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L’art de l’estampe - ukiyo-e -

A l’origine, le terme ukiyo-e, fait référence à l’aspect éphémère de la vie. Il signifie monde triste, flottant, où rien n’est constant.
Pendant la période Édo (1600-1868), sa signification évolue vers une vision hédoniste de la vie. L’écrivain Asai Ryôi (1612-1691) l’utilise pour la première fois dans ce sens dans la préface du Ukiyo monogatari (Dit du monde flottant) en 1661 : « Vivre seulement pour l’instant, contempler la lune, la neige, les cerisiers en fleurs et les feuilles des érables rougeoyants, aimer le vin, les femmes et les chansons, ne pas se soucier de la pauvreté, se laisser porter par le courant de la vie comme la gourde flotte au fil de l’eau, c’est cela que j’appelle ukiyo ».
Ensuite à l’expression ukiyo, on ajouta le mot e qui signifie dessin, peinture.
L’époque Édo est caractérisée par une effervescence artistique et culturelle. La société évolue, et le rapport à l’art aussi. C’est dans ce contexte que le mouvement ukiyo-e se développe. Les thèmes de ce nouvel art sont nouveaux et correspondent aux centres d'intérêt de la bourgeoisie urbaine : les jolies femmes et les courtisanes célèbres, les scènes érotiques, le théâtre et les lutteurs de sumo, les créatures fantastiques et la nature.
Ce sont d’abord les théâtres d’Edo, cherchant un moyen bon marché de fixer leur art du divertissement en image, qui fournissent les premiers thèmes des estampes.
Le premier mouvement ukiyo-e, fondé notamment par Hishikawa Moronobu (1618-1694) et ensuite développé par l’école Torii, s’attache à représenter les scènes flamboyantes et les acteurs du théâtre kabuki. Katsushika Hokusai (1760-1858) et Utagawe Hiroshige (1797-1858), deux des plus grands maitres de l’estampe, lanceront une nouvelle tendance qui renoue avec la nature et la philosophie shintoïste. Ils contemplent la beauté et la grande variété des paysages, observent leurs contemporains et vont retranscrire dans leur art la force destructrice de la nature mais également la sérénité qu’elle peut inspirer.

L’estampe est un œuvre collective. L’éditeur commande et coordonne le travail. L’artiste réalise le dessin à l’encre de chine sur un papier presque transparent. Le graveur applique la feuille sur une planche de bois, y passe ensuite une large brosse, découpe la planche à l’aide d’un couteau et d’un maillet, laissant ainsi les contours du dessein apparaître en relief. L’imprimeur procède ensuite au tirage. Les premières estampes étaient monochromes et ne nécessitaient qu’une seule planche de bois. Pour les estampes polychromes, qui apparaissent vers 1760, l’artisan doit graver une planche par couleur.