Séminaire de 3eme cycle 2017-2018

LISP 3100 : Olivier Depré, La philosophie de la nature de Hegel et son actualité

Il y a un préjugé de longue date contre la philosophie de la nature de Hegel, cette « partie honteuse » (H. Höffding) du système hégélien ; ‑ un préjugé qui a pris naissance dans la deuxième moitié du 19e siècle et qui règne encore aujourd’hui. La récente «Hegel-renaissance» à laquelle on assiste dans le monde anglo-saxon, menée par des philosophes comme Robert Brandom, John McDowell, Terry Pinkard ou Robert Pippin, a redécouvert les arguments de l’idéalisme allemand, mais n’a jusqu’à présent pas encore conduit à une révision de cette vision négative de la Naturphilosophie. Dans l’état actuel de la littérature, seules quelques études examinent la philosophie de la nature de Hegel (Illetterati 1995; Houlgate 1999; Stone 2004, et, en France, Bouton 2000; Renault 2002). Le but de ce séminaire est de contribuer à surmonter cet état de fait. Notre hypothèse de travail est que la philosophie de la biologie de Hegel peut être comprise comme préfigurant plusieurs questions fondamentales du discours philosophique contemporain, notamment en ce qui concerne les débats sur le naturalisme, la relation entre l’humain et le vivant, ou le rapport entre nature et esprit. Le séminaire abordera la philosophie de la nature de Hegel : (1) dans son contexte historique, (2) dans sa logique interne, (3) dans sa relation possible avec des débats philosophiques plus récents.

Programme

26 Octobre, Après-midi
15:00 O. Depré (UCL), Introduction
15:30 A. Gambarotto (UCL), Comment lire la philosophie de la nature de Hegel aujourd'hui
16.15 Pause café
16:45 D. Wittmann (Lyon), Peut-on parler de naturalisme hégélien ?
17h30 O. Petteni (ULg), Naturphilosophie hégélienne, cosmologie et corps textuels

27 Octobre, Matin
9:30 A. Stanguennec (Nantes), Hegel et la Naturphilosophie romantique
10:15 G. Gérard (UCL), La place de la philosophie de la nature dans le système
11:00 Pause café
11:30 C. Bouton (Bordeaux Montaigne), Nature et histoire chez Hegel
12:15 O. Depré (UCL), Conclusion des travaux


LISP 3200

Le traité des passions de la Somme Théologique de Thomas est un traité de grande ampleur consacré à la problématique des émotions. Inspiré de la Rhétorique d’Aristote et nourri de la fréquentation assidue par Thomas de la littérature ascétique et mystique du monachisme chrétien (en particulier des traités de Jean Cassien, les Moralia In Job de Grégoire le Grand, ), l’œuvre analyse les passions en général et chaque passion fondamentale en particulier : amour, haine, colère, espoir désespoir, crainte, joie, tristesse font l’objet d’analyses fouillées et d’une grande pertinence  anthropologique.
Dans la tradition occidentale, il n’y a guère que le traité de Spinoza dans son Ethique qui ait une ambition et une force comparable. 
Le séminaire consistera en une ou deux journées d’études consacrées à des exposés touchant de près à la conception des passions chez Thomas d’Aquin ; quelques exposés prendront normalement en compte également la problématique des passions chez les penseurs arabes

Programme

Vendredi 18 Mai 2018/ Friday 18. May  2018

14h-14h15 Welcome / Accueil des participants
14h15: Peter King (Toronto) : Thomas Aquinas on Passions
15h15:  Michel  Meyer(ULB): Les Passions chez Thomas sont-elles positives ou négatives, comme chez saint Augustin?
16h15: CoffeeBreak
16h30; Robert Miner (Baylor University, USA) : Passio, Affectus, and the Soul-Body Composite: The Case of Joy and Sorrow.
17h30: Julien Lambinet (Fribourg) : Mouvements du coeur et dilatations de l'esprit selon Thomas d'Aquin

Samedi 19 MAI 2018/ Saturday 19. May  2018

9h30: Marc Ozilou (IC Paris) : L'homme de désir, le coeur et les passions selon Bonaventure
10h30: Jean-Michel Counet (UCL) : Approche systémique des passions : Thomas d'Aquin et Spinoza
11h30: Coffee break
11h45: Margaret Watkins ( St Vincent College, USA): Irascible Passions in Thomas Aquinas and Hume

Lieu: Salle Jean Ladrière, Collège Mercier 14 pl. Cardinal Mercier 1348 Louvain-la-Neuve

 


LISP 3300 Que fait l’artification au concept d’art ? Approches philosophiques

Il s'agit de se demander ce que les études sociologiques des phénomènes d’artification peuvent apporter de neuf à la pensée philosophique du concept d’art et à la compréhension philosophique de la scène artistique d’aujourd’hui. Tel est le but du colloque, dans le cadre duquel deux types d’approche seront privilégiées. Soit celle de l’histoire du concept moderne d’art (Art ou beaux-arts), soit celle de l’artification ou de la désartification d’objets ou d’activités particulières.

