Communiqué de presse - Recherche UCL
Kristof Van Oost, chercheur au Earth and Life Institute de l’UCL, et son équipe, viennent de faire une avancée majeure dans la recherche sur le cycle du carbone. Leur découverte ? Le fait que les émissions de dioxyde carbone, relâchées dans l’atmosphère lors d’une déforestation, sont ensuite stockées, en partie, lentement dans le sol, via la sédimentation. L’importance de ce constat ? L’impact de la déforestation a peut-être été surestimé : il devrait être contrebalancé par l’impact humain. Cette étude est publiée dans la revue Nature Climate Change.
Lorsque l’on coupe une forêt, le carbone contenu dans la biomasse et les sols est alors immédiatement relâché dans l’atmosphère sous forme de CO2. Or, il s’agit d’un gaz à effet de serre qui participe activement au réchauffement climatique. C’est dire s’il est important de bien comprendre ce processus. « Depuis les débuts de l’agriculture, beaucoup de forêts ont été coupées et de grandes quantités de carbone ont été relâchées dans l’atmosphère. Toutefois, il restait difficile de quantifier précisément ce phénomène », explique Kristof Van Oost.
Une approche originale
Pour tenter d’y voir plus clair, le chercheur de l’UCL et son collègue Zhengang Wang ne se sont pas intéressés à la déforestation en elle-même mais à l’érosion qui lui fait suite. « Lorsque l’on coupe tous les arbres d’une parcelle de terre, celle-ci est alors soumise à une forte érosion, un processus qui dure plusieurs années et qui aboutit à la formation de sédiments qui se retrouvent dans les lacs, les océans, les plaines alluviales, etc. Nous avons voulu étudier l’impact de cette sédimentation sur le cycle du carbone. » Pour ce faire, ils ont réalisé une étude de grande ampleur à l’aide de carottes sédimentaires prélevées et étudiées à travers le monde dans des zones aux climats différents pour la période de l’Holocène.
Du carbone piégé dans les sédiments
Cette approche leur a permis d’étudier des milliers de profils de sol sur une période de 8000 ans et de faire une découverte étonnante : « le carbone émis rapidement dans l’atmosphère suite à la déforestation n’y restait pas indéfiniment. 30 à 40% de ce carbone est réabsorbé à nouveau dans les sols puis stocké dans des sédiments. Au phénomène rapide d’émission de carbone lié à la déforestation, fait donc suite un processus plus lent de réabsorption de ce même carbone par les sédiments suite à l’érosion. C’est très intéressant comme découverte, elle montre que nous avons surestimé l’impact de la déforestation ».
Outre cet impact sur la connaissance du cycle du carbone, cette étude permet de réconcilier deux théories concernant l’impact de la déforestation sur la quantité de carbone dans l’atmosphère pendant l'Holocène.
Jusqu’à présent deux écoles se sont développées : la première indique que cet impact est très important depuis le début de l’Holocène puisqu’elle coïncide avec les débuts de l’agriculture. Quant à la seconde, elle s’appuie sur la faible quantité de traces d’isotopiques de carbone lié à cette période dans les carottes glaciaires pour indiquer que l’impact de la déforestation était lui aussi faible et qu’il ne prend de l’ampleur qu’à partir de la révolution industrielle. « Or nos travaux montrent que ces traces ne représentent qu’une partie de la quantité de carbone émise par la déforestation. L’impact humain est important tant au début de l’holocène qu’à partir de la révolution industrielle », conclut Kristof Van Oost.
Qui ? Kristof Van Oost, professeur au Earth and Life Institute de l’UCL: 010 47 28 66 (gsm sur demande) |