MethiS » - Images fixes / Images en mouvement Mathilde Bert, Ingrid Falque, Maud Hagelstein (éd.), Images fixes / Images en mouvement, n° 5 de la revue « MethIS. Méthodes et Interdisciplinarité en Sciences humaines », 2016 |
Dans le domaine de la théorie de l’image (que celle-ci soit matérielle, imaginaire, animée, littéraire, onirique, etc.), la réflexion actuelle porte fréquemment sur les liens de l’image au mouvement. Et pour cause, ce lien s’avère essentiel : comme le montraient déjà les expérimentations chronophotographiques du pionnier de la photographie Etienne-Jules Marey, l’image – pourtant caractérisée par sa fixité – nourrit depuis toujours un rapport constant avec l’idée de mouvement. D’ailleurs, à observer les travaux récents des chercheurs concernés par le visuel, quand l’image fixe – picturale ou photographique – s’envisage désormais depuis le point de vue de la Dynamis, l’image animée est de plus en plus régulièrement valorisée dans sa fixité. Le plan peut ainsi par exemple être isolé du flux cinématographique, lorsque l’on interroge sa valeur d’exposition, ou lorsqu’il est érigé en image emblématique : le cinéaste Stanley Kubrick parlait à propos de telles images d’« unités insubmersibles » (non-submersible units) et exigeait d’un grand film qu’il en comprenne au moins six. L’image fixe serait fondamentalement liée à la perception d’une énergétique, quand l’image animée serait dépendante de la possibilité d’être immobilisée. Loin d’être paradoxal, ce constat définit à nos yeux la nature dialectique de l’image. Sans vouloir attribuer définitivement à cette dernière le caractère « fixe » ou « mouvant », il importera dans les textes rassemblés ici de proposer un modèle nuancé, capable de décrire concrètement la rythmique inhérente aux objets du champ visuel. Depuis les domaines de recherche variés qui nous occupent, et en repartant des cas concrets et particuliers qui attisent notre curiosité, on essaiera d’apporter notre contribution à une science culturelle transdiscipli- naire, convaincus que seule une vision transversale des médias permettra de saisir l’image dans sa complexité.