Une équipe de l’UCL fait une découverte importante en mécanobiologie, en montrant comment le stress mécanique active l'adhésion du staphylocoque doré aux dispositifs médicaux
Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est une bactérie pathogène qui, en s'attachant fortement à la surface des dispositifs médicaux, forme des biofilms responsables de nombreuses infections nosocomiales. On sait que les bactéries adhérentes sont sujettes à de nombreux stress mécaniques, tels que l'écoulement des fluides biologiques ou les contacts cellulaires. Comment la cellule répond à ces stimuli physiques est une question encore largement incomprise en microbiologie. Dans une étude publiée dans la revue PNAS, l'équipe d'Yves Dufrêne, Directeur de recherches FNRS et investigateur WELBIO à l’Université Catholique de Louvain, vient d'élucider, en collaboration avec le Trinity College Dublin, comment le staphylocoque doré répond aux contraintes mécaniques. Les chercheurs se sont intéressés à la protéine ClfA, qui décore la surface de la bactérie, et à son interaction "clé-serrure" avec le fibrinogène, une protéine du plasma sanguin qui recouvrent rapidement les dispositifs médicaux. Au moyen du microscope à force atomique, ils ont montré que la liaison ClfA-fibrinogène est remarquablement renforcée lorsqu'elle est sujette à une tension mécanique. Ce nouveau mécanisme de mécano-sensibilité bactérienne joue un rôle biologique important en permettant au pathogène d'adhérer fortement aux biomatériaux en présence de stress physiques. L'équipe a également découvert que l'adhésion de ClfA est inhibée par un petit peptide mimant une portion du fibrinogène, ce qui laisse entrevoir une piste intéressante pour éradiquer les biofilms à staphylocoque. Cette étude, financée par l'ERC et le WELBIO, illustre le rôle de la mécanobiologie dans la formation des biofilms à staphylocoque, une question d'actualité que l'équipe discute également dans un commentaire publié dans Science.