Concepts
A partir de l’âge de deux ans jusqu’environ 7 ans, les enfants se situent à la période développementale symbolique. Au-delà du développement important du langage, les enfants jouent à ‘faire semblant’ et se construisent des représentations mentales propices à leurs compétences dans diverses dimensions.
Selon de Fein (1981) et McCune-Nicolich (1981), ‘Le jeu symbolique est un comportement posé de manière simulée, non littérale ou ‘comme si’. Les critères suivants permettent de le reconnaître :
- exécution d’une activité familière en l’absence du matériel nécessaire ou du contexte social habituel
- exécution d’une action en dehors de sa fonction habituelle
- objet inanimé traité comme objet animé
- objet ou geste substitué à un autre
- mime d’une action généralement exécutée par quelqu’un ou quelque chose d’autre
- comportements affectifs et instrumentaux par lesquels l’enfant signale la qualité non littérale de l’activité’
Selon des néopiagétiens, différentes composantes du jeu symbolique peuvent être distinguées et analysées :
- la productivité de scripts symboliques
- l’engagement (Giffin, 1984)
- le niveau de complexité des actions, des rôles, de l’usage fictif des objets (Bretherton, 1984)
- la participation sociale (Higginbotham & Baker, 1981)
Intérêt
Que ce soit en famille, à l’école ou dans des activités ludiques avec des amis, des voisins, les enfants avec ou sans troubles de développement, ont de multiples occasions de jouer à faire-semblant à propos scénarios de vie quotidienne, à imiter des rôles d’adultes et ou de scénarios de fiction, et propos de diverses thématiques (autour du repas, d’un itinéraire, de scène de rôle du docteur, de créativité).
Lors d’épisodes de jeux de faire-semblant, les enfants apprennent des règles sociales, utilisent le langage, de façon spontanée et découvrent la coopération sociale, l’engagement mutuel, des rôles sociaux et la créativité (Vieillevoye & Nader-Grosbois, 2008a). L’expérience de jeux de faire-semblant contribuent également chez les enfants à développer des capacités à résoudre des problèmes tant cognitifs que sociaux et à mobiliser leur autorégulation (Nader-Grosbois & Vieillevoye, 2012 ; Vieillevoye & Nader-Grosbois, 2008b, 2009).
Le jeu de faire-semblant offre une richesse de situations à observer, à analyser, intéressantes non seulement pour évaluer les compétences des enfants mais aussi pour les enrichir dans l’intervention.
Des psychologues, des enseignants ou des professionnels peuvent à la fois observer finement ces comportements de jeu symbolique, en utilisant des outils fiables et organiser des ateliers propices au développement des enfants.
Questions
- Comment se développement les compétences en jeu symbolique ?
- Y-a-t-il un retard ou des déficits dans le développement du jeu symbolique d’enfants ayant des déficiences ?
- Quelles sont les forces et faiblesses repérables dans les différentes dimensions du jeu symbolique, la productivité des scripts, l’engagement, la participation sociale, la complexité des rôles, des actions, de l’usage de l’objet ?
- Quels liens les compétences en jeu symbolique entretiennent-elles avec le niveau cognitif et langagier, social et en autorégulation ?
- Sur base des profils de compétences en jeu symbolique, comment intervenir
de façon efficace ?
- Chez de jeunes enfants à développement typique
- Chez des enfants d’âge de développement préscolaire, présentant une déficience intellectuelle de diverses étiologies
- Chez des enfants présentant des troubles du comportement
- Chez des enfants à risque
Evaluation
Concernant l’évaluation du développement des représentations symboliques, des outils d’évaluation individuelles peuvent être utilisés, tels que :
- le Symbolic Play Test (SPT, Lowe & Costello, 1988)
- le Test of Pretend Play (ToPP, Lewis & Boucher, 1997) ou l’Observation du jeu de faire semblant (Vandenplas & Deleau, 2004)
On peut utiliser une grille conçue dans l’équipe de la Professeure Nathalie Nader-Grosbois:
- la Grille d’analyse du jeu symbolique dyadique (Vieillevoye & Nader-Grosbois, 2008a, p. 9) qui permet d’évaluer lors de scénarios de jeux (dînette, docteur, transport-itinéraire, créativité) proposés à des enfants en dyades, les comportements symboliques en fonction de leur productivité, de l’engagement, de la complexité dans les actions, les usages des objets, les rôles et de la participation sociale.
Plusieurs études empiriques ont appliqué cette grille afin de comparer les compétences en jeu symbolique dyadique d’enfants tout-venant d’âge préscolaire à primo-scolaire et des enfants présentant une déficience intellectuelle (Vieillevoye & Nader-Grosbois, 2008a-b, 2009, 2012) ou d’autres troubles de développement, ou à risque.
Intervention
Plusieurs programmes d’intervention intègrent l’entraînement du jeu de faire-semblant en lien avec :
- l’entraînement de la cognition sociale, comme certains programmes destinés aux enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme, dont celui de Howlin, Baron-Cohen et Hadwin (2010, chapitre 4)
- l’entraînement des fonctions exécutives, comme le programme de Diamond, Barnett, Thomas et Munro (2007).
- l’entraînement de stratégies d’autorégulation, dans l’équipe de Nathalie Nader-Grosbois