Concepts
Depuis ces dernières décennies, tant les chercheurs que les professionnels du champ de l’orthopédagogie sont imprégnés par les préoccupations de valorisation des rôles sociaux et de reconnaissance du droit des personnes présentant une déficience intellectuelle à faire des choix de vie. Plusieurs contributions d’auteurs ont conceptualisé l’autodétermination et l’autorégulation de ces personnes (Agran, 1997 ; Mithaug, Mithaug, Agran, Martin, & Wehmeyer, 2003 ; Sands & Wehmeyer, 1996 ; Wehmeyer, 1996 ; Whitman, 1990a-b).
Précisons que l’autodétermination est définie comme les habiletés et attitudes d’une personne lui permettant d’agir sur sa vie en effectuant des choix non influencés par des agents externes indus (Sands & Wehmeyer, 1996). La personne s’autodétermine si elle agit de manière autonome et autoréalisée, avec empowerment psychologique par un certain contrôle sur sa vie, et si elle aurorégule ses comportements.
Selon Agran (1997), pour s’autoréguler, une personne mobilise des stratégies :
- de self-management impliquant l’autoobservation, l’autoévaluation, l’autorenforcement et l’auto-instruction
- d’établissement et de planification de buts et d’objectifs, en fonction de ses motivations, de ses choix et de ses ressources
- de résolution de problèmes en fonction de l’analyse du problème et des moyens disponibles
- d’adaptabilité et d’autocontrôle des comportements en référence aux objectifs.
Des chercheurs (dont l’équipe de Nathalie Nader-Grosbois) ont examiné, au cours d’études empiriques, les particularités de l’autodétermination, ou de l’autorégulation chez des personnes présentant une déficience intellectuelle lors de résolution de problèmes ou d’apprentissages ou dans leur vie quotidienne.
Intérêt
Pour aider les personnes ayant une déficience intellectuelle à être citoyenne, à décider dans leur vie et à choisir dans divers contextes, il est indispensable d’étudier leurs compétences et leurs déficits en autorégulation et en autodétermination dans leurs composantes et dans différents domaines.
Pour adapter la façon dont les professionnels et les parents peuvent les accompagner en faveur de cette autodétermination, il faut partir de leurs profils de compétences et d’autorégulation, évaluer par des outils adéquats.
Questions
- Comment se développe l’autodétermination? Quelles compétences en autodétermination peuvent être activées dans la gestion de vie au quotidien dans différents domaines ?
- Quels sont les liens entre l’autodétermination et les motivations des personnes ?
Chez des adolescents et adultes présentant une déficience intellectuelle de diverses étiologies - Comment l’accompagnement de ces personnes peut-il favoriser l’autodétermination ?
Evaluation
Une série de mesures par questionnaire, par entretien semi-structuré a été mise au point dans plusieurs équipes de chercheurs et de praticiens nationaux et internationaux, qui ont fait l’objet de validation.
Trois outils d’entretien ont été conçus par la Professeure Nathalie Nader-Grosbois et son équipe. Ils sont présentés dans le chapitre 14 de l’ouvrage ‘Régulation, autorégulation et dysrégulation’ et dans une annexe (Nader-Grosbois, 2007, pp.245-276, pp. 321-325), ainsi que dans le chapitre 7 de l’ouvrage ‘Psychologie du handicap’ (Nader-Grosbois, 2015, pp.282-283),
- Outil d’entretien à propos du point de vue de la personne sur son autorégulation
- Outil d’entretien sur le projet de la personne en tant que perspective de mobilisation des ressources
- Outil d’entretien sur les motivations essentielles à l’action par la personne
Dans le chapitre 7 de l’ouvrage ‘Psychologie du handicap’ (Nader-Grosbois, 2015, pp.283-284), sont repris quelques exemples de programmes d’intervention en faveur de l’autorégulation et l’autodétermination en gestion de vie pour des personnes présentant une déficience intellectuelle.