Mieux accompagner les politiques publiques européenne en matière de développement urbain, voilà l’objectif du projet de recherche Metrolab. À la clé ? Des améliorations environnementales, sociales et économiques pour Bruxelles.
Le projet Metrolab s’inscrit dans un vaste projet européen de politiques publiques visant à favoriser le développement des régions de l’Union Européenne, parmi lesquelles la Région de Bruxelles-Capitale. Ce programme, baptisé FEDER, soutient une quarantaine de projets aux thématiques variées et articulées autour de trois grands axes du développement durable :
- une ville offrant une meilleure inclusion sociale (inclusive city),
- une ville plus verte et respectueuse de l’environnement (green city),
- une ville intelligente, ouverte aux technologies (smart city)
En tout, ce sont plus de 200 millions d’euros qui sont investis. Et c’est précisément pour renforcer les effets urbains de cet investissement que Metrolab a vu le jour. « Notre projet fait partie de ces 46 projets et consiste à mettre la recherche universitaire au service des autres projets afin de les renforcer et de les améliorer. C’est une première à Bruxelles en matière d’accompagnement d’une politique publique par les universités », explique Mathieu Berger, coordinateur général du Metrolab.
Les projets soutenus par le FEDER et encadrés par Metrolab sont très divers : cela va du réaménagement d’un pôle alimentaire à Anderlecht à la rénovation et la reconversion d’une abbaye médiévale en centre culturel à Forest en passant par l’ouverture d’un dispensaire de soins pour les plus démunis à Cureghem ou le développement d’un centre de sports et loisirs à l’hippodrome de Boitsfort et bien d’autres encore.
La force de l’interdisciplinarité
L’équipe de Metrolab – qui est aussi l’un des projets de Louvain4City, une structure où se retrouvent des chercheurs préoccupés par les questions liées aux villes et métropoles et au vivre ensemble - compte 24 chercheurs issus de l’Université Catholique de Louvain et de l’Université Libre de Bruxelles.
« Outre son caractère interuniversitaire, le projet est également multidisciplinaire. Quatre des principales disciplines de recherche impliquées dans le développement d’une ville sont présents : la sociologie, l’architecture, l’urbanisme et la géographie. De cette manière nous sommes à même de nous pencher sur la plupart des projets urbains et d’avoir une réflexion globale afin d’augmenter les chances qu’ils aboutissent à des applications pertinentes sur le terrain. » Disposant d’une indépendance vis-à-vis des projets urbains financés par le FEDER, les chercheurs du Metrolab ont l’avantage d’avoir le recul nécessaire pour cerner leurs potentiels et leurs limites.
Des « MasterClasses » internationales
Dans cette optique, Metrolab organise notamment des MasterClasses autour de chacun des trois grands axes. « Il s’agit d’une expérimentation scientifique et pédagogique au cours de laquelle quatre projets sont passés au crible. Notre première MasterClass qui s’est déroulée en janvier dernier s’est intéressée à des projets ayant traits à l’inclusion sociale : la rénovation des abattoirs d’Anderlecht, la transformation de l’hippodrome de Boitsfort en un espace récréatif, le développement d’un espace culturel dans l’Abbaye de Forest et l’ouverture d’un dispensaire de soins par Médecins du Monde. Le défi était de formuler des propositions pour améliorer l’inclusivité de ces projets, faire qu’ils soient accessibles à un public le plus large possible. Ainsi, comment penser l’accessibilité d’un marché de quartier populaire à Anderlecht pour un public plus doté, sans en perdre l’identité ? Inversement, comment rendre les espaces de loisir de l’hippodrome de Boitsfort – une commune riche de Bruxelles – accessibles à la population bruxelloise dans son ensemble, et donc notamment aux familles modestes ? »
Pendant deux semaines, des chercheurs et étudiants issus d’universités européennes et nord-américaines ont travaillé sur ces questions afin de proposer aux porteurs des projets des améliorations pertinentes et concrètes. « Et cela fonctionne ! Lors de la présentation de nos résultats, le propriétaire des abattoirs d’Anderlecht nous a confié envisager de revoir son projet suite à nos suggestions », poursuit Mathieu Berger. Deux autres MasterClasses sont d’ores et déjà prévues, autour cette fois des questions environnementales et économiques.
De recherches de terrain
Parallèlement à ces évènements internationaux, les chercheurs affiliés au Metrolab travaillent toute l’année sur le terrain auprès des porteurs de projets. Pas question en effet, de les analyser depuis leur bureau. « Je pense qu’il est essentiel de décloisonner recherche théorique et expérimentations pratiques. Le désintérêt réciproque entre théoriciens et praticiens nuit gravement aux sciences humaines et sociales. Au Metrolab, nous militons pour ces rapprochements », conclut le chercheur.
Elise Dubuisson
Coup d'oeil sur la bio de Mathieu Berger
2002 Licence en sociologie (UCL)
2008/2009 Séjour de recherche à UCLA – University of California Los Angeles
2009 Doctorat en Sciences sociales et politiques (ULB)
2011 Devient Professeur de sociologie à l’UCL
2012/2013 Chercheur invité à la New School for Social Research à NYC.
2015 Fonde le Metrolab Brussels.