Mardi 16 octobre 2007, à 17h30 : Corinne Schroeder (Institut universitaire européen de Florence) sur « Le Grand-Duché de Luxembourg et les enjeux européens après la Seconde Guerre mondiale ».
Mardi 6 novembre 2007, à 17h30 : Prof. E. Lamberts (Katholieke Universiteit Leuven) sur « Les réseaux transeuropéens des ultra-catholiques à la fin du XIXe siècle ».
Mardi 4 décembre 2007, à 17h30 : Dr Catherine Lanneau (Chargée de recherches FRS-FNRS, Université de Liège) sur « Un rassemblement qui divise : de Gaulle vu de Belgique au temps du RPF ».
Étudier l’image de la France en Belgique francophone au sortir de la Seconde Guerre conduit nécessairement à analyser le phénomène de Gaulle et les premières étapes de son évolution : le Général est successivement le « 1e résistant de France », le sauveur du pays, le garant de sa résurrection puis, dès 1946-47, un personnage dont l’image se brouille et se fragmente. Au printemps 1947, la création d’un parti gaulliste, le Rassemblement du Peuple Français (RPF) renforce cette incertitude. Selon les observateurs, de Gaulle devient alors recours suprême face à un régime instable, simple chef de parti ou dictateur en puissance. Mais, au-delà de cette perception multiforme subsiste une spécificité belge car l’aura mythique de « l’homme du 18 juin » reste très présente, plus présente même qu’en France. Pour beaucoup d’hommes de gauche, de droite ou de militants wallons, la fidélité à de Gaulle se superpose à d’autres fidélités alors qu’elle aurait pu ou dû les exclure. Je m’attarderai donc sur l’image du Général dans l’immédiat après-guerre avant de montrer, in fine, l’articulation entre cette recherche et mon projet post-doctoral, qui vise à dresser une typologie des relais gaullistes en Belgique des années 50 au début des années 70 et à voir dans quelle mesure ces relais ont pu être utilisés ou sollicités pour mieux faire comprendre la vision européenne du général de Gaulle au sein d’une Belgique majoritairement acquise à l’idéal supranational.
Mardi 5 février 2008, à 17h30 : Charles Barthel (Directeur du Centre d'études et de recherches européennes Robert Schuman, Luxembourg) sur « Émile Mayrisch et le pacte international de l'acier des années vingt ».
À la lumière des archives historiques de l'Arbed, l'activité d'Émile Mayrisch en sa qualité de soi-disant «promoteur» de l'Entente Internationale de l'Acier (EIA) doit aujourd'hui être révisée. Il apparaît en effet que le directeur général de la plus puissante entreprise sidérurgique du Grand-Duché, qui entretient en même temps des usines en Belgique, en France et en Allemagne, est loin d'être un adepte fervent des cartels. Pourtant il entérine le projet d'un accord européen sur le plafonnement de la production lancé par Fritz Thyssen pour la simple raison que, sans cet aval, les conventions «connexes» singulièrement avantageuses pour son entreprise – à savoir le Privatabkommen avec la Rohstahlgemeinschaft des magnats de la Ruhr, le statut particulier de la Sarre et la reconduction du contingent des exportations lorraines-luxembourgeoises à destination du Reich – ne seraient jamais entrées en vigueur. Aussi, au lieu d'attacher du prix à une réforme en profondeur de l'EIA très vite confrontée à des dysfonctionnements graves, préfère-t-il maintenir «simplement [la] façade» d'une entente devenue dans l'intervalle synonyme du «Locarno» des barons du fer.
Mardi 4 mars 2008, à 17h30 : Prof. Michel Dumoulin (Université catholique de Louvain) sur « La mémoire des deux guerres mondiales au sein de la première Commission de la CEE (1958-1962) ».
Le recueil de témoignages oraux réalisé dans le cadre de la préparation de l’ouvrage consacré à l’histoire de la Commission européenne de 1958 à 1972 (La Commission européenne, 1958-1972. Histoire et mémoires d'une institution, Luxembourg, OPOCE, 2007) a conduit à constater que le poids de la mémoire des deux guerres mondiales a joué un rôle dans les rapports que les fonctionnaires entretenaient entre eux et, aussi, avec le projet européen. Quelles sont, sur la base d’un échantillon forcément incomplet, les expériences que ces fonctionnaires ont de la guerre au moment où ils entrent dans la fonction publique européenne ? Quel poids accordent-ils, et quelle interprétation donnent-ils, cinquante ans plus tard, à la situation dans laquelle ils se sont alors trouvés ? Enfin, compte tenu de la coexistence de deux voire trois générations de fonctionnaires, la réconciliation, sur le terrain européen, des ennemis d’hier, est-elle différenciée?
