Le poumon, et, plus largement, le système respiratoire, est très fréquemment défaillant chez les patients admis dans les services de médecine aigüe. Cependant, les mécanismes physiopathologiques qui interviennent dans cette défaillance sont imparfaitement connus. La recherche en pathologie respiratoire chez le patient aigu s’articule actuellement au cours de 2 axes, à travers une recherche fondamentale et translationnelle.
- Le Syndrome de Détresse Respiratoire Aigü (Acute Respiratory Distress Syndrome ou ARDS) est une cause d’insuffisance respiratoire très fréquente dans les unités de soins intensifs. Jusqu’à 10% des patients hospitalisés aux soins intensifs vont développer un ARDS au cours de leur séjour. Ce syndrome se caractérise par l’inondation du poumon par du plasma ainsi que des cellules inflammatoires. Les parties du poumon qui sont ainsi « consolidées » ne peuvent dès lors plus jouer leur rôle pour oxygéner le sang et en éliminer le CO2. Si le rôle des alvéoles pulmonaires dans le développement de ce syndrome a déjà fait l’objet de nombreux travaux de recherche, le rôle joué par les voies respiratoires « de conduction », les bronches et les bronchioles est nettement moins connu. Or, les bronches et les bronchioles sont aux avant-postes dans la défense du poumon contre les agents infectieux, notamment à travers la sécrétion d’anticorps particuliers, les immunoglobulines A, ainsi que de protéines avec une activité antimicrobienne. Nous étudions les mécanismes de défense des voies respiratoires chez les patients atteints du syndrome de détresse respiratoire aigüe, avec une attention particulière sur la production, le transport et l’activité des IgA. A travers la compréhension de ces mécanismes, de nouvelles cibles thérapeutiques pourraient être mises en évidence.
- D’autre part, une vaste majorité des patients hospitalisés aux soins intensifs, et, en particulier, tous les patients en insuffisance respiratoire, nécessitent l’administration d’oxygène. Cependant, si l’oxygène est souvent nécessaire, il peut également s’avérer toxique pour les cellules épithéliales qui tapissent bronches, bronchioles et alvéoles. Un autre aspect de recherche que nous développons est d’étudier dans quelle mesure les conditions d’oxygénation auxquelles les cellules bronchiques sont soumises influencent leur intégrité, leur fonctionnement et leur réponse à l’inflammation. En particulier, nous cherchons à découvrir si leurs capacités de production d’Ac spécifiques (les immunoglobulines A) et d’autres peptides anti-infectieux, et, par là même, leur capacité à défendre les poumons contre les virus et les bactéries, sont impactées par les conditions d’oxygénation auxquelles elles sont soumises.