent souvent à satisfaire un critère d’évaluation important, celui d’être libres de toute valeur : là encore, j’examinerai si cela constitue un réel défaut de ces modèles ou, au contraire, un avantage inattendu.
Biographie - Julie Jebeile vient de rejoindre l’UCL en tant que postdoctorante FRS. Elle a reçu une formation initiale en sciences physiques, et a réalisé une thèse de doctorat en philosophie des sciences à l'IHPST Paris qu’elle a soutenue en 2013. Dans sa thèse, elle a étudié les conditions sous lesquelles les modèles scientifiques, utilisés à la fois comme représentations et comme outils de calcul, sont susceptibles d’apporter aux scientifiques la compréhension des phénomènes qui les intéressent. Par la suite, elle a en particulier travaillé avec Isabelle Drouet sur les conclusions énoncées par le groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (GIEC), et plus précisément à la manière dont celles-ci sont collectivement produites et assemblées sous la forme de rapports cohérents et utiles. Son projet de recherche à l’UCL vient donc dans le prolongement de ses réflexions sur les modèles scientifiques et sur l’expertise du GIEC.