La liste des témoignages oraux recueillis est disponible dans la rubrique "Archives orales", en bas de page.
Mardi 8 avril 2008, à 17h30 : Prof. Lorenzo Mechi (Université de Padoue) sur « Les aspects sociaux de la construction européenne, du Plan Marshall à nos jours ».
Dans mon exposé je reconstruirai le développement d’une dimension sociale dans les processus d’intégration européenne, à partir des premières expériences dans le cadre de la CECA, en passant par les premières années du marché commun, la crise des années soixante-dix, les réformes de la Commission Delors, jusqu’à la stratégie de Lisbonne et au débat actuel sur le « modèle social européen ». Le but est de montrer d’un côté que la construction du grand marché européen a stimulé l'affirmation progressive d’un « noyau dur » de droits sociaux garantis au niveau communautaire, de l’autre que, en dépit de certains développements importants (comme la politique de cohésion ou la « politique communautaire de l’emploi » introduite par le Traité d’Amsterdam), l’Union manque toujours d’une politique sociale réellement active et efficace.
Mardi 6 mai 2008, à 17h30 : Gaëlle Courtois (Université catholique de Louvain, Aspirante FNRS), sur « Générations européistes : le cas de la résistance néerlandaise pendant la Seconde Guerre mondiale »
La notion d’européisme se définit de manière large puisqu’elle comprend tous les mouvements favorables à des idées d’organisation à l’échelle européenne, sans préjuger du cadre ou des finalités que l’on veut prêter à cette structure. Fait d’opinion avant tout, ce vocable cache ainsi des options doctrinales et stratégiques de premier ordre et nécessite dès lors la constitution d’une typologie. Il convient également de réinsérer cette mouvance dans les terreaux sociaux et les contextes qui l’ont vu naître et évoluer. Pour ce faire, le concept de génération offre un terrain de recherche particulièrement fécond. Par l’identification d’événements clefs susceptibles de cristalliser une nouvelle génération, il permet, tant une remise en contexte et une meilleure intelligibilité de l’évolution de l’européisme, que la rencontre de l’individuel et du collectif. Un cas particulier sera envisagé, celui de la résistance hollandaise pendant le deuxième conflit mondial. La guerre a-t-elle été aux Pays-Bas le creuset d’un changement de générations ? Si la résistance a pu être présentée comme le terreau de la pensée européenne fédérale d’après-guerre, cet avis n’est cependant pas unanimement partagé. Ce constat mérite d’être approfondi pour tenter de faire le point sur la question de l’idée européenne au cœur de la résistance néerlandaise. Pour ce faire, il est intéressant d’opérer une contextualisation historique, essentiellement de différents éléments qui ont pu jouer sur l’idée européenne au sein de la population néerlandaise durant la période de guerre. Quelques spécificités de la situation du pays – historiques, politiques, économiques – seront ainsi brièvement mentionnées (neutralité durant la Première Guerre mondiale, importance des colonies, etc.). Il sera ensuite question d’évoquer l’existence ou l’absence d’idée européenne, pendant le conflit, au sein de milieux particuliers. Celui de la résistance constituera le thème central de la contribution. À ce sujet, Walter Lipgens a réalisé, pour les Pays-Bas, comme pour d’autres pays, une étude pionnière à la recherche de la pensée fédéraliste dans de multiples sources. Cependant, ses conclusions liées à ‘la’ résistance perçue comme largement favorable à la construction d’une Europe fédérale ont depuis été nuancées, voire démontées, par certains auteurs. En ce qui concerne les Pays-Bas, un bilan, un status quaestionis gagne à être réalisé pour faire la lumière, entre mythes et réalités, sur la pensée européenne au sein de la résistance néerlandaise. Ainsi, que penser du fédéralisme européen des principaux journaux de la résistance hollandaise ? Qu’en est-il des prisonniers de Sint-Michielsgestel ? Quels sont les projets pour l’Allemagne d’après-guerre… ?