Si l’on est attentif aux origines et à la généalogie du concept moderne d’art, on sera frappé de certaines des conclusions tirées dans la postface que Nathalie Heinich a rédigée pour l’ouvrage déjà mentionné. Ainsi note-t-elle notamment, parmi les effets de l’artification, l’ennoblissement de la pratique, son autonomisation, son individualisation, son authentification et son « esthétisation ». Ceci vient-il confirmer que notre manière de parler et de nous rapporter à l’art aujourd’hui demeure (peut-être plus qu’on ne le pense habituellement ou qu’on ne le voudrait) tributaire de critères que nous devons au XVIIIe siècle ainsi qu’à la critique du goût et la constitution des beaux-arts et de leurs institutions ? « Car si toute beauté n’est pas artistique, écrit N. Heinch, […], et si tout art n’est pas forcément beau (…), il existe malgré tout dans la culture occidentale une forte congruence entre art et beauté. Il est donc logique qu’une activité ‘artifiée’ soit dès lors investie, tant chez ses producteurs que chez ses amateurs, par une recherche de beauté, quelles qu’en soient les définitions conjoncturelles » (p. 295). Par ailleurs, authentification et individualisation renvoient de pair au génie créateur, et l’autonomie à la définition d’une sphère artistico-esthétique, bref à une constellation de notions mise sur le devant de la scène par le XVIIIe siècle encore.

Selon le second axe, les mêmes conclusions pourront donner à penser quand N. Heinich reconnaît la rareté du processus de désartification, à savoir la perte de statut d’art par un art reconnu (p. 295) : il s’agit plus souvent d’artification non aboutie, ou en régression, de résistances à l’artification, que d’authentique désartification. Une artification complète et achevée ne peut-elle donc se défaire ? Voilà qui donne à réfléchir sur le sens du devenir-art d’une pratique ou d’objets. Le statut de l’architecture fait à cet égard question, lui aussi, en ce compris par rapport au concept historique de beaux-arts, du reste. On peut se demander si l’architecture n’aurait pas sa place dans la catégorie d’« artification partielle », à savoir une artification qui ne concerne qu’ « une partie seulement de [sa] production » (290), catégorie où l’on retrouve photographie et cinéma (dont l’artification est ‘achevée’ pour le cinéma d’art et d’essai seulement), ou la photographie dite ‘d’art’).

Par-delà les arts premiers, le hip-hop, la magie, le graffiti… et autres cas étudiés par la sociologie, et qui chacun pose la question de l’artification de manière spécifique, on pourrait en évoquer d’autres et leurs spécificités ; et s’interroger encore sur la signification et l’impact des phénomènes observés eu égard au lien sémantique entre art(s) et culture(s).

Programme

Mercredi 24 janvier 2018

15h-15h30 : Accueil/ café
15h30 : Danielle Lories (UCL) : Bienvenue et introduction
16h30 : Rudy Steinmetz (ULg) : Artialisation, désartialisation, réartialisation : cas de l'architecture contemporaine
17h30-18h30 :Thierry Lenain (ULB) : Prolégomènes à une philosophie de l’artification

Jeudi 25 janvier 2018

9h Accueil/café
9h30 : Nathalie Heinich (EHESS, Paris): L'artification, ou l'art du point de vue nominaliste
10h30-12h30 : Lucienne Strivay (ULg) et Valérie Glansdorff (ULB) : Taxidermie : entre artification et résistances
12h30-14h : Pause déjeuner
14h : Maddalena Mazzocut-Mis (U. Milan) : La photographie entre artification et désartification
15h : Salvador Rubio Marco (U. de Murcie) : La valeur de la beauté au cinéma: artification et désartification
16h pause café
16h30-18h30 : Table ronde: Iulia Toader (U. Paris-Sorbonne IV) : Équipement technique ou objet(s) d’art ? Du geste outillé dans la cérémonie du thé japonaise, Martin Hullebroeck (ULB/ Paris1 Panthéon-Sorbonne) : Reprendre le concept d’art à la lumière des (dés)artifications du « post-ethnologique » : les collections coloniales et ethnographiques face à l’esthétique, Clarisse Goudet (U. Nice) : Les objets du patrimoine kanak : art ou anthrologie ?, Rosanna Gangemi (ULB) : Se faire signe : toponymie urbaine et passage à l’art.
19h : discussion générale

Vendredi 26 janvier 2018

9h : Accueil/ café
9h30 : Carole Talon-Hugon (U. Nice) : De l’importance négligée de la vie des idées dans les processus d’artification. Le cas de l’‘art préhistorique’
10h30 : Gerard Vilar (U. A. Barcelone) : La dimension cognitive des processus d'artification
11h30 : Anne Elisabeth Sentje (U. Roskilde): Argumentation et artification : quels critères esthétiques ?
12h30 : pause déjeuner
14h : Carl Havelange (FNRS-ULg) : Les arts situés. Libres propositions pour une alternative à la notion d'artification
15h : Claudio Rozzoni (U. nouvelle de Lisbonne) : Art, expérience esthétique, valeur : une approche phénoménologique de l’artification
16h : pause café
16h 30 : Bruno Trentini (U. de Lorraine) : La consécration artistique : le cas des conditions de production comme leurre artistique
17h15-18h30 : Table ronde et débat: Cécile Angelini (UCL) : Sur les traces de l’œuvre contemporaine, Evangelia Dimopoulou (U. Paris1 Panthéon-Sorbonne) : Du concept de l’art à l’intelligence artistique, Timothée Moreau (ULg) : Artification de l’industrie culturelle et culture populaire.
18h30 : fin des travaux