Le laboratoire de mycologie de l’UCL est leader mondial dans la culture in vitro d’un champignon très utile en agriculture et pour la recherche. Chaque année, l’équipe du Pr Declerck partage son savoir-faire avec des gens venus du monde entier.
Truffe, bolet et autre chanterelle font partie des champignons mycorhiziens, l’un des 3 grands groupes de champignons étudiés à la mycothèque de l’Université catholique de Louvain (1). Les champignons mycorhiziens à arbuscules en font partie aussi. Ces champignons, invisibles à l’œil nu, s’associent aux racines de 80 % des végétaux. « Le champignon mycorhizien à arbuscules n’est pas un parasite, au contraire ! » explique le Pr Stéphane Declerck, responsable du laboratoire de mycologie et de la mycothèque (2) de l’UCL. « Il vit en symbiose avec la plante à laquelle il s’associe et l’aide à se défendre contre les agressions : maladies, polluants, etc. Certaines plantes, comme la plupart des orchidées, ne peuvent pas vivre ni se développer sans la symbiose mycorhizienne. »
Un petit champignon hyper utile !
Le champignon mycorhizien à arbuscules est très utile dans l’agriculture et l’horticulture, notamment bio. En effet, il protège et améliore naturellement la croissance des plantes. Ce qui permet une utilisation raisonnée des pesticides et fertilisants. L’industrie agroalimentaire n’est pas le seul secteur à s’y intéresser. « En recherche fondamentale (génétique, biologie cellulaire, etc.), on étudie les champignons mycorhiziens à arbuscules, notamment pour comprendre comment champignon et plante dialoguent », explique le Pr Declerck. « En effet, voilà au moins 450 millions d’années que cette symbiose existe. C’est grâce à ces champignons que les plantes sont passées du milieu marin au milieu terrestre. » Les scientifiques s’y intéressent donc de près.
Une culture stérile
Dans la nature, les champignons mycorhiziens à arbuscules se développent en association avec les racines. Problème : ils peuvent être contaminés par tous les autres microorganismes ambiants : bactéries, champignons, etc.
Fin des années 90, le laboratoire de mycologie de l’UCL, en association avec d’autres institutions internationales, a donc développé une technique de culture in vitro, unique au monde. Le Pr Declerck explique : « D’abord, nous isolons une spore du champignon mycorhizien à arbuscule et nous la désinfectons. Ensuite, nous la posons au voisinage d’une racine, sur un milieu gélifié et stérilisé (à 121 °C), dans une boîte de Pétri qui contient tous les minéraux nécessaires à leur croissance. Au bout de quelques semaines, le champignon colonise la racine et se développe en conditions aseptiques, c’est-à-dire en dehors de toute contamination indésirable. »
Au final, cette méthode de culture in vitro permet d’utiliser, d’observer, d’étudier ou encore d’analyser de façon fiable des champignons mycorhiziens à arbuscules « propres », non contaminés par les microorganismes de l’environnement.
Une formation internationale
Cette technique de culture in vitro intéresse beaucoup de monde : entreprises, universités, scientifiques, ingénieurs, etc. Face à la demande, le laboratoire de mycologie de l’UCL a donc mis en place une formation au début des années 2000. Une ou deux fois par an, un groupe de maximum 12 participants vient apprendre comment cultiver les champignons mycorhiziens à arbuscules in vitro : désinfection des spores, techniques d’inoculation, d’association, etc. Des sessions optionnelles supplémentaires sont proposées pour ceux qui désirent aller plus loin dans l’étude de ces champignons. Un livre a d’ailleurs été publié sur le sujet (3).
« Pour nous, le premier avantage de cette formation est qu’elle nous permet de nous organiser en amont, car elle mobilise tout le personnel du laboratoire de mycologie pendant une semaine », explique le Pr Declerck. « Quant à l’argent récolté (4), il nous permet d’acquérir du matériel ou de financer certains projets. Bref, tout le monde y gagne ! »
Candice Leblanc
(1) Les 2 autres groupes sont les champignons filamenteux (exemple : les moisissures, les champignons décomposeurs du bois) et les levures. (2) La mycothèque de l’UCL abrite 30 000 souches de champignons. C’est l’une des plus grandes collections fongiques au monde ! (3) Declerck S., Strullu D.G and Fortin J.A., « In vitro culture of mycorrhizas », Heidelberg, Springer-Verlag, 2005, 386 p. (4) Le prix de la formation varie de 1500 € pour les universitaires à 3000 € pour les entreprises privées. Il comprend les 5 jours de formation, les lunchs, la documentation et une activité socioculturelle.
Coup d'oeil sur la bio de Stéphane Declerck