Impression à caractères mobiles

RESPAT

Kokatsujiban

Cette technique d’impression a occupé une place marginale face à l’impression xylographique. Elle est inventée en Corée et introduite au Japon vers 1592. Elle a donné lieu à l’impression de plusieurs milliers d’ouvrage entre la fin du 16ème siècle et le milieu du 17ème siècle. À cette époque la production des livres se dégage des temples bouddhistes qui avaient exercé un quasi-monopole sur la production écrite depuis le 8ème siècle. Les coûts de fabrication de l’impression xylographique sont si élevées que seule l’autorité religieuse pouvait l’assumer. C’est d’abord à Kyoto puis ensuite en province que se développe l’impression à caractères mobiles dès le début du 17ème siècle. C’est également à cette période que débute la publication d’œuvres classiques japonaises et littérature populaire de l’époque. Les livres étant de plus en plus demandés, l’imprimerie se développe et les métiers du livre émergent. C’est à cette époque que commencent à apparaitre progressivement dans les livres les noms des imprimeurs et des éditeurs.

On distingue 3 niveaux de production de ces impressions :

  • Les impressions impériales : Les premiers essais d’impression à caractères mobiles se font sous l’impulsion d’une douzaine d’aristocrates de la cour. Le matériel utilisé est venu de Corée comme butin de guerre lors de la campagne de Corée de 1592 et 1593 et fut offert à l’empereur Goyorei en 1593. En 1597, l’Empereur ordonne la fabrication de caractères mobiles en bois et fait imprimer environ 10 ouvrages prestigieux parmi les œuvres japonaises et quelques classiques chinois.
  • Les impressions des temples bouddhistes : la nouvelle technique est tout de suite adoptée par les temples de Kyoto. Les plus actifs sont les temples Nichiren et Yohoji ainsi que le temple Enryakuji qui imprimera une dizaine d’ouvrages en 30 ans.

Les publications se réalisent également en province (Nara, Kii, Shimousa)

  • Les impressions privées : Elles sont le fait de riches bourgeois qui s’engagent dans l’édition. C’est d’ailleurs l’un d’eux, Sumikura Soan, qui publiera pour la première fois une œuvre littéraire japonaise en langue nationale, L’Ise monogatari, en 1608.

La Chine a créé des caractères en bois puis en métal. Les japonais substituaient la plupart du temps le bois au métal du fait de la difficulté technique que représentait la fonte du cuivre, la rareté de ce matériau dans le pays et le fait que le Japon possédait un bois de très bonne qualité pour les réaliser. Même si l’impression à caractères mobiles n’a pas réussi à s’imposer durablement et à supplanter l’impression xylographique, elle a grandement favorisé le développement de la littérature en langue nationale durant la période d’Edo (1600-1868). Mais la démocratisation du livre qu’elle suscita causa également son abandon comme technique d’imprimerie. L’avantage des caractères mobiles est qu’ils permettaient de composer plus rapidement un nombre varié d’ouvrages mais les tirages sont généralement restreints (pas plus de 100 exemplaires). Or face à l’augmentation de la demande d’ouvrages par une clientèle élargie, le choix est fait de revenir à l’impression xylographique. Même si le coût de départ est plus élevé, il est largement amorti par un nombre plus élevé de tirage étant donné que les planches peuvent être réutilisées pour les réimpressions.