Un bienfaiteur, Mgr Jean Jadot

Louvain-La-Neuve

Mgr Jean Jadot fut un grand ami de la Fondation. Il lui a apporté son soutien dès ses débuts en 1996. Il lui paraissait particulièrement important d'investir dans une réflexion fondamentale en ces temps de mutation et de relative désorientation. Lorsque la Fondation lança le projet de création d'une chaire en droit des religions, il en fut avec l'Abbaye Notre-Dame de Scourmont (Chimay) le principal donateur. De son vivant et en nous quittant pour d'autres rives, il n'a cessé de manifester son soutien et sa confiance à la Faculté de théologie, à ses enseignants et à ses étudiants.

Né à Bruxelles en 1909, il y fit ses études secondaires à l'Institut Saint-Louis. À l'âge de 21 ans, il obtint le titre de docteur en philosophie thomiste à l'Université catholique de Louvain, avant d'entrer au Séminaire de Malines et d'être ordonné en 1934. Son ministère pastoral débuta par cinq années de vicariat à Etterbeek. Parallèlement, il participa au Comité de rédaction de La Cité Chrétienne, une revue fondée par Jacques Leclercq et y fut responsable de la rubrique « L'Église dans le monde ». Il y signait ses articles d'un nom d'emprunt, Augustin Drufosse. À la demande de Pierre Harmel et de Jean Vieujean, il devint aumônier de la JIC en 1939 et ensuite de la JEC. Après la guerre, il fit partie des fondateurs de La Revue Nouvelle. À la même époque, l'aumônerie lui fut confiée brièvement de l'École des sous-lieutenants d'infanterie à Tervuren, avant qu'il ne devint aumônier de l'École royale militaire, puis en 1952 aumônier général de la Force publique au Congo, fonction qu'il exerça jusqu'à l'indépendance de ce pays en 1960. C'est dans ce cadre qu'il prêcha notamment une récollection à un jeune sous-officier, du nom de… Joseph Mobutu. De retour en Belgique, il reçut la charge d'y diriger les Œuvres pontificales missionnaires.

Sa vie connut un nouveau tournant en 1968, lorsqu'il accepta de devenir Délégué apostolique à Bangkok. Le 1er mai, il fut ordonné archevêque titulaire de Zuri par le Cardinal Suenens en l'église du Chant d'Oiseau à Bruxelles. Sa première mission au service de la diplomatie vaticane, il la vécut en Asie, où il fut Délégué apostolique pour la Thaïlande, le Laos, la Malaisie, Singapour et Brunei. La deuxième le vit retourner en Afrique, à Yaoundé, pour le Cameroun et le Gabon (1971-1973).

C'est à la surprise de la curie romaine que le pape Paul VI le nomma ensuite Délégué apostolique à Washington, l'un des postes diplomatiques les plus importants. Il avait reçu de Paul VI le mandat d'être aux États-Unis « le cœur de l'évêque de Rome, non pas ses oreilles, ni ses yeux » et de reconstruire les ponts entre l'Église américaine et le Saint-Siège après le traumatisme provoqué par l'encyclique Humanae Vitae. Son influence de 1973 à 1980 y fut grande. Accueilli avec précaution, il devint bientôt, aux yeux de nombreux catholiques américains, « the beloved archbishop ». L'élément le plus important fut évidemment ses recommandations pour la nomination d'une centaine d'évêques américains. Il prônait particulièrement des personnalités attentives aux fidèles, ouvertes à la formation des laïcs – un point qui le mobilisa toute sa vie. Il fit ainsi nommer des évêques plus centrés sur une pastorale créative que sur une gestion institutionnelle rigide et identitaire. Un autre élément caractéristique fut son ouverture constante à une recherche théologique rigoureuse, en particulier la théologie universitaire. Sans affectation, ni publicité, il n'hésitait pas à rencontrer des personnalités controversées ou suspectées, tels l'historien de l'Église John Tracy Ellis ou encore le moraliste Charles Curran, pour entrer en discussion, en échange avec eux. Ce représentant du Vatican donnait l'image d'une Église proche des perceptions sociales et culturelles de son temps. Trop peut-être au goût des nouvelles autorités romaines, car ceux qui lui ont succédé après son rappel à Rome en 1980 n'ont pas vraiment travaillé dans la même direction.

Le pape Jean-Paul II lui confia alors la charge de Pro-président du Secrétariat pour les religions non-chrétiennes, un département assez peu considéré par une partie de la curie à l'époque. Après avoir multiplié les contacts à travers le monde pour rendre plus vivant le dialogue avec les non-chrétiens, Mgr Jadot démissionna de cette charge en 1984 et revint passer les vingt-cinq dernières années de sa vie dans sa ville natale de Bruxelles. Discret, il n'en resta pas moins actif comme aumônier du monastère de Berlaymont ou encore dans la préparation de jeunes adultes au sacrement de confirmation.

Pour manifester sa reconnaissance envers ce grand homme d'Église, le Bureau de la Fondation Sedes Sapientiae a décidé la création d’une Bourse post-doctorale Mgr Jadot