Colloque Gesché XII - 28-29 octobre 2013
« L'éternité, c'est avoir toujours un avenir devant soi » A. Gesché
Avons-nous bien fait de congédier l’éternité sous prétexte de prendre au sérieux le présent? Et si le temps gagnait à s’ouvrir à plus grand que lui ? Et si l’homme était capable d’éternité ?
Privé d’horizon, le présent semble s’être refermé sur lui-même. Plus de raisons à chercher hors de l’immanence du temps qui fuit. Notre époque semble clore l’ère de la transcendance, marquée depuis l’avènement des monothéismes par l’espérance d’éternité et le temps fléché (Ch. Delsol). Et si l’histoire n’avait de réalité qu’en fonction d’une promesse et d’une attente ? Peut-être le temps est-il venu de réentendre que le Jour de Dieu c’est aujourd’hui, et que ce Jour c’est l’éternité (saint Augustin).
Lorsque la Bible parle d’éternité, elle désigne l’assurance d’un secours au milieu des angoisses de cette vie, elle élargit le quotidien aux dimensions du Jour qui n’a pas de fin, elle presse de vivre l’actualité nouvelle du Messie ressuscité, elle parle d’un Dieu Vivant qui invite, par-delà la mort, à entrer dans l’abondance de sa vie. Entre fables millénaristes et arrière-mondes illusoires, l’éternité a connu des mauvais jours et le paie d’un durable effacement, jusque dans le monde chrétien. Pourtant, depuis que l’éternel a fait irruption dans le temps et que le Royaume a été annoncé sous les traits du monde qui passe, la bonne nouvelle est à l’étroit dans une temporalité affadie.
Comment renouer avec les mots de l’espérance ? Où chercher le ton juste pour dire l’éternité que notre temps a bannie de son horizon ? La modernité tardive, qui a profondément modifié l’historicité dont pourtant elle provient, n’a rien à perdre et sans doute beaucoup à gagner à prendre conscience de cette discordance des temps.
Philosophes, artistes, biblistes et théologiens proposeront, chacun dans son registre, des voies de réflexion avant de les confronter mutuellement au cours des débats.
Benoît Bourgine